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Depuis que la Russie a envahi son voisin ukrainien, de nombreuses voix demandent aux institutions culturelles de ne plus programmer d’œuvres russes tant que l’Ukraine vit sous les bombes. Renoncer au « Lac des cygnes » de Tchaïkovski ou aux « Trois sœurs » de Tchekhov, est-ce déjà une forme de « cancel culture » ? À moins que ce débat n’alimente la machine de propagande russe…
L’Ukraine est en train de se réapproprier sa culture, son histoire et sa langue. Cela commence par la toponymie : les rues historiquement nommées de façon à rappeler la proximité avec la Russie et l’ex-URSS sont rebaptisées. Un mouvement de dérussification qui résonne avec des histoires personnelles – comme celle de Varya, qui milite activement pour qu’une rue porte le nom de son frère Serhiy.
Quant au théâtre russe de Kyiv, il a effacé de sa programmation toute référence à la Russie. Le comédien Artem Yemtsov évoque dans « Tracks East » ce processus difficile.
Quid du reste de l’Europe ? De la scène techno à l’art dramatique, on peine à adopter un positionnement clair. Le metteur en scène et cinéaste Kirill Serebrennikov est à la fois prisé et critiqué dans de nombreux lieux culturels.
Certains voudraient chasser la DJ Nina Kraviz des festivals européens au motif qu’elle soutiendrait Poutine, quand d’autres programmateurs prennent sa défense.
Et quand est-il de la langue ? Loin de son pays natal, Dinara Rasuleva apprend le tatar. Avec son groupe Tatar Kyz:lar, elle propose des performances dans lesquelles elle exhorte à « enterrer le russe en soi ». D’origine kazakhe, Saltanat Shoshanova anime à Berlin la première édition russophone du podcast X3 pour aider les uns et les autres à mieux comprendre quels sont les enjeux actuels.
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