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Sécurité hydrique : quid des eaux souterraines ?

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Le Maroc a soif. Avec un taux de remplissage des barrages ne dépassant guère les 31,2%, le pays doit satisfaire les besoins en eau de la population et fournir l’eau nécessaire à des secteurs clés de son économie. Hormis le dessalement de l’eau de mer, les autorités recourent à l’exploitation des eaux souterraines, seule source d’eau douce, dans plusieurs zones du Royaume.

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Notre pays n’est pas le seul à souffrir du manque d’eau. Nos voisins du nord et de l’est sont également confrontés aux pires sécheresses depuis un demi-siècle. Partout dans le monde, l’or bleu se fait de plus en plus rare. En Irak, pays des légendaires fleuves Dijlah et Al Fourat, les marais mésopotamiens dans le sud se sont asséchés. «Seules quelques étendues d’eau subsistent, reliées entre elles par des couloirs qui serpentent à travers les roseaux. En se retirant, l’eau a laissé place à une terre chauve qui ressemble à une peau parcheminée parcourue de ridules», décrit sur place un journaliste de l’AFP.

Plus loin encore, les autorités uruguayennes dérivent sur plus de 13 km de canalisations une rivière pour remplir l’unique réservoir d’alimentation de la capitale, quasiment à sec, qui menace de priver Montevideo d’eau potable.

La stratégie du Maroc pour la sécurité hydrique

Une course contre la soif que le Royaume a entamée il y a quelques mois avec le projet de transfert des eaux du bassin hydraulique de Sebou vers celui de Bouregreg. Les travaux de la tranche urgente du projet d’interconnexion des deux bassins, avec un débit de 15 m³/s, sont en cours de réalisation. Rabat devrait en profiter avant la fin de l’été et Casablanca recevra les premiers litres d’eau quelques semaines plus tard.

18 nouveaux barrages sont également en cours de construction permettront de porter la capacité de stockage des ressources en eau à plus de 27 milliards de mètres cubes. L’État veut aussi mobiliser des ressources en eau non conventionnelles à travers des projets de dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées. Le gouvernement a déjà conclu un deal avec le groupe OCP pour l’alimentation en eau potable des villes de Safi et d’El Jadida via ses installations de dessalement d’eau de mer. Mais, au regard des énormes besoins en eau, ces projets ne peuvent résoudre le problème. Le Maroc devra continuer à puiser dans ses réserves d’eau souterraine. C’est vital, mais à consommer avec modération !

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Haro sur la surexploitation des eaux souterraines au Maroc

Il y a quelques jours, une assemblée de responsables et d’experts marocains et étrangers s’est réunie à Fès pour discuter des enjeux et des perspectives de gestion des ressources en eaux souterraines, dans le cadre d’un atelier organisé lors du troisième Colloque international sur l’eau et le climat. Lors de ce conclave, des données intéressantes ont été partagées sur l’utilisation des ressources en eaux souterraines au Maroc. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a surexploitation de ces eaux. La recharge des nappes phréatiques est insuffisante au vu du volume des eaux extraites chaque année. Les ressources renouvelables du pays atteignent environ 4 millions de mètres cubes par an tandis que le taux d’extraction est d’environ 5,11 millions de mètres cubes par an. C’est un différentiel d’environ 1,1 million de mètres cubes, soit 22% du volume total extrait et 28% du volume renouvelable. L’irrigation consomme environ 4 milliards de mètres cubes, soit plus de 84 % du volume total d’extraction d’eaux souterraines.

Le Sahara, un grand réservoir d’eau peu exploité

Le Sahara, caractérisé par son aridité extrême, cache dans son sous-sol un système aquifère qui renferme des centaines de kilomètres cubes d’eau, accumulée au cours des périodes humides qui se sont succédé depuis 1 million d’années. Afin de puiser dans les réserves d’eau souterraines de l’aquifère saharien, des investissements colossaux doivent être engagés. Puisqu’il ne s’agit pas seulement d’extraire l’eau située à des centaines, voire des milliers de mètres en profondeur. Il faut aussi pouvoir l’acheminer via un réseau de canalisations souterraines sur une distance de 400 à 800 kilomètres vers les autres régions du Maroc. À l’image de la Grande rivière artificielle construite entre 1990 et 2010 en Libye. Ce projet titanesque permet au pays de puiser quotidiennement environ 6 millions de mètres cubes d’eau des réserves fossiles pour répondre à ses besoins en eau.

