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Le monde a célébré, dimanche 12 juin, la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants sous le thème « La protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants ». À cette occasion, le Haut-Commissariat au plan (HCP) a publié une note d’information où il dévoile les chiffres clés de ce phénomène au Maroc.
Notons que pour l’Organisation internationale du travail (OIT), le terme « travail des enfants » est un travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et qui nuit à leur développement physique et mental.
Il s’agit d’un travail qui est mentalement, physiquement, socialement ou moralement dangereux et nocif pour les enfants. C’est un travail qui interfère avec leur scolarité en les privant de la possibilité d’aller à l’école.
De plus, cette activité les contraint à quitter l’école prématurément, ou les oblige à essayer de combiner la fréquentation scolaire avec un travail excessivement long et lourd, souligne l’OIT.
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148.000 enfants exerçant une activité économique au Maroc
«En 2021, parmi 7.493.000 enfants de 7 à 17 ans, le Maroc compte 148.000 enfants qui exercent une activité économique, ce qui représente 2% de cette catégorie de population», indique le HCP.
Ces mineurs sont 3,8% originaires de milieux ruraux (119.000 enfants) et 0,7% de milieux urbains (29.000 enfants). Par rapport à 2019, le nombre d’enfants qui travaille a baissé de 26%.
Selon le HCP, cette baisse a concerné 80,4% d’enfants ruraux, 79,5% de garçons et 87,5% âgés de 15 à 17 ans. En outre, 12,1% parmi eux sont scolarisés, 85,7% ont quitté l’école et 2,2% ne l’ont jamais fréquentée.
Près de 65% des enfants qui travaillent bénéficient d’une couverture médicale alors que cette proportion s’élève à 75% pour l’ensemble des enfants de 7 à 17 ans, fait observer la même source.
Principaux secteurs employeurs d’enfants
La note du HCP indique que le phénomène des enfants travailleurs reste concentré dans certains secteurs économiques et diffère selon le milieu de résidence.
Ainsi, en milieu rural, ils sont 82,2% à travailler dans l’ »agriculture, forêt et pêche ». En zones urbaines, les « services », avec 58,4%, et l’ »industrie », avec 24,7%, sont les principaux secteurs employeurs d’enfants.
Il est à noter que près de trois quarts des mineurs-travailleurs en milieu rural sont des aides familiales. En milieu urbain, 45,2% des enfants au travail sont des salariés, 27,5% des apprentis et 20,5% des aides familiales.
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Six enfants sur dix exercent un travail dangereux
Près de six enfants sur dix (59,4%) accomplissent des travaux dangereux (88.000 enfants), ce qui représente 1,2% des enfants de cette tranche d’âge, alerte le HCP.
L’institution entend par travail dangereux tout travail qui, par sa nature ou par les conditions dans lesquelles il est exercé, est susceptible de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant. Il désigne aussi tout travail exercé pendant une durée excessive relativement à l’âge de l’enfant, ainsi que tout travail dont l’horaire est partiellement ou entièrement de nuit.
Et d’ajouter que parmi les enfants exerçant des formes de travail dangereux, 73,7% sont ruraux, 88,6% de sexe masculin et 81,9% âgés de 15 à 17 ans.
Par secteur, les enfants exerçant dans l’industrie restent les plus exposés aux dangers, avec une part de 90,2%. Cette proportion est de 73,3% dans le secteur des services, de 71,2% dans les BTP et de 51,1% dans l’agriculture, forêt et pêche.
109.000 ménages concernés par le phénomène du travail des enfants
Le HCP précise que le phénomène des enfants au travail a concerné 109.000 ménages, ou environ 1,3% des ménages marocains. Ceux-ci sont concentrés dans les zones rurales (82.000 contre 27.000 dans les villes) et près de 9,5% d’entre eux sont dirigés par des femmes.
Et de souligner que ce sont les familles nombreuses qui restent les plus concernées par le phénomène des enfants au travail. La proportion des ménages ayant au moins un enfant au travail est de 0,5% pour les ménages de trois personnes. Elle augmente progressivement avec la taille de la famille pour atteindre 3,5% parmi les ménages de six personnes ou plus.
Le niveau d’instruction du chef de ménage, un facteur derrière ce fléau
Le niveau d’instruction du chef de ménage est un facteur à l’origine du phénomène du travail des enfants. La proportion des ménages dont au moins un enfant est au travail est de 2% parmi les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction. Cependant, cette proportion reste insignifiante chez ceux dont le niveau d’instruction est supérieur.
Par ailleurs, le HCP indique que plus on avance dans l’échelle sociale plus l’effectif des enfants au travail diminue. Ainsi, 50,4% des enfants au travail sont issus de ménages dirigés par des exploitants agricoles, 21,3% par de cadres moyens, d’employés, de commerçants, de conducteurs d’installations ou d’artisans, et 11,4% proviennent des ménages dirigés par des personnes inactives. Le phénomène demeure quasi-inexistant au sein des ménages dirigés par des cadres supérieurs.
Adhésion du Maroc à la lutte contre le travail des enfants
S’agissant des avancées sur les plans juridique et institutionnel, le Maroc a adhéré à une dizaine de conventions et protocoles internationaux afférents à la protection de l’enfance en général et à l’élimination du travail des enfants en particulier.
À ce sujet, Salima Admi, directrice du Travail au ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des compétences, avait précisé, en novembre 2021 : «En plus de la Charte des droits humains et des conventions 138 et 182 de l’OIT, le Maroc a ratifié le Protocole facultatif concernant la vente et la prostitution des enfants, le Protocole concernant l’implication des enfants dans les conflits armés et les conventions du Conseil de l’Europe relatives à l’exercice des droits des enfants».
«La Constitution de 2011 a renforcé le corpus normatif des droits humains, dans le sens où elle réaffirme aussi l’engagement de l’État à assurer une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale», a rappelé la responsable. La consolidation de la scolarisation obligatoire de tous les enfants des deux sexes, âgés de 6 à 15 ans, a également accompagné cette évolution.
Quid des sanctions pénales de l’exploitation des enfants ?
«La prévention et la répression pénale de l’exploitation des enfants ont été renforcées dans le Code pénal, sans oublier la nouvelle loi sur la traite et celle relative aux conditions d’emploi des travailleurs domestiques, qui fixe l’âge d’admission au travail à 18 ans», a fait observer la directrice du Travail.
Pour rappel, depuis le 2 octobre 2018, le travail des mineurs de 16 à 18 ans est toléré pendant une période transitoire de cinq ans. Une fois ce délai est passé, le travail sera interdit. Le non-respect de cette disposition est passible d’une amende de 25.000 à 30.000 DH. L’employeur verra l’amende doublée s’il récidive et pourra ainsi écoper d’une peine d’emprisonnement de 1 à 3 mois.
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