Affiche de la troisième édition du World Power-to-X Summit qui se tient les 19 et 20 septembre à Marrakech. © DR
En dépit du tremblement de terre tragique qui a frappé le Maroc le 8 septembre dernier, le World Power-to-X Summit a été maintenu. L’événement, organisé par l’Institut de recherche sur l’énergie solaire et les énergies nouvelles (IRESEN), le Cluster GreenH2, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), et en partenariat avec le Conseil régional de Guelmim Oued Noun et Industrie du Maroc Magazine, s’est ouvert aujourd’hui à Marrakech, et promet d’offrir une plateforme unique d’en savoir plus sur les derniers développements ayant un impact sur le secteur Power-to-X.
Placée cette année sous le thème «Libérer l’hydrogène vert et les molécules propres pour un avenir sans carbone», cette troisième édition, sous le haut patronage du roi Mohammed VI, avec le soutien du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable du Royaume, réunit 1.000 participants et 170 experts intervenants. Au programme, 35 sessions et cinq side events couvrant tous les aspects de la chaîne de valeur du power-to-x, de la production à l’utilisation, en passant par la conversion, le stockage, et la distribution, ainsi que les aspects réglementaires, financiers et liés à l’infrastructure. Une exposition est mise en avant pour présenter les dernières innovations et solutions dans le domaine de l’énergie verte.
🗓 📍 𝟑𝐑𝐃 𝐄𝐃𝐈𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐎𝐅 𝐓𝐇𝐄 𝐖𝐎𝐑𝐋𝐃 𝐏𝐎𝐖𝐄𝐑-𝐓𝐎-𝐗 𝐒𝐔𝐌𝐌𝐈𝐓- 𝗦𝗲𝗽𝘁𝗲𝗺𝗯𝗲𝗿 𝟭𝟵 𝘁𝗼 𝟮𝟭, 𝟮𝟬𝟮𝟯 𝗶𝗻 𝗠𝗮𝗿𝗿𝗮𝗸𝗲𝗰𝗵 𝗮𝗻𝗱 𝗚𝘂𝗲𝗹𝗺𝗶𝗺#worldptxsummit #ptx #iresen #gon #greenh2cluster #um6p #idm #green #hydrogen #greenhydrogen #H2 #greenH2 pic.twitter.com/AY5mRcsQZS
— IRESEN (@IRESEN) May 31, 2023
Pour la présidente du Conseil régional de Guelmim-Oued Noun, Mbarka Bouaida, «les régions transcendent les frontières administratives et s’imposent comme un véritable acteur de transition vers une économie verte et résiliente». L’élue fait, en effet, observer leur rôle crucial, plus qu’un lieu d’investissement, un acteur de la réussite de tout projet de développement durable. «Les régions sont le cœur battant de la croissance économique, du progrès technologique et de l’innovation», a-t-elle ajouté. Et de noter qu’elles peuvent également être des laboratoires dynamiques et des terrains d’expérimentation où de nouvelles idées et partenariats prennent forme.
«La nouvelle économie basée sur l’hydrogène vert est une opportunité pour faire face aux enjeux liés aux changements climatiques et à la migration, mettant l’accent sur l’importance de l’implémentation des stratégies industrielles, de la mise en place de politiques destinées à assurer une souveraineté technologique, ainsi que du partage de la technologie et des échanges en faveur d’une coopération internationale», a indiqué Mohammed Yahya Zniber, président du Cluster GreenH2, devant un parterre de décideurs politiques, de leaders industriels, d’experts en recherche et d’innovateurs mondiaux.
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Cet événement majeur s’est fermement imposé comme la principale plateforme de dialogue régional et international autour des opportunités et des défis de la chaîne de valeur industrielle, logistique et technologique de l’hydrogène vert ainsi que de ses applications. Il convient de noter que cette nouvelle édition se tient dans un contexte de crise énergétique mondiale, exacerbée par des tensions et des réorganisations géopolitiques accélérées.