Pour une utilisation responsable des eaux souterraines

Une nouvelle initiative vise à promouvoir l’utilisation responsable des eaux souterraines en Afrique subsaharienne afin de relever les défis liés au changement climatique et à la pauvreté. La mise en place de pompes solaires avec des garanties adéquates permettrait d’augmenter l’irrigation à l’aide des eaux souterraines dans les régions d’Afrique subsaharienne, réduisant ainsi la pauvreté et protégeant les communautés locales contre les chocs climatiques. Cependant, l’épuisement et la dégradation de la qualité des eaux souterraines, ainsi que la concurrence croissante pour cette ressource, menacent sa durabilité, ce qui rend les communautés plus vulnérables aux chocs climatiques. Présent au colloque de Fès, le ministre sénégalais de la Protection et de la Gestion des inondations, Ismaïla Diop, a souligné l’importance capitale des ressources en eaux souterraines pour l’avenir du continent. Il a précisé qu’en Afrique, les eaux souterraines sont souvent la principale source, voire la seule source d’eau potable pour plus de 75% de la population et plus de 95% des ressources en eau douce. Selon lui, l’exploitation excessive de ces ressources peut entraîner des conséquences graves, telles que l’infiltration d’eau salée dans les zones côtières, des problèmes liés à la qualité de l’eau et à la sécheresse des cours d’eau, avec des répercussions sur les écosystèmes.

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Une véritable police d’assurance selon la Banque mondiale

Un rapport récemment publié par le Groupe de la Banque mondiale met en lumière l’importance des eaux souterraines pour l’avenir de l’humanité. Selon le rapport, ces eaux sont considérées comme une « assurance naturelle » et jouent un rôle crucial dans la protection de la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et la promotion d’une croissance économique résiliente.

Le rapport souligne également que les eaux souterraines revêtent une importance capitale pour l’activité économique, la croissance, la sécurité alimentaire, ainsi que le développement social et économique, et qu’elles sont essentielles pour s’adapter aux conséquences du changement climatique. Malheureusement, la durabilité de cette ressource vitale est menacée dans de nombreuses régions. Il est donc impératif que les décideurs agissent de manière urgente et immédiate pour garantir une gestion responsable des eaux souterraines à travers différents secteurs qui en dépendent.

Le rapport met en évidence le rôle essentiel des eaux souterraines en tant que ressource en eau douce précieuse, particulièrement en période de sécheresse. Il insiste sur la nécessité de sensibiliser et de prendre conscience de l’importance de cette ressource, compte tenu du manque d’études approfondies sur son importance économique et de sa gestion rationnelle.

Conséquences sur l’axe de rotation de la Terre

Une étude scientifique récente a révélé qu’un changement dans la masse terrestre, entraînant une élévation du niveau de la mer en raison de l’épuisement des eaux souterraines, pourrait provoquer une déviation de l’axe de rotation de la Terre d’environ un mètre sur une période de deux décennies. Cette étude, publiée récemment dans la revue scientifique « AGU », met en garde contre les conséquences de cette déviation, qui pourraient affecter les sciences de la Terre et de l’espace. La déviation de l’axe de rotation de la Terre d’environ un mètre sur deux décennies peut entraîner une modification rapide du pôle Nord géographique, selon les chercheurs. Alegria Legrandi, climatologue à l’Institut Goddard d’études spatiales de New York, a déclaré que cette recherche mettait en évidence l’ampleur de l’extraction des eaux souterraines dans le monde entier, selon une mesure cruciale sur laquelle on peut compter. Elle a ajouté que la perspective d’un autre impact mondial négatif des activités humaines sur l’avenir du monde la remplissait de tristesse et d’effroi.

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Une carte représentant les eaux souterraines en Afrique © DR

Notre eau à tous !

Le ministère de l’Équipement et de l’Eau a lancé cette semaine www.MaaDialna.ma, la première plateforme d’information sur l’eau au Maroc à destination des citoyens. MaaDialna.ma est une plateforme multimédia qui vise à informer, collaborer et permettre la participation des citoyens sur la question de l’eau. Elle présente les actions entreprises par les secteurs public et privé pour assurer l’approvisionnement en eau de la population. Selon un communiqué du ministère, elle renforce également le droit à l’information des citoyens. Lors de la présentation de cette plateforme, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a déclaré que MaaDialna.ma mettra en évidence l’engagement collectif de tous les acteurs de l’eau au Maroc… Il a également souligné l’importance de communiquer sur les actions publiques et privées, nationales, régionales et locales, qui contribuent à une gestion proactive de la situation hydrique du pays, afin de sensibiliser les citoyens aux efforts déployés par l’ensemble de la société pour relever ce défi majeur.

Il est primordial de reconnaître l’importance des eaux souterraines en tant que ressource naturelle précieuse, de les gérer de manière responsable et de les exploiter de manière rationnelle. Une action concertée est donc nécessaire pour préserver cette ressource vitale et garantir un avenir durable pour les générations futures. La réglementation du creusement des puits et de leur exploitation est un premier pas réalisé il y a quelques années au Maroc. Mais aujourd’hui, il est plus que nécessaire d’activer la police de l’eau pour contrôler et verbaliser quand il le faut. Il en va de l’avenir des générations futures.

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