L’image des liasses de billets étalées sur une table a provoqué une onde de choc en Europe. Il ne s’agit pas de la saisie de l’argent d’un cartel quelconque, mais du butin de présumés pots-de-vin touchés par des parlementaires européens au profit du Qatar. Au total, un million et demi d’euros en cash ont été retrouvés chez un ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri et chez la vice-présidente grecque Eva Kaili. L’eurodéputée a été prise en flagrant délit de possession d’une grosse somme liquide et suspendue sur le champ de son mandat.
Elle reste en détention jusqu’à sa comparution. L’affaire est grave. Le Qatar aurait acheté l’influence de membres du Parlement pour améliorer son image en Europe. L’enquête lancée en Belgique depuis plusieurs mois accélère maintenant ses investigations afin que les preuves ne soient pas effacées. Il est à craindre que les personnes impliquées soient plus nombreuses. Le Parlement est, lui, sous le choc.
On se repasse à Bruxelles le film de votes de résolutions critiques envers le Qatar où certains, dont Eva Kaili, ont pu se montrer particulièrement motivés à défendre l’émirat. Le Qatar dément avec force toute implication, de même qu’Eva Kaili par la voix de son avocat. À l’Est, le scandale fait jubiler le président hongrois Viktor Orbán, qui l’a fait savoir sur Twitter.
L’affaire tombe mal alors que l’Europe s’efforce de défendre ses fondements démocratiques et anticorruptions dans des vents géopolitiques contraires. L’UE réfléchit déjà à renforcer ses règles de transparence et aux moyens de barrer la route à de telles dérives.