Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti Justice et Développement. © DR
Après deux semaines de silence, le Parti justice et développement (PJD/opposition) a régi au séisme d’Al Haouz. Une prise de parole, on ne peut plus controversée, puisque le parti dirigé par Abdelilah Benkirane imputait le tremblement de terre qui a fait près de 3.000 morts à une «colère et un châtiments divins».
Une version qui n’a visiblement pas connu l’adhésion de certains hauts cadres du parti de la Lampe. Parmi eux, Abdelkader Amara, ex-ministre de l’Équipement, ancien trésorier et un des membres fondateurs du parti, a déposé, lundi 25 septembre, sa démission «de toutes les instances» de la formation islamiste.
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Amara quitte le navire
L’ancien ministre, un des piliers du PJD durant les deux mandats que le parti a exercés au pouvoir (2012-2020), a condamné les errances du secrétaire général du Parti de la Lampe et a, en ce sens, publié un texte explicite sur Facebook : «C’est avec un cœur plein de douleur face à la tournure que prend l’expérience du PJD, que j’annonce ma démission du parti ainsi que de toutes ses instances, avec effet immédiat». Depuis le retour de Benkirane aux commandes du parti, Amara avait pris ses distances avec la formation islamiste.
Si certains ont préféré ne pas commenter le sujet, signe manifeste de leur insatisfaction et leur désaccord avec le secrétaire général, il semblerait qu’Amara ne soit pas le seul mécontent des propos tenus par Benkirane. Aziz Aftati, grande figure du parti de la Lampe, a qualifié le communiqué de «grave erreur» et estimé que le secrétariat général n’aurait pas dû soutenir Abdelilah Benkirane dans cette voie.
«Je ne peux pas souscrire à ces propos, car ils sont théologiquement et intellectuellement erronés. Cette croyance est incorrecte, car il est inapproprié d’affirmer qu’une région a été touchée par un événement naturel en tant que colère divine», a commenté Aftati dans une déclaration à Hespress, notant que de telles erreurs «ne devraient pas contaminer ces institutions réformatrices».
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«Il est erroné de prétendre que Dieu impose des sanctions sur Terre. Du point de vue théologique et intellectuel, cela est inexact. Les épreuves surviennent dans la joie comme dans la tristesse, mais seules les circonstances précises sont connues de Dieu», a souligné Aftati, insistant sur la nécessité pour les organisations réformatrices de rectifier les croyances erronées au sein du grand public, et en premier lieu parmi les élites, critiquant ainsi ouvertement Benkirane.
«Considérer le séisme comme la manifestation de la colère divine est une erreur commune dans la culture islamique, relevant du domaine des croyances et de la pensée», a-t-il souligné, avant d’ajouter que «le secrétariat général aurait dû veiller à ce que les paroles du secrétaire général dans le communiqué ne puissent pas être interprétées comme une approbation de sa part, ou comme le partage de cette croyance, ce que je réfute».
Sans aller jusqu’à rompre le cordon ombilical avec le parti, Mohamed Yatim, ex-ministre sous le gouvernement El Othmani, a pour sa part déploré les propos de son «frère» Benkirane. «Si le tremblement de terre devait être une punition, il serait plus approprié de punir l’Égypte où s’est produit le coup d’État (de juin 2013, NDLR), Rabaa, des dizaines d’exécutions et des meurtres délibérés dans les prisons». Une allusion de sa part aux évènements ayant suivi la destitution de l’ancien président Mohamed Morsi, des Frères musulmans, par le général Abdel Fattah Al-Sissi.
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«Si cette logique était correcte, la politique serait monastique. Il est regrettable que nous laissions de côté la politique, ses enjeux et ses vérités pour nous égarer dans la «théologie»», a écrit Yatim sur ses réseaux sociaux. Pour lui, la position du parti de la Lampe constitue «une analyse purement religieuse, loin de toute approche politique dont devrait se prévaloir une formation politique aguerrie». «La démission d’Abdelkader Amara est la goutte qui a fait déborder le vase», a-t-il déclaré, faisant allusion à la situation politique que traverse actuellement le parti islamiste.
Une colère divine, vraiment ?
La démission d’Abdelkader Amara intervient trois jours après que le secrétariat général du PJD, a associé à des «raisons religieuses» le séisme qui a frappé le Maroc, l’attribuant à «la volonté de Dieu» et aux «péchés» commis par les Marocains. Dans une allocution prononcée lors de la réunion du secrétariat général du Parti de la justice et du développement, du samedi 23 septembre, Abdelilah Benkirane, arborant la casquette du prédicateur, a, en effet, estimé que le drame serait un «avertissement» divin.
Puis dans une séquence moins théologique, le secrétaire général du parti a mêlé «péchés» et «fraude électorale». Une position dans laquelle les analystes y voient un règlement de vieux comptes, datant de 2015, avec l’actuel chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. «La question qui se pose ne concerne pas uniquement les comportements individuels de non-obéissance, mais plutôt des péchés, des interdits et des offenses commis sur le plan général et politique», a affirmé, dans son communiqué, la formation politique dirigée par Abdelillah Benkirane.
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«Le secrétaire général s’est interrogé, ensuite, sur l’impact du Fonds de développement rural et des zones montagneuses, doté d’un budget important dépassant les 54 milliards de DH, sur le quotidien des habitants de ces zones (…) et ses réalisations. Ce sont des questions qui méritent des éclaircissements», souligne Benkirane.
Pour rappel, la tutelle sur ce Fonds confiée à Akhannouch, alors ministre de l’Agriculture sous l’exécutif que dirigeait Benkirane, avait provoqué la colère du parti. En février 2020, un parlementaire du PJD avait ainsi appelé, depuis la tribune de la Chambre des conseillers, à retirer la tutelle dudit Fonds au ministère de l’Agriculture.
Et de conclure par une invitation adressée aux Marocains incitant au «retour à Dieu» afin de «découvrir si ce qui s’est passé pourrait être dû à nos péchés, transgressions et violations, non seulement dans leur sens individuel, mais aussi dans leur sens général et politique», rapporte le secrétariat général du PJD dans son communiqué.
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