Soudan du Sud : la famine progresse et les aides régressent
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et le Programme alimentaire mondial (PAM) sont préoccupés par la situation dans le Soudan du Sud. Dans un communiqué commun, ils ont déclaré que les pénuries alimentaires enregistrées entre avril et juillet 2022 dans le pays sont les pires depuis la guerre civile de 2013-2016. Ce conflit avait pris fin en 2018, laissant un bilan de près de 400.000 morts.
«Le déclin de la sécurité alimentaire et la prévalence élevée de la malnutrition sont liés à une combinaison de conflits, de mauvaises conditions macroéconomiques, de phénomènes climatiques extrêmes et de la montée en flèche des coûts des aliments et des carburants», déplorent les agences onusiennes. «Parallèlement, on constate une baisse du financement des programmes humanitaires malgré la croissance constante des besoins en la matière».
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Près de huit millions de personnes au #Soudan du Sud, soit les deux tiers de la population, sont menacées d'insécurité alimentaire et de famine#ONU #TesYeuxSurLeMonde pic.twitter.com/2GtHZebtNr
— AlAin Français (@AlainFrNews) November 4, 2022
Les effets de la guerre russo-ukrainienne
La flambée des prix alimentaires mondiaux, provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie – un important exportateur de céréales -, a affecté les caisses des organismes humanitaires. En juin dernier, le PAM était contraint de suspendre une partie de l’aide alimentaire destinée au Soudan du Sud, alors qu’il était confronté à l’année la plus meurtrière depuis son indépendance.
De plus, en août, les agences des Nations unies ont estimé que 7,7 millions de personnes souffraient de graves pénuries alimentaires dans ce pays. Ce dernier a sombré dans une guerre civile peu après avoir déclaré son indépendance du Soudan en 2011. Un accord de paix signé il y a quatre ans est largement maintenu, mais le gouvernement de transition n’est pas parvenu à unifier les différentes factions militaires.
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Le risque de famine est imminent
«Une action urgente est nécessaire (…) nous devons recentrer notre attention et réorienter les ressources». C’est ce qu’a martelé Josephine Lagu, ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire du Soudan du Sud. De leur côté, les agences des Nations unies ont prévenu : «La faim et la malnutrition sont en augmentation dans les zones du Soudan du Sud, touchées par les inondations, la sécheresse et les conflits, et certaines communautés risquent de connaître la famine si l’aide humanitaire n’est pas maintenue et si les mesures d’adaptation au climat ne sont pas renforcées».
Makena Walker, directrice nationale par intérim du PAM au Soudan du Sud, a affirmé : «Nous avons été en mode prévention de la famine toute l’année et avons évité les pires conséquences, mais cela ne suffit pas. Et d’ajouter que le pays est en première ligne de la crise climatique et, jour après jour, des familles perdent leurs maisons, leur bétail, leurs champs et leur espoir en raison de conditions météorologiques extrêmes. Sans l’aide alimentaire humanitaire, des millions d’autres personnes se retrouveront dans une situation de plus en plus désastreuse et dans l’incapacité de fournir la nourriture la plus basique à leurs familles».
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Soudan du Sud 🇸🇸: « Nous avons été en mode prévention de la famine toute l’année et avons évité les pires résultats, mais cela ne suffit pas » — Makena Walker, Représentante du @wfp_fr dans le pays.
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