Accueil / Économie

Zoom sur les défis économiques du Maroc, selon l’OCDE

Temps de lecture

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et le secrétaire général de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), Mathias Cormann, le 11 septembre 2024 à Rabat © DR

Mercredi, Aziz Akhannouch, Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, et de Mathias Cormann, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ont discuté des conclusions de la première étude économique du Maroc réalisée par l’OCDE. Ce rapport dresse plusieurs fragilités de l’économie marocaine, telles que la faible performance des recettes fiscales, la productivité stagnante et l’ampleur de l’économie informelle. Voici les points essentiels à retenir.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié sa première étude économique dédiée au Maroc. Ce rapport, qui s’inscrit dans la deuxième phase du Programme-Pays de l’OCDE pour le Maroc, a pour objectif d’évaluer la situation économique actuelle du pays. Cette étude dresse un tableau global de l’économie nationale, tout en mettant en lumière les réformes prioritaires et les lacunes à combler pour atteindre les objectifs fixés par le Nouveau modèle de développement (NMD).

Maroc-OCDE : Aziz Akhannouch et Mathias Cormann saluent les avancées du partenariat

Une économie en reprise, mais…

Selon le rapport de l’OCDE, l’économie nationale a montré des signes de reprise, notamment après les crises successives de la pandémie de la Covid-19, la crise énergétique et le tremblement de terre d’Al Haouz en 2023. La croissance du PIB a rebondi, atteignant 3,4% en 2023, grâce à des politiques budgétaires et monétaires prudentes, un redressement de la production agricole et une augmentation du tourisme. Toutefois, cette reprise reste inférieure à son potentiel à long terme. Le PIB par habitant du Maroc, bien qu’en amélioration, demeure en dessous de celui des pays membres de l’OCDE et des autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).

Les efforts du gouvernement pour stabiliser l’économie, notamment par la réduction du déficit budgétaire et l’amélioration des finances publiques, sont perçus comme des initiatives positives. Néanmoins, l’OCDE souligne la nécessité de mettre en place une nouvelle règle budgétaire axée sur un objectif de dette à moyen terme et une meilleure gestion des dépenses publiques. Le ratio de la dette publique, proche de 70% du PIB, reste une source de préoccupation, bien que des plans pour réduire ce ratio d’ici à 2026 soient déjà en place.

Quant à l’inflation, bien qu’en baisse depuis son pic en 2023, reste un facteur de risque, notamment en raison de la volatilité des prix alimentaires et énergétiques. À cet égard, le rapport préconise une transition vers un régime de ciblage de l’inflation et un régime de change plus flexible pour renforcer la stabilité macroéconomique à long terme.

Renforcer la productivité et l’investissement privé

L’un des principaux défis identifiés par l’OCDE est la faible productivité du travail au Maroc. L’écart de productivité avec les pays de l’OCDE et certains pays émergents reste important, et l’économie marocaine peine à intégrer pleinement ses ressources humaines, notamment les jeunes et les femmes. Le marché du travail est caractérisé par un taux élevé de chômage des jeunes, une participation féminine faible et une prépondérance du secteur informel, qui englobe environ deux tiers des emplois au Maroc.

En effet, le rapport souligne l’importance d’encourager davantage l’investissement privé, qui reste faible par rapport à l’investissement public. La nouvelle Charte de l’investissement est saluée comme une étape majeure pour attirer des investissements de qualité, notamment dans des secteurs à haute valeur ajoutée. L’OCDE recommande toutefois d’évaluer de manière approfondie les incitations économiques proposées par cette charte, afin de garantir un développement équilibré entre les industries nouvelles et celles déjà établies.

Le rapport met également en lumière le rôle crucial des entreprises publiques, qui continuent d’occuper une place importante dans l’économie. Il appelle à une dissociation plus claire des activités commerciales et non commerciales de ces entreprises pour garantir une concurrence équitable. De plus, l’OCDE insiste sur la nécessité de renforcer la lutte contre la corruption et de réduire les pratiques d’économie informelle qui nuisent à la compétitivité du secteur privé.

