Ces pays africains vulnérables à la normalisation de la politique monétaire américaine
Warning ! Le resserrement de la politique monétaire américaine, avec pas moins de quatre hausses des taux d’intérêt prévues en 2022, va signer la fin de l’argent bon marché pour de nombreux pays émergents et accentuer la pression sur les finances publiques des états plus fragiles.
Le defi de la dette
Pour de nombreux pays africains, le principal défi à venir sera celui de la dette, relèvent les analystes du Crédit Agricole. En moyenne, l’endettement public atteint 63% du PIB sur le continent. «La fin de l’initiative de suspension du service de la dette (ISSD) depuis le début du mois, à laquelle participaient trente-trois pays africains, accroît le risque de liquidité externe. L’Éthiopie, le Tchad et la Zambie, participent à la procédure du cadre commun qui prend la suite de l’ISSD pour agir sur la question de la solvabilité. La hausse en niveau et le renchérissement du service de la dette, provoqué par la normalisation des politiques monétaires globales, vont peser sur les marges de manœuvres budgétaires des États concernés», estiment-ils.
Les pays avec des besoins de financement externe élevés de même que ceux dont la dette extérieure est conséquente seront les plus affectés par le revirement de la situation aux États-Unis mais également en Europe. La BCE n’exclue plus une remontée des taux, elle aussi. Ce contexte met en évidence la nécessité pour les pays africains de développer les mécanismes pour mieux orienter l’épargne vers le financement des grands projets d’infrastructures et des entreprises. Les réserves de changes des banques centrales et les montants dans les fonds de pension sont peu productifs.
Une opportunité pour certains pays
Selon les pays, la normalisation de la politique monétaire américaine n’aura pas les mêmes effets. Certains États y sont plus vulnérables que d’autres. Les décisions monétaires aux États-Unis engendrent généralement des tensions dans les économies émergentes via des sorties massives de capitaux et des dépréciations des devises. L’accélération de l’inflation un peu partout dans le monde abaissant les taux d’intérêt réels, les investisseurs rechercheront les pays proposant des rendements réels encore intéressants. Le Sénégal, l’Egypte ou encore le Ghana proposaient encore en fin d’année dernière des niveaux de taux d’intérêt réels positifs, note BSI Economics.
Le comportement de l’inflation sera toutefois déterminant en 2022. Au Nigéria, les taux d’intérêt réels déjà négatifs pourraient se dégrader. «Si plusieurs Banques centrales sont amenées à augmenter leurs taux de référence en 2022 pour lutter contre la montée des prix et ainsi préserver les taux réels, elles ne peuvent pas les augmenter de manière ni trop rapide ni trop « brutale » au risque de provoquer un resserrement trop important des conditions de financement. Ce qui pèserait sur les perspectives de rebond alors même que la plupart des pays émergents n’ont pas renoué avec leur niveau de PIB pré-crise du Covid-19 ou encore sur leurs finances publiques », analyse BSI Economics.