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Au Maroc, les Établissements et entreprises publics (EEP) incarnent un pilier central dans la configuration économique et sociale du pays, malgré un contexte global marqué par le libre-échange et la prédominance de la propriété privée. Dès la période coloniale, ces entités ont été des instruments importants, évoluant ensuite en composantes essentielles de l’économie nationale post-indépendance. Aujourd’hui, bien que les vagues de libéralisation et de privatisation aient réduit leur visibilité, les EEP maintiennent un rôle important dans le paysage économique, social et politique marocain.
À la fin de 2019, le Maroc comptait 225 établissements publics, 43 sociétés d’État et 479 filiales et participations publiques. Parmi ceux-ci, seuls quelques organismes, tels que le groupe OCP, l’ONEE, la RAM, ou encore le groupe CDG, dominent le secteur en termes d’investissements et de performances économiques. Ces quelques entités contribuent de manière importante au budget de l’État par le biais de transferts financiers, malgré un nombre considérable d’établissements publics non marchands. Ceux-ci, sans générer de revenus propres, dépendent largement des subventions étatiques et sont caractérisés par un endettement croissant.
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Réformes des EEP
Les débats actuels autour des EEP se concentrent sur divers aspects de réforme, notamment l’amélioration de la gouvernance, l’optimisation de leur gestion, et la redéfinition de leur rôle dans le cadre des politiques publiques. Les réformes envisagées visent à améliorer la transparence, la reddition des comptes, et l’efficacité opérationnelle des EEP, tout en repensant les modalités de contrôle financier et de gestion. Cette démarche est complétée par une révision des pratiques de gouvernance et un renforcement de la contractualisation, reflétant une volonté de rendre ces entités plus responsives et alignées sur les exigences du marché.
Ces transformations sont essentielles pour répondre aux défis contemporains, notamment ceux relatifs à l’efficacité économique, à la gestion de l’endettement et au financement. De plus, elles interrogent sur le rôle de l’État en tant que propriétaire ou actionnaire, et sur l’influence que cela peut exercer sur la gestion et l’organisation des EEP. Dans ce cadre, il est important d’évaluer dans quelle mesure l’État peut influencer les orientations stratégiques sans compromettre l’agilité et l’efficacité requises pour opérer dans un marché compétitif.
Les EEP comme acteurs du développement durable et de l’innovation sociale
Outre les enjeux de gestion et de gouvernance, les EEP sont également au cœur des questions de développement durable et de responsabilité sociale. L’accent mis sur les achats responsables et le respect des contraintes environnementales souligne le rôle des EEP en tant que vecteurs de politiques publiques alignées sur les besoins sociaux et environnementaux.
En dépit de leur importance stratégique, les EEP sont souvent perçus comme des reliquats d’une époque révolue et n’attirent pas suffisamment l’attention de la recherche en sciences sociales. Cette indifférence est regrettable, car elle néglige le potentiel de ces établissements à agir comme laboratoires sociaux pour l’innovation dans la gestion publique et le développement économique. Il est donc impératif de reconsidérer et de valoriser leurs rôles, non seulement en tant qu’acteurs économiques, mais aussi en tant que partenaires dans la réalisation des objectifs de développement durable et de justice sociale.
Ainsi, la réforme des EEP ne devrait pas seulement viser une efficacité accrue ou une meilleure gouvernance ; elle doit également envisager une transformation plus profonde, intégrant les EEP dans une vision globale de l’action étatique, où ils joueraient un rôle pivot dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques. Ce rôle élargi pourrait en définitive contribuer à une réforme plus globale de l’État, reflétant un modèle de gouvernance qui reconnaît pleinement la valeur et l’impact des entreprises publiques dans la société contemporaine.
Les EEP comme acteurs du développement territorial et de l’emploi
Cet aperçu de la réforme des EEP suggère un changement de paradigme où ces établissements ne sont plus seulement des entités économiques, mais des acteurs de premier plan dans la formulation des politiques publiques. Une attention renouvelée à la gouvernance des établissements publics pourrait non seulement améliorer leur performance, mais aussi leur capacité à répondre aux exigences d’un environnement globalisé tout en restant ancrés dans les priorités nationales.
Les débats autour de leur gestion marquent également un intérêt croissant pour leur intégration dans le développement territorial et leur rôle dans la régulation de l’emploi. En effet, la gestion de l’emploi, tant direct qu’indirect, par les EEP est devenue un enjeu essentiel. Ces établissements jouent un rôle important non seulement dans la création d’emplois, mais aussi dans la structuration des marchés du travail régionaux, influençant ainsi directement les dynamiques économiques locales.
Dans cette optique, l’État, en tant qu’acteur central, doit envisager les établissements publics comme des leviers pour une politique d’aménagement du territoire plus cohérente. Cela implique une réflexion stratégique sur l’implantation de leurs activités afin de stimuler le développement économique dans des régions moins favorisées, contribuant ainsi à une répartition plus équilibrée des ressources et des opportunités.
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Impact des EEP sur le secteur privé et la concurrence
La révision de la gestion et du contrôle de ces entités doit également prendre en compte leur impact sur le secteur privé. En effet, les pratiques commerciales et financières des établissements publics peuvent avoir des répercussions sur les entreprises privées, notamment en termes de concurrence et d’innovation. Par conséquent, une meilleure articulation entre les objectifs publics et les dynamiques du marché est essentielle pour éviter les distorsions et favoriser une concurrence saine.
En termes de responsabilité environnementale, les établissements publics sont souvent à l’avant-garde des initiatives de développement durable. Cela est particulièrement pertinent dans des secteurs tels que l’énergie et les transports, où les décisions prises par ces entités peuvent avoir des impacts environnementaux. La gestion de ces impacts, associée à des pratiques d’achat responsables, souligne l’importance de ces institutions dans la promotion de normes environnementales élevées et dans la mise en œuvre de politiques de développement durable.
Les EEP comme vecteurs de changement
Malgré leur importance, la littérature académique sur les EEP et leur gestion reste relativement limitée, ce qui souligne un besoin de recherche plus approfondie pour évaluer leur performance et leur impact. Une telle recherche pourrait offrir des perspectives précieuses sur les meilleures pratiques et les défis spécifiques associés à la gestion de ces entités dans un contexte marocain, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de leur rôle dans l’économie nationale.
En conclusion, les EEP ne sont pas seulement des composantes de l’économie ; ils sont des vecteurs potentiels de changement et d’innovation. Alors que le Maroc continue de naviguer dans un monde globalisé, la manière dont il gère et intègre ses EEP dans le tissu économique et social national sera déterminante pour son développement futur. Les réformes envisagées doivent donc non seulement répondre aux exigences de performance économique et de responsabilité, mais également intégrer ces entités dans une vision stratégique plus large, exploitant leur potentiel pour faire avancer les objectifs de développement durable et de justice sociale à l’échelle nationale.
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