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Cette montagne qui ralentit les secours

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Le douar Imine Talaint, relevant de la commune rurale d'Angal, dans la province d'Al Haouz, a été pratiquement rayé de la carte par le séisme. © Le360

Dans la nuit de vendredi 8 septembre à 23 h 11, le Maroc a été secoué par une puissante secousse tellurique de magnitude 7 sur l’échelle de Richter. C’est le séisme le plus fort jamais enregistré dans l’histoire du pays. Le tremblement de terre dont l’épicentre a été situé dans la commune d’Ighil relevant de la province d’Al Haouz, au sud-ouest de Marrakech, a, à l’heure où l’on écrit ces lignes, coûté la vie à 2.681 personnes et blessé 2.501 autres. Et dans ce périmètre sinistré où l’on compte plus d’un million d’habitants, le bilan risque de s’alourdir. Si les opérations de sauvetage ont été entamées dès que possible, plusieurs citoyens affirment sur les réseaux sociaux et au micro de confrères présents sur place qu’«ils sont livrés à eux-mêmes».

Un puissant séisme a ébranlé le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi. D’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter, selon la communication officielle de l’Institut national de géophysique (lNG), le tremblement de terre a coûté la vie à 2.681 personnes, blessé plus de 2.000 autres et provoqué d’énormes dégâts matériels dans les provinces et communes relevant d’Al Haouz, Marrakech, Ouarzazate, Azilal, Chichaoua et Taroudant.

Dans la province d’Al Haouz, des répliques de moindre intensité ont été enregistrées depuis la nuit du 8 septembre, quoiqu’une secousse d’une intensité évaluée à 4,5 a été enregistrée hier, dimanche à 9h à 80 km au sud-ouest de Marrakech. Mais si les opérations de sauvetage – qui sont pour l’heure encore en cours – ont été entamées dès que possible, plusieurs citoyens affirment sur les réseaux sociaux et au micro de confrères présents sur place qu’«ils sont livrés à eux-mêmes».

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a, de plus, présidé dimanche deux réunions à huis clos dans la province d’Al Haouz, avec plusieurs responsables locaux pour évaluer la situation et identifier les besoins au niveau des différentes régions. Car face aux défis géographiques particuliers imposés par les zones sinistrées, les autorités marocaines suivent un protocole particulier afin de garantir une réponse efficiente, privilégiant l’organisation rigoureuse et la coordination harmonieuse entre les différents acteurs sur le terrain.

Des acteurs de la société civile se sont mobilisés pour cartographier les zones concernées pour identifier les villages ayant besoin d’aide.

Cartographie des zones sinistrées après le séisme survenu le vendredi 8 septembre 2023 dans les provinces et communes relevant d'Al Haouz, Marrakech, Ouarzazate, Azilal, Chichaoua et Taroudant, créée par un internaute marocain. © Capture d’écran Google Maps

Cartographie des zones sinistrées après le séisme survenu le vendredi 8 septembre 2023 dans les provinces et communes relevant d’Al Haouz, Marrakech, Ouarzazate, Azilal, Chichaoua et Taroudant, créée par un internaute marocain. © Capture d’écran Google Maps

Course contre-la-montre

Si la vie semblait reprendre aux premières lueurs du lendemain dans la ville de Marrakech, qui a été touchée par le séisme, quoiqu’à moindre mesure, ce n’est pas le cas de toutes les zones sinistrées. D’après le communiqué du ministère de l’Éducation nationale, annonçant la suspension des cours dès ce lundi 11 septembre, 42 communes et douars ont été sévèrement impactés. Nos confrères de Telquel parlent de 6.980 douars à moins de 100 km de l’épicentre, abritant 1.300.437 habitants, qui ont été touchés. 706 d’entre eux se situent à moins de 30 km à la ronde : 78.764 personnes se trouvent encore dans des zones d’impact direct ou à risque très élevé.

https://twitter.com/IsmElazizi/status/1701205204895477771?s=20

À Ighlil, commune située dans la province d’Al Haouz et épicentre du séisme, la situation est très difficile. La zone, qui compte un peu plus de 5.000 habitants, est encore livrée à elle-même. «Des maisons qui ont été évacuées, les gens sont encore sous les décombres. L’armée est en train d’arriver maintenant, mais la route est bloquée, ils commencent à peine à la libérer», déclarait à nos confrères de Maroc Hebdo le président de la commune, Mohamed Saïd Aït Hssaïn, le samedi.

Le correspondant de 2M rapporte ce midi même que les forces armées royales (FAR) «ont réussi, dans la nuit passée, à atteindre un des douars à 2 km de l’épicentre». Le journaliste explique qu’ils ont marché, transportant ce qu’ils pouvaient, pour venir porter secours aux habitants, car les routes sont sévèrement accidentées. Sous les amas de gravats, des personnes seraient encore en vie au troisième jour de la catastrophe. Un espoir pour nos concitoyens ?

