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Presse : la représentativité en ballotage

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Le Conseil du gouvernement a approuvé le projet de loi n°15.23. Ce texte vise à créer une Commission provisoire pour gérer les affaires du secteur de la presse et de l’édition suite à la fin de la période de prolongation du mandat du Conseil national de la presse (CNP) qui n’a pas pu organiser de nouvelles élections. Salué par certains, décriés par d’autres, ce projet de loi controversé va atterrir au Parlement. Le débat s’annonce houleux…

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Lors du Conseil hebdomadaire du gouvernement, le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a présenté un projet de loi pour la création d’une Commission provisoire chargée de gérer les affaires du secteur de la presse et de l’édition. L’objectif de la mise en place de ladite commission est de résoudre les problèmes posés dans ce secteur, en adoptant une nouvelle vision.

À l’issue de la réunion de l’exécutif, le ministre s’est présenté devant les journalistes lors de l’habituel point de presse organisé par le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas. Bensaid a expliqué devant le parterre de professionnels des médias que le texte de loi régissant le Conseil national de la presse (CNP) comporte de nombreuses problématiques, notamment en ce qui concerne l’organisation des élections. Selon lui, l’article 54 de cette loi ne précise pas quelle instance doit superviser les élections du CNP.

Le gouvernement considère donc que le texte de loi actuel est incomplet et doit être révisé pour répondre à un concept constitutionnel qui transcende les personnes. Et au ministre d’affirmer que la Commission provisoire sera composée d’experts dans le domaine des médias qui travailleront en étroite collaboration avec les professionnels du secteur pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés. La durée du mandat de la commission provisoire est de deux ans mais elle aura neuf mois au maximum pour élaborer son projet. Le temps restant sera consacré à la procédure législative.

L’accord social mis en avant

Le ministre n’a pas manqué d’annoncer que son département a approuvé l’accord social conclu entre le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME). Et d’ajouter que le gouvernement est bien disposé à soutenir les entreprises de presse, qui sont appelées à consentir un effort supplémentaire en faveur des journalistes. À cet égard, le ministre a révélé que la précédente loi de finances avait alloué une subvention de 6 millions de DH (MDH) pour soutenir le secteur de la presse. Bensaid a assuré que le gouvernement est prêt à augmenter ce montant à une fourchette comprise entre 150 et 200 MDH, conformément à de nouveaux concepts d’investissement dans les entreprises de presse sur les plans national et international, ainsi qu’à la revalorisation des salaires des journalistes.

Enfin, le ministre a plaidé pour une presse multilingue, ouverte sur le monde, qui défend les causes nationales tout en critiquant le gouvernement et en présentant une image fidèle des développements que connaît le Royaume sur les plans régional et international. Ce n’est pas pour rien que le ministre a précisé que le gouvernement accepte une presse critique. Ses détracteurs n’ont pas manqué de relever que les subventions gouvernementales accordées aux médias sont un moyen d’avoir une presse à la solde de l’exécutif.

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L’ANME soutient le projet, le SNPM se met en retrait

Considérée à présent comme le principal représentant du secteur de la presse et de l’édition au Maroc, l’ANME a publié un long communiqué pour exprimer sa position. Se disant surprise face aux campagnes de diffamation et de résistance féroce contre le projet de réforme de l’écosystème des médias, de la presse et de l’édition, l’ANME estime que ce projet est une solution à la crise actuelle causée par l’ancien gouvernement qui a proposé et approuvé des lois à la légère pour contrôler la scène médiatique et la fermer. Par conséquent, l’association présidée par Driss Chahtane accueille favorablement le projet de loi adopté par le gouvernement soulignant que la création d’une commission temporaire à ce moment précis est essentielle pour assurer le fonctionnement normal du secteur. « L’ANME estime que cette solution concertée entre le gouvernement et les professionnels est une mesure d’urgence à même de sortir le secteur d’un flou volontaire et orchestré à même de le protéger de pratiques vicieuses dépassées et dorénavant inacceptables« , peut-on lire sur le communiqué. Et de conclure que les voix qui s’opposent à cette réforme sont celles d’une minorité de personnes qui ont bénéficié des privilèges de la phase précédente.

Du côté du SNPM, le premier concerné par ce projet de loi, c’est le silence radio. À savoir que son président intégrera automatiquement la Commission provisoire qui sera créée, de par ses fonctions au sein du bureau sortant du CNP.

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La résistance s’organise

Au sein de la corporation journalistique, les professionnels sont divisés. Si ce projet de loi est salué par plusieurs journalistes et supports de presse, il est décrié par d’autres personnalités et organismes du secteur.

Dans un communiqué commun publié avant même l’adoption de ce texte par l’exécutif, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) et la Fédération nationale de la presse, des médias et de la communication, affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT), ont vivement critiqué l’intention du gouvernement de « saper » le CNP en tant qu’organe d’autorégulation. Aussi, plusieurs personnalités du microcosme médiatique ont lancé un appel à un sit-in silencieux devant le siège du CNP à Rabat le 20 avril de 11h00 à 12h00. Les protestataires comptent brandir une pancarte unique qui proclame : « Tous ensemble pour faire tomber la commission provisoire chargée de la gestion des affaires du secteur de la presse et de l’édition« .

Au Parlement, les députés de l’opposition, notamment ceux du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et du Parti de la justice et du développement (PJD), attendent de pied ferme le ministre Bensaid. Ils comptent bien saborder le projet de loi plutôt que de vider de sa substance la réforme promise pour le secteur de la presse. Dans un post sur sa page Facebook, Abdellah Bouanou, président du groupement parlementaire du PJD à la Chambre des représentants, a estimé que le projet de création d’une commission provisoire pour la presse est une défiance sans précédent aux principes constitutionnels et aux valeurs démocratiques. Selon lui, dans cette démarche, le gouvernement porte « une atteinte flagrante à la loi du Conseil et aux normes d’auto-régulation de la profession journalistique« .

Lire aussi : Presse : nouvelle convention collective sur fond de divergences

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