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Aux Jeux olympiques de Paris, nos poulets auraient dépassé le coq français. Ça serait au moins ça de gagné dans cette compétition ! Parce que, pour le moment, les Marocains sont perdants à tous les niveaux, et nous ne parlons plus de sport là ! Les portefeuilles sont mis à nu et les citoyens saignés à blanc !
Allons-nous tous devenir végétariens ? Si ce n’est pas une manne en soi, de baisser la consommation de cholestérol, il ne faut pas non plus se priver de protéines. Et c’est bien là la situation dans laquelle se trouve la grande majorité des Marocains : la privation.
A commencer par la fête du mouton qui, cette année, a eu le goût amer de l’inflation, privant les Marocains d’une fête religieuse digne de ce nom au vu des prix du bétail. Suite à cela, les prix ont galopé à la hausse. Depuis plusieurs mois, donc, le Maroc connaît une forte augmentation des prix de la volaille et de la viande rouge, suscitant des inquiétudes parmi les consommateurs et les professionnels du secteur.
Le prix moyen de la volaille a atteint les 30 dirhams le kilogramme, 32 dirhams dans certains quartiers de Casablanca, quant au filet de dinde (oui, oui, même lui), il se vend à 82 dirhams le kilo. Les prix de la viande rouge ont également connu une hausse désemparente. A l’heure où nous écrivons ces lignes, la viande hachée de bœuf est à 95 dirhams le kilo, le gigot d’agneau à 165 dirhams le kilo, les rognons de bœuf à 135 dirhams… Vous l’aurez compris, les Marocains vont bien maigrir cet été ! « Cette situation a augmenté les coûts au niveau national et affecté le pouvoir d’achat des consommateurs marocains. Actuellement, le marché marocain affiche des prix élevés par rapport à d’autres pays, ce qui explique l’augmentation récente de 0,35 dirham d’une nuit à l’autre, malgré la baisse des prix des matières premières sur le marché international. Bien que les prix soient libres et soumis à la loi de l’offre et de la demande, une telle hausse uniforme au niveau national pourrait suggérer un éventuel accord. Quant à l’exportation, elle ne pose pas de problème tant que la demande intérieure est satisfaite et qu’il y a un excédent », explique Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur à Le Brief.
Cette flambée des prix a de nombreuses causes, allant des facteurs locaux à des dynamiques internationales complexes.
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L’une des principales raisons de la hausse des prix de la volaille est une hausse habituelle en cette période estivale. Le Maroc a toujours noté des hausses de prix de volaille en cette période. « La viande rouge est arrivée à un niveau de prix que nous n’avons jamais connu. Et donc, la protéine animale la moins chère est le poulet. Avant, nous étions à un prix de vente, à la ferme, de 15 dirhams le kilo de poulet, actuellement ce prix est de 20 dirhams environ. Il y a plusieurs étapes d’acheminement, il y a la ferme, le grossiste, le semi-grossiste et l’abattoir de quartier. La demande, s’est fortement accrue pour le poulet, les gens qui n’ont pas les moyens de payer un kilo de viande se tournent vers le poulet », explique Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) à Le Brief.
Outre ce premier point, le spécialiste nous explique que la production augmente lors de cette période estivale, avec l’arrivée des touristes, des MRE et la forte augmentation de mariages en juillet-août. Toutefois, face à la hausse des prix de la viande, la demande est encore plus forte : « Nous n’avions pas anticipé la flambée des prix de la viande rouge à ce point. Nous avons préparé la saison des festivités, mais nous n’avons pas anticipé une hausse aussi vertigineuse de la viande rouge. Nous avons donc une offre limitée, et le poulet a besoin d’un long cycle. Entre le cycle de production et le cycle de vente, il a besoin de 60 jours. Nous avons besoin de 60 jours pour vraiment augmenter la production, et pour faire baisser les prix. Donc tout cela vient du fait que la viande rouge a tiré toutes les autres protéines vers le haut », détaille Youssef Alaoui. En d’autres termes, même s’il s’agit d’une situation plus qu’ennuyeuse, elle ne relève pas du secteur de la volaille.
Les producteurs de volaille au Maroc ont aussi été confrontés à une hausse des prix des matières premières nécessaires à l’alimentation des poulets, notamment le maïs. Ces matières premières sont majoritairement importées et leur prix a considérablement augmenté sur le marché international en raison de plusieurs facteurs, notamment :
- conditions météorologiques défavorables : des sécheresses et des conditions météorologiques extrêmes dans les principaux pays producteurs de maïs ont réduit les rendements, entraînant une diminution de l’offre.