Depuis dimanche, les secours internationaux viennent prêter main-forte aux autorités locales. C’est le cas de l’Espagne, du Qatar, des Émirats arabes unis et du Royaume-Uni, dont l’aide a été officiellement sollicitée par le Maroc. Le Royaume a intégré les propositions d’appui formulées par ces pays, car elles portent toutes, exclusivement, sur la recherche et le secours des sinistrés, à travers des équipes spécialisées et autonomes.

Ce concours «répond à des besoins spécifiques sur le terrain, formulés au préalable par le Maroc, et sera déployé en parfaite coordination avec les autorités marocaines», a précisé Juan Saldaña Garcia, lieutenant-colonel à l’Unité militaire d’urgence (UME), dans une déclaration à la MAP.

Le recours aux offres de soutien présentées par les différents pays amis et frères se fait sur la base d’une évaluation précise des besoins sur le terrain par les autorités marocaines. L’élan de solidarité internationale constatée depuis la catastrophe a d’ailleurs été vivement remercié par le roi Mohammed VI. Avec l’évolution des opérations d’intervention, l’évaluation de besoins possibles pourrait évoluer vers d’autres phases qui pourraient mener à avoir recours à des offres de soutien pour répondre à d’éventuels besoins spécifiques.

Déblayer les routes des débris !

Les autorités ont procédé, dans un premier lieu, à des opérations préliminaires de déblaiement des routes afin de permettre l’acheminement réussi des aides. L’enjeu majeur étant de s’assurer que toute aide soit bien organisée et bien articulée. Dans un communiqué, le département de Nizar Baraka a indiqué que dans le cadre de la cellule de crise créée par le gouvernement conformément aux directives royales, le ministère de l’Équipement et de l’Eau a procédé à l’inventaire des routes coupées. La même source dit «mobiliser tous les moyens humains et divers équipements afin de rétablir la circulation sur différents tronçons routiers coupés à la suite de l’érosion et des éboulements».

 

Ainsi, 20 routes régionales et provinciales ont été coupées à la circulation depuis le séisme. Selon le dernier bulletin de viabilité routière de ce lundi 11 septembre à 9h, la direction des routes affirme que 18 circuits ont été rétablis après avoir déblayé les débris. Seules trois routes sont encore coupées, les travaux se poursuivant encore, précise le ministère.

Il s’agit des routes régionales R203 (au niveau de la route nationale 7), aux points kilomètres 70-134 reliant Tahnaout à Taroudant dans la province d’Al Haouz, et R203 (au niveau de la route nationale 7), aux points kilomètres 134-150 reliant Ouled Berhil à Tizi N’Test dans la province de Taroudant. La déviation est impossible sur ces circuits. La route provinciale P2034 reliant Azgour à Ighil, épicentre du séisme, est, elle, totalement coupée.

Liste des routes encore coupées à la circulation à 9h lundi 11 septembre 2023 dans la zone sinistrée suite au séisme survenu le vendredi 8 septembre 2023. © Ministère de l’Équipement et de l’Eau

Liste des routes encore coupées à la circulation à 9h lundi 11 septembre 2023 dans la zone sinistrée suite au séisme survenu le vendredi 8 septembre 2023. © Ministère de l’Équipement et de l’Eau

 

Dans une déclaration à la presse, le directeur provincial de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, Hicham Ferndi, a fait savoir que son département a mobilisé une équipe composée d’ingénieurs, de techniciens et de conducteurs d’engins. Les ressources ont été dépêchées en provenance de plusieurs régions, dont Casablanca, Fès, Oujda, Beni Mellal, Marrakech et Rabat. Et d’affirmer que la direction provinciale «ne lésine guère sur les moyens et déploie tous les efforts possibles en vue de la réouverture de la route vers Ighil et celle menant vers Aghbar».

Pour connaître l’état des routes, la tutelle rappelle que les citoyens peuvent consulter l’application mobile «Ma Route» ou le site web Bing Maps qui fournit des informations supplémentaires sur les conditions routières. Le ministère indique par ailleurs que le centre d’information routière est joignable au 0537711717.

Les efforts se poursuivent pour restaurer l’accès aux routes menant à Tigouga, commune rurale dans la province de Taroudant. © Le360

Les efforts se poursuivent pour restaurer l’accès aux routes menant à Tigouga, commune rurale dans la province de Taroudant. © Le360

Les rescapés ont besoin de toute l’aide qu’ils peuvent recevoir : en priorité, figurent les tentes qui résistent au froid, les vêtements d’hiver, les couvertures et les produits d’hygiène. Les régions montagneuses de l’Atlas connaissent actuellement une baisse des températures. Pour acheminer le plus rapidement les aides, les autorités privilégient l’utilisation des hélicoptères.

Lire aussi : Séisme : une solidarité sans précédent

Par ailleurs, le ministère de l’Équipement a précisé, selon Assabah, que l’alimentation en eau potable dans les zones sinistrées n’est pas interrompue. Les infrastructures hydrauliques de la région, tels que les barrages de Ouirgane et de Lalla Takerkouste, n’ont en effet pas été touchées. C’est aussi le cas d’un barrage en construction à Chichaoua, ainsi que celui d’Aoulouz, dans la province de Taroudant.

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