Le World Power-to-X Summit promet d’être un moment charnière dans le cheminement vers un avenir énergétique durable, le Maroc étant prêt à jouer un rôle de 1ᵉʳ plan dans la révolution de l’hydrogène vert en Afrique et au-delà.
Solidarité avec les victimes du séisme d’Al Haouz
Les organisateurs ont exprimé leurs condoléances aux victimes et leur solidarité envers ceux touchés par la catastrophe. Ils croient en la résilience et la force du peuple marocain face à ce défi sans précédent. C’est dans cet esprit de solidarité et de générosité qu’ils ont décidé de maintenir l’événement, convaincus qu’il peut contribuer à soutenir les efforts de redressement et de reconstruction, ainsi que la poursuite de l’activité économique vitale pour les communautés locales.
Ils considèrent que cet événement peut contribuer à soutenir les efforts de relance et de reconstruction, tout en soulignant le rôle des solutions Power-To-X pour un avenir durable et en témoignant de la solidarité en ces temps difficiles.
Un diner de solidarité est prévu ce soir à 20h.
Cinq conventions en faveur du développement durable
Et en marge du Sommet, cinq conventions ont été signées ce mardi. La 1ʳᵉ, conclue entre le Conseil régional de Guelmim-Oued Noun et IRESEN, vise à mettre en place une coopération en matière de recherche et de diverses activités liées au développement durable.
Par ailleurs, la deuxième convention, signée entre l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), le Cluster GreenH2 et l’IRESEN, a pour objectif de développer et de mettre en œuvre conjointement des programmes de formation professionnelle pour les professionnels de la chaîne de valeur de l’hydrogène vert au Maroc et en Afrique.
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La troisième convention, pour sa part, paraphée entre Huawei, le Green Energy Park (GEP) et l’IRESEN, se rapporte au développement de projets de recherche dans le domaine des énergies renouvelables et du stockage de l’énergie.
La quatrième convention, elle, conclue entre l’IRESEN et le Centre régional des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (RCREEE), porte sur la collaboration sur le renforcement des capacités, les projets de recherche et les partenariats dans les secteurs des changements climatiques, des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
S’agissant de la cinquième convention, signée entre le Cluster GreenH2 et Eco-Stream Nederland B.V, elle concerne une action commune pour établir un partenariat gagnant-gagnant afin de soutenir le développement de l’industrie de l’hydrogène vert au Maroc.
«Offre Maroc» : hydrogène vert, une opportunité
Sur le plan national, cela prend une dimension significative grâce au dynamisme impulsé par le roi Mohammed VI, qui a émis, en novembre 2022, de hautes instructions pour déployer une «Offre Maroc» opérationnelle et incitative. L’idée est de positionner le Maroc en tant que leader régional et hub africain dans le domaine de l’hydrogène, en s’appuyant sur ses atouts naturels, sa stratégie nationale et ses solides partenariats internationaux.
Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait, en ce sens, présidé le 5 septembre dernier, la 1ʳᵉ réunion ministérielle relative à l’opérationnalisation de l’«Offre Maroc» qui a permis d’établir une feuille de route claire afin de répondre rapidement aux besoins des investisseurs intéressés. Car la capacité du Maroc d’utiliser ses ressources solaires et éoliennes pour produire de l’ammoniac «vert» sans carbone, constitue une réelle opportunité stratégique pour le pays du fait de la complémentarité naturelle de ce produit avec le phosphate, dont le Maroc est le deuxième producteur mondial.
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Selon une analyse de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), le Royaume dispose, outre du capital de vent pour l’éolien, d’atouts «intrinsèques» et «concurrentiels» qui lui permettraient de se positionner dans le club des pays à fort potentiel dans cette filière d’avenir. Le think tank cite, à titre d’exemple, les niveaux d’exposition solaire du pays atteignant les 3.000 heures par an en moyenne, une proximité géographique avec l’Europe, les gisements d’hydrocarbures sont en cours d’exploration… Autant d’atouts qui font que cette transition «verte» apparaît comme incontournable.
