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Au Maroc, les conditions météorologiques actuelles provoquent une grande variété d’événements climatiques, du soleil ardent aux épisodes de neige, en passant par des vagues de froid soudaines. Dans un contexte de transition entre l’été et l’hiver, ces phénomènes ne sont pas forcément une anomalie.
Cependant, ces fluctuations exacerbées soulèvent une question plus large : les changements climatiques sont-ils responsables de ces variations extrêmes ?
Mohamed Belouchi, météorologiste, nous offre un éclairage sur cette situation complexe, en expliquant l’impact des facteurs climatiques mondiaux sur le Maroc et la nécessité d’adapter nos infrastructures et nos comportements face à l’incertitude climatique.
De la normalité des variations automnales
Selon Mohamed Belouchi, les variations météorologiques que traverse le Maroc, particulièrement les hausses de températures récentes, ne sont pas surprenantes : «Nous sommes en automne, une saison de transition entre un été chaud et sec et un hiver plus froid et humide.» Cette période de l’année est marquée par des alternances fréquentes entre temps sec et pluvieux, avec, dans certains cas, des chutes de neige dans les régions montagneuses. « L’automne, avec ses fluctuations de températures, est tout à fait normal », précise-t-il, soulignant que ces phénomènes sont récurrents et font partie de la dynamique naturelle de notre climat.
Le météorologue rappelle également qu’il y a quelques jours, le pays a observé des chutes de neige dans l’Atlas, un phénomène lié à une chute brutale des températures dans le nord-est et le nord du Maroc. «Ce genre de situation est typique pour cette période de l’année et ne doit pas être confondu avec des événements liés aux changements climatiques», affirme Mohamed Belouchi.
Cette interprétation repose sur une distinction claire entre les phénomènes climatiques naturels, tels que les vagues de chaleur temporaires ou les chutes de neige automnales, et les événements extrêmes qui sont plus susceptibles d’être associés aux changements climatiques à long terme.
La réalité mondiale et locale des changements climatiques
Cependant, Belouchi ne minimise pas les signes de réchauffement climatique observés à l’échelle mondiale, et notamment au Maroc. «Nous ne pouvons pas ignorer que les changements climatiques sont une réalité», précise-t-il. Selon le météorologue, l’augmentation des températures globales, provoquée en grande partie par l’activité humaine, a des effets palpables sur les phénomènes météorologiques à travers le monde, y compris au Maroc.
«Les événements climatiques extrêmes, comme ceux que nous avons observés en Espagne ces dernières semaines, avec des pluies diluviennes et des inondations, ne sont pas isolés», souligne Belouchi. Il fait référence à la péninsule ibérique, où des records de précipitations ont été enregistrés, dus à des gouttes froides entrant en contact avec l’air chaud et humide de la Méditerranée. «C’est un exemple typique de ce que l’on appelle une instabilité atmosphérique, provoquée par un réchauffement rapide et des déséquilibres climatiques.»
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Pour le Maroc, ces événements pourraient devenir plus fréquents. «Nous avons déjà constaté les effets du changement climatique dans certaines régions, comme l’inondation à Tata, dans le sud-est, où des pluies intenses ont provoqué des catastrophes», raconte Mohamed Belouchi. «Cela montre que le climat marocain n’est pas immunisé contre ces phénomènes extrêmes.» Ce type d’événements est devenu plus commun ces dernières années, remettant en question les modèles traditionnels du climat marocain, et invitant à une réflexion plus profonde sur les impacts locaux des changements climatiques mondiaux.
L’adaptation au changement climatique
Face à ces enjeux climatiques, Mohamed Belouchi évoque également l’urgence de l’adaptation. Il cite le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de 2022, qui met en lumière la nécessité de stratégies d’adaptation efficaces aux impacts du changement climatique. Cependant, il met également en garde contre ce qu’il appelle «la mauvaise adaptation».
Une mauvaise adaptation, par exemple, serait la construction de digues pour protéger une zone côtière, mais en empêchant l’écoulement naturel des eaux de pluie. Cela peut provoquer de nouveaux risques, comme des inondations dans des zones non protégées explique le rapport. Il insiste sur le fait que certaines stratégies, bien qu’intentionnées, peuvent aggraver les inégalités sociales, notamment en affectant les populations marginalisées.
De plus, le GIEC a intégré des approches plus humaines et sociales dans ses rapports, impliquant des philosophes, des anthropologues et des sociologues. «Ce n’est pas seulement une question de physique ou de science exacte. Les défis climatiques exigent aussi une prise en compte des inégalités sociales et des impacts sur les communautés vulnérables», souligne Mohamed Belouchi. Selon lui, ces questions doivent être abordées sous l’angle de la justice climatique, car les effets du changement climatique frappent plus durement ceux qui sont déjà en situation de précarité.
Une prise de conscience collective face à un défi global
L’intervention de Mohamed Belouchi met en lumière l’importance de comprendre les phénomènes météorologiques à la fois comme des événements naturels et comme des indicateurs du changement climatique global. Si le Maroc est encore en transition entre des saisons climatiques, il n’est pas à l’abri des effets de ces bouleversements mondiaux. Les populations et les autorités doivent s’adapter, et ce, de manière réfléchie et juste, pour faire face aux défis environnementaux futurs. La question n’est pas seulement de prédire la météo, mais de s’adapter intelligemment et équitablement aux changements qui s’annoncent.
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