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Une semaine après des explosions sur la base militaire russe de Saky, en Crimée, un incendie provoquant une explosion s’est produit mardi matin sur une autre base russe. Le feu s’est déclaré dans un dépôt de munitions temporaire de la base, a précisé le ministère russe de la Défense. «À la suite de l’incendie, une détonation des munitions s’est produite», a-t-il ajouté.
Le dépôt militaire situé près de Djankoï, dans le nord de la Crimée, péninsule annexée par la Russie en 2014, «a été endommagé le 16 août dans la matinée à la suite d’un acte de sabotage», affirme le communiqué de l’armée russe, sans toutefois désigner de responsable. Et de détailler «des infrastructures civiles, parmi lesquelles une ligne à haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire, ainsi que plusieurs maisons ont également été endommagées».
Kiev, le Kremlin et les experts livrent, depuis une semaine, chacun leur version des faits. Dans un premier temps, Moscou a présenté ces explosions comme un incident, continuant d’affirmer qu’aucun tir ni bombardement ne sont à l’origine de ces déflagrations.
De leur côté, des experts à l’appui de photos satellites semblent accréditer la thèse d’une attaque ukrainienne. Ces images diffusées jeudi dernier par Maxar Technologies montrent que l’aérodrome «a été touché par quelque chose» et qu’au moins neuf avions ont été détruits, a affirmé ce jeudi à l’AFP l’analyste danois, Oliver Alexander. «Si c’était un accident, il aurait fallu quatre ou cinq personnes jetant leur cigarette au même endroit ou frappant les bombes avec un marteau, c’est très peu probable», a-t-il ajouté l’analyste danois. Pour sa part, Eliot Higgins, fondateur du groupe de journalisme d’investigation Bellingcat, souligne que les images montrent trois cratères, qui peuvent être interprétés «comme le résultat de frappes précises avec une arme à longue portée» et «un incendie massif à travers la base».
Interrogé sur le sujet, le ministre britannique de la Défense a affirmé ne pas avoir de commentaires sur l’incident en question mais a rappelé le droit de l’Ukraine de défendre son territoire. «Si c’était une attaque de l’Ukraine, elle serait légitime, elle serait conforme au droit international», a dit Ben Wallace.
Le Pentagone assure toujours ne pas avoir d’informations sur la cause des récentes explosions, tout en soulignant que les États-Unis n’avaient livré à Kiev aucune arme permettant de mener une telle frappe. L’éventuelle capacité de Kiev à atteindre les équipements aériens russes doit profondément inquiéter le Kremlin. «À ma connaissance, la Russie n’a jamais perdu autant d’équipements aériens en une seule journée et ils doivent être profondément préoccupés par la capacité de l’Ukraine à faire des frappes similaires ailleurs, en particulier sur le pont du détroit de Kertch», construit à grands frais par Moscou pour relier la Crimée à la Russie continentale, a commenté le journaliste Eliot Higgins.
L’Ukraine n’a, pour sa part, pas officiellement revendiqué l’assaut comme lors de l’explosion survenue la semaine dernière, et refuse de commenter une éventuelle implication de son armée. Toutefois des responsables ukrainiens cités par le New York Times et le Washington Post, sous couvert d’anonymat, ont reconnu qu’une unité militaire d’élite ukrainienne opérant derrière les lignes ennemies était à l’origine de l’explosion. Réagissant à ces explosions, Andriy Yermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, a salué une «opération “démilitarisation” façon travail d’orfèvre par les forces armées ukrainiennes», qui continuera selon lui «jusqu’à la libération complète des territoires ukrainiens». Quelques médias occidentaux soulignent l’attitude parfois ironique des officiels ukrainiens. Le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov a ainsi plaisanté en suggérant que «les militaires russes dans cet aérodrome ont oublié une règle très simple : ne fumez pas dans des endroits dangereux. C’est tout», avait-il ironisé.
De son côté, le ministère ukrainien de la Défense a tout simplement rappelé «que la présence de forces d’occupation sur le territoire de la Crimée ukrainienne n’est pas compatible avec la haute saison touristique». En effet, malgré le conflit, la Crimée reste un lieu important pour de nombreux Russes qui profitent de l’été sur ses plages. «La Crimée, dans un pays normal, c’est la mer Noire, les montagnes, la récréation et le tourisme. Mais la Crimée occupée par les Russes, ce sont des explosions de dépôts de munitions et un risque élevé de mort pour les envahisseurs et les voleurs», a aussitôt réagi le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.
Enfin, le président Volodymyr Zelensky a de son côté juste dit : «la Crimée est ukrainienne […] Kiev ne l’abandonnera jamais».
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