- hausse des prix de l’énergie : l’augmentation des coûts de l’énergie, en particulier du pétrole, a impacté les coûts de transport et de production des aliments pour animaux.
La pandémie de COVID-19 a aussi perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales, et le secteur de la volaille n’a pas été épargné. Les restrictions de transport, les fermetures temporaires d’usines de transformation, et les difficultés logistiques ont entraîné des retards et des augmentations des coûts de production et de distribution.
« Avant la pandémie de COVID-19, le Maroc avait un bon niveau de production d’œufs, atteignant l’autosuffisance et commençant même à exporter, ce qui était considéré comme un succès pour le secteur des œufs et le ministère de l’Agriculture. Cependant, après la pandémie, et en particulier au cours de la deuxième année, les marchés internationaux des matières premières pour la fabrication d’aliments pour poules et œufs ont connu des fluctuations importantes, entraînant une hausse considérable des prix», déclare Kherrati.
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Tout comme pour la volaille, les coûts de l’alimentation animale ont augmenté, impactant les éleveurs de bovins, de moutons et de chèvres. L’alimentation animale représente une part significative des coûts de production pour les éleveurs, et toute augmentation de ces coûts se répercute inévitablement sur les prix de vente de la viande.
Le Maroc a connu des périodes de sécheresse ces dernières années, affectant les pâturages et les ressources en eau nécessaires à l’élevage du bétail. Le manque de fourrage et d’eau a réduit les capacités de production des éleveurs, entraînant une diminution de l’offre de viande rouge.
L’impact sur le consommateur
L’augmentation des prix de la volaille et de la viande rouge réduit considérablement le pouvoir d’achat des consommateurs marocains. Ces produits étant des éléments clé de l’alimentation, leur hausse de prix oblige les ménages à allouer une plus grande part de leur budget à ces achats, ce qui restreint leur capacité à dépenser pour d’autres besoins essentiels tels que les fruits, les légumes, l’éducation, la santé… Les familles à revenu modeste sont particulièrement touchées, ce qui peut conduire à des sacrifices quotidiens et à une diminution de la qualité de vie. « Pour les viandes blanches, leur prix est toujours en haute augmentation tant que ceux des viandes rouges et des poissons suivent la même courbe. De tout temps, il y avait une éternelle substitution entre les différentes origines des protéines animales par le consommateur. Mais, avec ces augmentations de prix, qui n’ont rien à voir avec l’inflation et ni les coûts à l’international, le consommateur se trouve piégé entre le marteau des professionnels et l’enclume de la dégradation de son pouvoir d’achat. Les protéines des pauvres sont désormais devenues difficiles à atteindre même pour les nababs », s’indigne Bouazza Kherrati.
Outre le point financier, la volaille et la viande rouge sont des sources importantes de protéines, de fer, de zinc, et de vitamines B, essentiels pour une alimentation équilibrée. Une diminution de la consommation de ces produits, due à leur coût élevé, peut entraîner des carences nutritionnelles, notamment chez les enfants, les femmes enceintes, et les personnes âgées. Les carences en fer, par exemple, peuvent provoquer une anémie, affectant la santé générale et la capacité à se concentrer. Face à la hausse des prix, les consommateurs marocains adaptent leurs habitudes de consommation. Ils se tournent généralement vers des sources de protéines alternatives comme les légumineuses, ou encore le poisson, si seulement ce dernier était encore abordable ! La sardine à 40 dirhams… on repassera !
Les producteurs de volaille et de viande rouge doivent faire face à une augmentation de leurs coûts de production, ce qui peut réduire leurs marges bénéficiaires. Les petits éleveurs, en particulier, peuvent être gravement touchés, risquant de ne plus pouvoir maintenir leurs activités. Toutefois, s’agissant de la volaille, les professionnels du milieu ne peuvent se permettre d’augmenter la production : « Il y a aussi un risque à augmenter la quantité. Et si la viande rouge revenait à des prix normaux, en septembre ? Nous allons nous retrouver en situation de surproduction, nous allons vendre à perte, alors qu’il n’y aura ni touristes, ni mariages. Allons-nous ajouter, ou pas ? C’est du spéculatif », conclut Alaoui.
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