Et Les échanges lors de ce sommet permettront d’approfondir la compréhension des divers aspects de la chaîne de valeur du power-to-x, tels que la production, la conversion, le stockage, la distribution et l’utilisation, sans négliger les aspects réglementaires et financiers et ceux liés à l’infrastructure. Car le Royaume s’est fixé pour objectif d’atteindre un taux de production de 52% d’énergies renouvelables d’ici 2030, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 20% et également de participer à la décarbonation des pays partenaires.
Pour le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, présent aux travaux, «la décarbonisation de nos industries répond à l’urgence climatique, en utilisant des énergies durables, en particulier dans le secteur de l’énergie qui produit les deux tiers des émissions de gaz».
«En tant que ressource sans carbone, l’hydrogène vert est très prometteur et pourrait couvrir une grande partie de ces besoins pour les décennies à venir», a-t-il insisté. Le patron des patrons appelle à la réduction de l’écart de coût entre l’hydrogène vert et les combustibles fossiles et à l’établissement d’une collaboration internationale fructueuse pour le développement et le déploiement de l’hydrogène vert.
«Grâce à l’hydrogène et à ses dérivés, en particulier le méthanol, une production industrielle de dérivés chimiques verts s’avère impérative, en vue d’un changement de paradigme au niveau de la transition énergétique locale, tout au long des chaînes de valeur de l’hydrogène», a fait savoir, pour sa part, le président du Cluster GreenH2. Un constat partagé par le président de l’Université Mohammed VI Polytechnique, Hicham El Habti, qui, lui, souligne la nécessité de rompre avec les sources d’énergie fossiles pour remédier aux défis environnementaux qui pèsent sur le monde, appelant à garantir à tous les pays l’accès à l’énergie et à assurer la stabilité du marché mondial.
Des garde-fous à poser
En attendant la finalisation de cet outil stratégique, l’IMIS indique que «certes, le Maroc est fort de nombreux atouts le positionnant comme une nation idoine pour le développement de l’hydrogène vert, toutefois, il doit mettre en place un certain nombre de garde-fous qui permettraient au pays d’éviter certains risques substantiels». En ce sens, poursuit le document, «il convient d’inclure dans la doctrine marocaine qui découlera de l’“Offre Maroc” des points de vigilance non négociables, qui doivent présider à l’examen de tout projet soumis aux pouvoirs publics».
Le 1ᵉʳ garde-fou à poser, selon l’IMIS, c’est de privilégier à tout point de vue le secteur privé national. Dans un second garde-fou, le think tank recommande de réserver les meilleurs sites solaire et éolien aux acteurs qui créeront le plus de valeur ajoutée pour la communauté nationale en matière d’emplois, de développement industriel et territorial. Une industrie des électrolyseurs, des piles à combustible, devra, à terme, également être développée au Maroc pour profiter pleinement de cette stratégie en matière d’emplois.
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Le rapport suggère qu’aucun accord d’«offtaking» ne soit négocié avec un acteur public ou parapublic marocain si celui-ci comportait des risques systémiques pour l’économie nationale ou serait potentiellement initiateur d’un effet domino pour les finances publiques du Royaume.
Troisièmement, les projets destinés à l’export ne devraient être examinés que si un seuil satisfaisant contribuant à la souveraineté énergétique nationale est effectivement atteint. Toujours, pour ces mêmes projets destinés à l’export, un droit de «préférence nationale» doit être introduit dans les contrats, qui permettrait au pays de bénéficier de la production si une rupture de production d’énergie majeure était enregistrée sur le plan national.
Enfin, les experts de l’IMIS recommandent à l’État de ne pas baser les tarifs des redevances éventuelles uniquement sur les plans de développement soumis par les développeurs, mais plutôt de les rendre examinables en fonction des évolutions des projets.
Autant de préconisations que le Maroc peut désormais discuter avec ses partenaires lors de ce sommet qui prendra fin demain.
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