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Mer noire : retrait russe de l’île des Serpents, une libération stratégique pour Kiev

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Cet extrait de vidéo diffusé le 29 juin 2022 par le service de presse du ministère de la défense russe montre un hélicoptère Mi-24 de l’armée de l’air russe en train d’éjecter des leurres lors d’une mission en Ukraine. © Le ministère russe de la Défense/ AP

Les forces de Moscou et les séparatistes pro-russes ont revendiqué, jeudi matin, la prise de la raffinerie de la ville de Lyssytchansk, dans le Donbass. Toutefois, l’état-major de l’armée ukrainienne affirme que les combats continuent autour de ce site, alors que les forces russes tentent aussi de bloquer les accès à la ville. D’après Serhi Haïdaï, le gouverneur de la région de Louhansk, la ville de Lyssytchansk «vit sous un bombardement ininterrompu de toutes sortes d’armes». Il estime que 15.000 civils restent dans la cité.

Dans son point quotidien, le ministère de la Défense britannique a fait savoir que «les forces ukrainiennes maintiennent leurs positions dans la ville de Lyssytchansk après leur retrait de Sievierodonetsk». Et de préciser que «les combats terrestres actuels se concentrent autour de la raffinerie de pétrole de Lyssytchansk, à 10 km au sud-ouest du centre-ville». Il s’agit de la dernière grande ville à conquérir pour les Russes dans la région de Louhansk, l’une des deux provinces du bassin industriel du Donbass, que Moscou entend entièrement contrôler. «Au niveau opérationnel, les forces russes continuent de faire des progrès limités, alors qu’elles tentent d’encercler les défenseurs ukrainiens dans le nord de l’oblast de Donetsk», poursuit le renseignement britannique. Ce dernier note qu’«il est fort probable que la capacité des forces ukrainiennes à poursuivre des batailles retardatrices, puis à retirer les troupes en bon ordre avant qu’elles soient encerclées, continuera d’être un facteur clé dans l’issue de la campagne».

L’armée russe a également annoncé jeudi s’être retirée de l’île des Serpents, une position stratégique en mer Noire conquise par Moscou et qui subissait des bombardements ukrainiens ces dernières semaines. «Le 30 juin, en signe de bonne volonté, les forces armées russes ont accompli les objectifs fixés sur l’île des Serpents et ont retiré leur garnison sur place», a indiqué le ministère de la Défense russe, assurant que ce geste devrait faciliter les exportations de céréales d’Ukraine. «La Russie ne s’oppose pas aux efforts de l’ONU pour créer un couloir humanitaire permettant d’exporter les productions de céréales d’Ukraine», a anoncé le porte-parole du ministère de la Défense russe, Igor Konachenkov. «Cette décision ne permettra plus à Kiev de faire des spéculations sur une crise alimentaire imminente en disant qu’il est impossible d’exporter des céréales à cause du contrôle total exercé par la Russie sur le nord-ouest de la mer Noire».

Selon le premier ministre britannique, Boris Johnson, le retrait russe de ce territoire «stratégique» en mer Noire, montre qu’il est «impossible» de soumettre l’Ukraine. Une «libération» saluée par Andriy Yermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, et par Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes.

Sur le plan diplomatique, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé mettre fin aux relations diplomatiques de l’Ukraine avec la Syrie, quelques heures après que Damas a annoncé reconnaître l’indépendance des républiques séparatistes de Donetsk et Louhansk. Les séparatistes pro russes ont, de leur côté, accusé, jeudi, les forces de Kiev de bombarder des civils avec des lance-roquettes multiples américains sophistiqués et des obusiers européens, qu’elles viennent de recevoir. «Les nouveaux obusiers et les Himars sont déjà à l’œuvre contre la population civile de notre territoire», a déclaré aux agences de presse russes l’adjoint au “ministre de l’intérieur” des séparatistes de la région de Louhansk, sans étayer ses accusations.

Vladimir Poutine a, pour sa part, dénoncé, mercredi, les «ambitions impérialistes» de l’Alliance atlantique, qui cherche, selon lui, à affirmer son «hégémonie» à travers le conflit ukrainien. «L’appel à l’Ukraine à poursuivre les combats et à refuser les négociations ne fait que confirmer notre hypothèse que l’Ukraine et le bien du peuple ukrainien, ce n’est pas l’objectif de l’Occident et de l’OTAN, mais un moyen de défendre leurs propres intérêts», a-t-il dénoncé lors d’une visite à Achgabat, la capitale turkmène. Une allégation que le chancelier allemand, Olaf Scholz, juge «ridicule» : «Honnêtement, c’est assez ridicule. L’OTAN est une alliance défensive. Elle n’est une menace pour personne», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet de l’OTAN, à Madrid. «C’est plutôt Poutine qui a fait de l’impérialisme le but de sa politique» en disant que «les pays voisins» de la Russie faisaient «partie de son pays (…) C’est cela, l’impérialisme, et cela ne peut pas être appelé autrement», a poursuivi le chancelier allemand.

Moscou a, par ailleurs, confirmé avoir échangé mercredi 144 combattants ukrainiens contre autant de Russes et séparatistes prorusses. «Le nombre total de militaires ukrainiens capturés ou qui se sont rendus est de plus de 6.000», a déclaré jeudi dans un communiqué le porte-parole du ministère de la défense russe, Igor Konachenkov. La Russie a également rejeté la responsabilité de l’armée russe dans la frappe qui a ravagé, lundi, un centre commercial à Krementchouk, faisant au moins dix-huit morts. «Notre armée ne frappe aucun site d’infrastructure civile», a assuré le président russe.

Sur le plan humanitaire, environ seize millions d’Ukrainiens ont besoin d’aide humanitaire et plus de six millions sont toujours déplacés à l’intérieur du pays, a déclaré, jeudi, lors d’une conférence de presse à Kiev, Osnat Lubrani, la coordinatrice humanitaire de l’ONU dans le pays en guerre. Elle a poursuivi «(…) Ce que nous savons, c’est que le nombre que nous avons, de près de 5.000 civils tués et de plus de 5.000 blessés, n’est qu’une fraction de la réalité effrayante. Je ne peux pas parler de nombres précis d’hôpitaux, d’écoles et de maisons endommagés, mais nous savons qu’ils se comptent par milliers. Nous ne pouvons tout simplement pas encore vérifier les chiffres exacts».

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