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Affaiblir le commerce en mer Rouge pour défendre Gaza

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Le porte-parole militaire des Houthis, le général de brigade Yahya Saree, fait une déclaration sur les récentes attaques contre deux navires commerciaux en mer Rouge lors d'une marche à Sanaa en solidarité avec les Palestiniens. © AFP

Pas de répit pour Gaza. Le bilan frôle les 20.000 morts dans le «silence» mondial. Les forces d’occupation israéliennes poursuivent sans relâche leurs attaques contre les structures de santé, camps de réfugiés et bâtiments civils. En représailles, les Houthis du Yémen ciblent les navires en relation avec l’État hébreu en mer Rouge. Pour les contrer, l’opération «Guardiens de la prospérité», sous l’égide américaine, est désormais lancée.

Au 74ᵉ jour de guerre et alors que le bilan de l’agression israélienne ne cesse de progresser, s’établissant à date à 19.453 Palestiniens morts et 52.286 autres blessés, le sort de Gaza demeure incertain. Le ministère gazaoui de la Santé a indiqué qu’au cours des dernières heures, les forces d’occupation israéliennes ont commis 16 massacres et crimes de génocide dans toutes les zones de la bande de Gaza, entraînant le bombardement du camp de réfugiés de Jabaliya, du complexe médical Nasser et de celui d’Al-Shifa.

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Au total, 93 membres du personnel de santé, dans les hôpitaux du nord de Gaza, ont été arrêtés dans des conditions inhumaines et subissent des interrogatoires sous la torture, la famine et un froid extrême. L’agression israélienne, conduisant au ciblage de 138 établissements de santé et à l’évacuation de 22 hôpitaux et 52 centres de santé, a entraîné la mort de 310 personnels de santé et la destruction de 102 ambulances.

«Les forces d’occupation israéliennes liquident délibérément les structures de soin dans le nord de Gaza en détruisant des hôpitaux et en arrêtant leur personnel, ce qui constitue là l’exécution d’environ 800.000 personnes», a fait savoir le ministère gazoui de la Santé. Se disant «surpris» du silence de la communauté internationale, le département gazaoui a toutefois réitéré son appel : «Nous appelons les institutions internationales à œuvrer pour offrir des conditions de vie et des soins de santé aux centres d’hébergement de plus de 700.000 enfants, 50.000 femmes enceintes et 350 patients chroniques, dont 1.100 dialysés et des milliers de blessés», a plaidé Dr Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère.

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En mer Rouge, les «Guardiens de la prospérité»

Le Pentagone a annoncé lundi le lancement d’une force multinationale visant à protéger le trafic commercial en mer Rouge. Ces deux derniers mois d’attaques contre des navires marchands en mer Rouge par les forces yéménites ont contraint au moins une douzaine de compagnies maritimes, dont le géant italo-suisse Mediterranean Shipping Company, le français CMA CGM et le danois AP Moller-Maersk, à suspendre leurs opérations. Le géant pétrolier britannique BP est devenu lundi la dernière entreprise à annoncer qu’elle éviterait les eaux.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que Bahreïn, le Canada, la France, l’Italie, les Seychelles et le Royaume-Uni feraient partie des dix pays qui rejoindraient l’opération « Prosperity Guardians » (traduisez, « Guardiens de la prospérité »). «Les pays qui cherchent à faire respecter le principe fondamental de la liberté de navigation doivent s’unir pour relever le défi posé par cet acteur non étatique qui lance des missiles balistiques et des véhicules aériens sans équipage (UAV) sur des navires marchands de nombreux pays transitant légalement dans les eaux internationales», note la déclaration d’Austin.

L’opération « Prosperity Guardian » est une initiative multinationale visant à garantir la liberté de navigation dans la mer Rouge et le golfe d’Aden dans le cadre de la structure de la Force opérationnelle combinée 153 existante, selon le communiqué du secrétaire américain à la Défense. Au moment de l’annonce, les détails sur les navires qui seront impliqués dans la force n’étaient cependant pas disponibles.

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Lors d’une réunion virtuelle avec les ministres de plus de 40 pays, Austin a appelé les autres pays à contribuer en condamnant les «actions imprudentes des Houthis». La coalition pourrait également inclure l’Égypte et la Jordanie comme nations arabes supplémentaires à Bahreïn, car elles ont tout intérêt à assurer le passage en toute sécurité des navires, a déclaré la journaliste Sara Khairat d’Al Jazeera.

Tant que Gaza souffre, les Houthis promettent de continuer

Un haut responsable affirme que le groupe yéménite continuera de cibler les navires liés à Israël dans la mer Rouge, «même si l’Amérique réussit à mobiliser le monde entier» pour les arrêter. Écrivant sur X (anciennement Twitter), Mohammed al-Bukhaiti a déclaré que les Houthis ne cesseraient leurs attaques contre les navires liés à Israël que si «les crimes à Gaza cessent et si la nourriture, les médicaments et le carburant sont autorisés à atteindre sa population assiégée».

«Toute escalade à Gaza est une escalade en mer Rouge, et tout calme à Gaza est considéré comme un calme en mer Rouge», a déclaré le haut responsable militaire Houthi Yusuf Al Madani via Al Jazeera. «Tout pays ou parti qui s’interpose entre nous et la Palestine, nous l’affronterons.»

Depuis le 17 octobre, les Houthis ont attaqué des navires se déplaçant près du goulet maritime de Bab el Mandeb, d’abord liés à Israël ou aux intérêts israéliens, puis naviguant vers ou depuis Israël. Les Houthis, soutenus par l’Iran, relient ces attaques au conflit en cours dans le sud d’Israël entre le Hamas et l’armée israélienne.

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Les attaques ont effectivement détourné une partie importante du commerce mondial en obligeant les compagnies de fret à naviguer autour de l’Afrique, imposant des coûts et des retards plus élevés pour les livraisons d’énergie, de nourriture et de biens de consommation. Environ 12% du commerce mondial transite par la mer Rouge, qui est reliée à la mer Méditerranée via le canal de Suez, dont 30% du trafic de conteneurs.

Ahmed Helal, directeur MENA de The Global Counsel, affirme que «l’impact en cascade» de la crise se fait sentir sur l’inflation. «Le monde n’a pas besoin d’un choc inflationniste à l’heure actuelle», a-t-il déclaré à Al Jazeera. «Les principales banques centrales ont réduit les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation et faire baisser les prix pour les consommateurs. Mais cette perturbation sur une artère commerciale mondiale majeure affecte les biens courants et l’énergie, tant le pétrole que le gaz naturel».

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