Ces réformes indispensables pour une croissance inclusive

Afin d’assurer une croissance durable, le rapport de l’OCDE dresse plusieurs réformes structurelles. Tout d’abord, le système éducatif doit être repensé pour mieux répondre aux besoins du marché du travail. Le Maroc a réalisé des progrès dans l’amélioration de l’alphabétisation et de l’accès à l’éducation, mais les résultats scolaires demeurent faibles par rapport aux normes internationales, et de nombreux jeunes quittent encore le système éducatif prématurément. La formation professionnelle, souvent perçue comme insuffisante, doit être renforcée pour améliorer l’employabilité des jeunes et combler le fossé entre l’offre et la demande de compétences.

En outre, l’informalité constitue également un frein au développement économique. Pour intégrer davantage de travailleurs dans l’économie formelle, l’OCDE recommande une réduction des cotisations sociales pour les bas salaires et une réforme de la législation du travail pour rendre le marché du travail plus flexible. De plus, la mise en place d’un nouveau registre social unifié, combinée à l’extension de la couverture maladie, pourrait contribuer à améliorer la protection sociale des travailleurs tout en réduisant l’économie informelle.

Sur le plan environnemental, l’OCDE note l’urgence de renforcer les politiques climatiques, notamment pour faire face aux défis posés par la pénurie d’eau, un problème exacerbé par les sécheresses répétées. Le Maroc s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, mais pour ce faire, des réformes doivent être mises en œuvre, notamment la taxation des émissions de carbone et une augmentation progressive des redevances sur l’eau.

Enfin, le rapport de l’OCDE évoque l’urgence de mieux gérer les ressources en eau. Face aux sécheresses récurrentes et à la demande croissante, le Royaume se trouve en situation de stress hydrique sévère. Pour y remédier, l’OCDE recommande une réforme progressive des politiques de tarification de l’eau afin de mieux refléter sa rareté et son coût de distribution, tout en prenant en compte les impacts sociaux sur les populations les plus vulnérables.

Dernier articles
Les articles les plus lu

ANRE : en 2023, la production nationale d’électricité a atteint 42 TWh

Économie - En 2023, le Maroc a enregistré une production nationale d’électricité de 42,38 TWh, marquée par une hausse de 2,3% par rapport à l’année précédente.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024

Téléphonie et Internet : des records historiques en 2024

Économie - Le secteur marocain des télécommunications (Téléphonie et Internet) affiche une progression notable sur les neuf premiers mois de 2024.

Ilyasse Rhamir - 26 décembre 2024

Trésor : 169,2 MMDH de levées brutes à fin novembre (DEPF)

Économie - La DEPF a indiqué que les levées brutes du Trésor ont baissé de 29,4% par rapport à l’année précédente pour s’établir à 169,2 MMDH au terme des onze premiers de l’année.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024

Tourisme au Maroc : des performances record en 2024

Économie - Les recettes touristiques marocaines ont atteint 96,9 MMDH entre janvier et octobre 2024, marquant une progression de 9,3% par rapport à la même période en 2023, selon la DEPF.

Ilyasse Rhamir - 26 décembre 2024

Banques : le besoin en liquidité à 138,8 MMDH en novembre 2024 (DEPF)

Économie - La DEPF a indiqué que le besoin en liquidité des banques a quasiment stagné au cours du mois de novembre 2024, se situant à 138,8 milliards de dirhams (MMDH), en moyenne hebdomadaire.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024

Régularisation fiscale volontaire : ouverture des guichets de la DGI les 28 et 29 décembre 2024

Économie - La DGI a annoncé une ouverture exceptionnelle de ses guichets le samedi 28 et le dimanche 29 décembre 2024.

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2024

ANCFCC : 6 milliards de dirhams versés au Budget général de l’Etat

Économie - Le 25 décembre 2024, l'ANCFCC a tenu son Conseil d’Administration sous la présidence d'Ahmed El Bouari.

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2024

Les ventes de ciment en hausse de 8,9% à fin novembre

Économie - Les ventes de ciment ont augmenté de 8,9% à novembre contre une contraction de 1,4% par rapport à l’année précédente, selon la DEPF.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024
Voir plus

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

ANCFCC : bon cru 2020

J.R.Y - 19 mars 2021

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

She Impulse : l’AFEM révolutionne l’entrepreneuriat féminin au Maroc

Économie - L’AFEM a dévoilé, mardi 3 décembre 2024, sa nouvelle feuille de route stratégique baptisée « She Impulse : Créateur de valeurs ».

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire