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ENCG Casablanca : la grogne des enseignants contre la direction

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ENCG Casablanca © DR

Depuis plus d’une semaine, un bras de fer oppose les professeurs de l’École nationale de commerce et de gestion de Casablanca (ENCGC) et sa direction. Le corps enseignant a dénoncé les décisions unilatérales et illégales émises par l’administration et accuse le directeur de l’établissement, Smail Kabbaj, d’abus de pouvoir et de violations des droits des professeurs et des étudiants. Dans une lettre adressée au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, le syndicat de ces professeurs a appelé à une intervention urgente ainsi qu’à l’ouverture d’une enquête sur les agissements et les décidons de la direction.

Les professeurs de l’École nationale de commerce et de gestion de Casablanca (ENCGC) ont annoncé qu’un sit-in sera organisé devant la direction de l’Université Hassan II de Casablanca ce jeudi 19 mai 2022. Cette protestation intervient à la suite de plusieurs conflits entre les membres du corps enseignant et la direction de l’établissement, avec à sa tête Smail Kabbaj. Elle intervient aussi après la réunion du 16 mai dernier du bureau local du syndicat des enseignants de l’ENCGC, précise un communiqué de presse parvenu à notre rédaction.

La même source indique que lors de cette rencontre, les professeurs ont abordé ce qu’ils ont qualifié de «décisions unilatérales et illégales émises par l’administration de l’établissement». Ces derniers citent ainsi «la fermeture de l’établissement aux étudiants et aux professeurs et le report des examens sans en référer aux instances représentatives de l’établissement».

Face à ces décisions, les enseignants ont décidé de boycotter toutes les activités de l’établissement. Il s’agit notamment de «tous les examens et les concours ainsi que l’encadrement et la discussion des projets de fin d’études». De plus, ils ont adressé une lettre incendiaire au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. À travers cette missive, ils ont appelé à la mobilisation en urgence d’une «commission ministérielle pour enquêter sur les violations financières et pédagogiques» de la direction de l’ENCGC.

Les violations du directoire

La représentation syndicale des enseignants de l’ENCGC a également dénoncé l’«abus de pouvoir» du directeur. Elle accuse Smail Kabbaj «de continuer délibérément à violer les textes législatifs et réglementaires en vigueur dans la gestion des établissements universitaires publics». Le corps enseignant a ainsi exigé la réalisation d’un audit pour «inspecter et constater les déséquilibres administratifs et financiers» dont souffre l’établissement. Et de noter que «leurs honoraires liés à la formation continue n’ont toujours pas été versés». Selon une source proche de ce dossier, pour certains professeurs, la somme impayée varie de 10.000 à plus de 70.000 DH.

En outre, les enseignants ont exprimé leur rejet catégorique de «la manipulation de la direction des résultats de l’élection des coordonnateurs de parcours». Ils assurent aussi «leur solidarité absolue et inconditionnelle avec les professeurs victimes de ces injustices». Le syndicat ajoute que dans «l’intérêt des étudiants, et afin de sauver cette année universitaire, l’assemblée générale demeurera ouverte en prévision de tous développements et évolutions liés à cette affaire».

Par ailleurs, la rédaction de LeBrief.ma a contacté l’un des professeurs de l’ENCG Casablanca. Notre interlocuteur, qui a préféré garder l’anonymat, a confirmé les dépassements du directeur de l’école. Notre source a avancé que la direction de l’école, avec à sa tête professeur Kabbaj, s’ingère dans le processus de corrections des épreuves des étudiants ainsi que dans la gestion des emplois du temps du corps enseignant. Des responsabilités qui rentrent dans le cadre des prérogatives du chef de département de l’établissement et non de la direction.

À en croire notre source, les enseignants qui refusent ces ingérences subissent des pressions, du harcèlement et même des menaces de la part de l’administration. D’ailleurs, poursuit notre interlocuteur, plusieurs incidents se sont produits entre la direction et des professeurs, des étudiants et des employés de l’école. Ces derniers ont eu pour conséquences des suspensions, des mises à pied et parfois des licenciements.

Les précisions du directeur de l’ENCGC

Contacté par notre rédaction, Smail Kabbaj s’est dit étonné par la décision des enseignants de boycotter l’examen. «Selon moi, un enseignant ne doit pas boycotter les examens, car cela impacte directement les étudiants. Il ne faut pas mettre en otage ces derniers, surtout ceux qui vont passer les épreuves finales du 6? semestre. Ils doivent passer leurs examens et obtenir leurs diplômes à temps afin de pouvoir accéder au marché du travail. Si problème il y a entre la direction et le corps enseignant, il doit être résolu par la négociation et la discussion. D’ailleurs, avec le syndicat des enseignants de l’ENCGC, la direction a signé un accord le 25 avril dernier, qui a porté sur un ensemble d’avantages».

En effet, le directeur a partagé avec nous le document de cet accord. Ce dernier souligne, entre autres, la limitation du nombre des étudiants qui seront encadrés par les professeurs encadrants pour la formation continue. Il est également question d’octroyer des ordinateurs portables aux professeurs, membres de la commission d’enseignement. Dans ce texte, le directeur assure aussi que l’implémentation de la formation continue est bénéfique pour les enseignants permanents et souligne que les responsables de cette formation ont le droit d’inviter des intervenants externes.

«Personnellement, je ne vois pas de raison pour suspendre les examens et entraver l’avenir des étudiants», nous confie Smail Kabbaj. Et de conclure : «ces trois dernières années, notre établissement a veillé à délivrer les diplômes des étudiants au mois de juin, pour optimiser leurs chances d’intégration au marché du travail ou encore d’accès aux échanges universitaires. Donc pour nous, l’intérêt de l’étudiant passe avant toutes autres considérations».

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