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Vers une normalisation des relations diplomatiques avec Téhéran ?

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Drapeaux du Maroc et de l'Iran © DR

Serait-ce le bout du tunnel pour les relations entre le Maroc et l’Iran ? Les dernières déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères laissent envisager une possible réconciliation. D’autre part, la réaffirmation de la position du régime iranien, soutenant le polisario, laisse planer le doute. Voici pour l’heure ce que l’on sait.

Dans une déclaration lors d’un événement à l’occasion de l’Aïd al-Adha, rapportée par des médias locaux, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a exprimé la volonté de Téhéran de rétablir ses relations avec plusieurs pays arabes, dont le Maroc et l’Égypte.

Cette annonce, prenant tout le monde de court, intervient quelques mois après la réconciliation du pays avec l’Arabie saoudite. Les deux pays ont décidé de normaliser leurs relations le 10 mars, avec la médiation chinoise, après une relation froide de sept ans. Des retrouvailles qui ont également permis le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, lors du sommet organisé en mai à Djeddah, après 12 ans de suspension.

«Parmi les priorités de la politique étrangère de l’Administration du président iranien Ebrahim Raïssi figure l’attention particulière portée aux relations de son pays avec le monde musulman et les États de la région. (…) Nous nous félicitons du développement des relations et de la normalisation avec d’autres pays régionaux et musulmans, y compris la République arabe d’Égypte et l’État musulman et frère du Maroc», a souligné jeudi à Téhéran Hossein Amir Abdollahian, lors d’une réunion avec des ambassadeurs de pays musulmans.

Cependant, la partie est encore loin d’être gagnée, tant les sujets de désaccords avec le régime iranien sont nombreux. De plus, le représentant de l’Iran à la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU a réitéré l’hostilité du régime envers le Maroc en soutenant le polisario et en faisant sienne la position de l’Algérie.

En réalité, l’Iran tente de retrouver sa légitimité sur la scène internationale. Sous sanctions occidentales, ébranlé par une révolte populaire suite à la mort de la jeune Masha Amini, le pays semble se résigner à redorer son blason par une politique de détente à l’endroit de ses ennemis historiques tels que l’Arabie Saoudite.

L’Iran tend la main,

«L’Iran se félicite du développement et de la normalisation des relations avec d’autres pays de la région et du monde islamique, y compris l’Égypte et le Maroc», a affirmé Hossein Amir Abdollahian, ministre iranien des Affaires étrangères.

Les relations diplomatiques entre l’Iran et l’Égypte ont été rompues en 1979, lorsque le Caire a accordé l’asile au chah iranien évincé, Muhammad Reza Pahlavi, en plus de la signature de l’accord de paix de Camp David avec Israël.

Par ailleurs, le Royaume avait rompu ses relations avec l’Iran en mai 2018 et fermé son ambassade à Téhéran en raison de soupçons de son ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes et son rôle suspect dans le soutien du Front polisario, comme le fait le régime iranien avec les milices yéménites Houthis, considérant cela comme une «menace pour la sécurité du Maroc».

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita avait alors ouvertement accusé Téhéran «d’entraîner et d’équiper les milices du polisario via son bras armé, le Hezbollah». «Le Maroc dispose de preuves irréfutables, de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du Royaume», avait affirmé le chef de la diplomatie marocaine. Une accusation que Téhéran n’a jamais réfutée par des preuves tangibles, bien qu’elle continue de la démentir.

Ce n’est toutefois pas une première. Le Maroc et l’Iran avaient initié un dialogue, en 2014, en Tunisie, alors que les relations étaient rompues depuis 2009. Un processus qui s’est soldé par l’échange d’ambassadeurs.

Et, à cette annonce iranienne, le Maroc n’a toujours pas réagi. La position de Rabat est d’autant difficile à imaginer que la relation avec l’Iran est tellement tendue et compliquée. Lorsqu’il s’agit de son intégrité territoriale, le Royaume reste intraitable. À cela s’ajoute la proximité du régime iranien avec l’Algérie, laquelle est mal perçue par le Royaume qui y voit une menace. Ce n’est pas tout. Les sujets de désaccords entre les deux pays sont nombreux.

… mais reste hostile

L’État iranien, devenu paria vu son ingérence déstabilisatrice quasi-chronique au Moyen-Orient (intervention en Syrie, soutien aux rebelles Houtis au Yémen, parrainage du Hezbollah au Liban…), a toutefois réaffirmé, lors des réunions de la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU, l’hostilité de l’Iran envers le Maroc en soutenant le polisario.

En effet, le quotidien Assabah rapporte, dans son édition datée du lundi 3 juillet, que le représentant de l’Iran à ladite session a réitéré l’intention de son pays d’user de son appareil de propagande pour défendre la thèse séparatiste et porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume.

«L’Iran démontre, jour après jour, qu’il n’est pas digne de confiance et qu’il n’a toujours pas digéré la décision du Royaume de rompre ses relations diplomatiques avec lui, en 2018», commente pour Assabah un observateur averti de la politique iranienne.

D’ailleurs, le 8 mars 2023, le comité ministériel arabe chargé de l’Iran s’était réuni au Caire et avait clairement réitéré sa solidarité avec le Royaume du Maroc face à l’ingérence du régime iranien et de son allié le “Hezbollah” dans les affaires intérieures du Royaume, attestant en cela que l’armement et l’entraînement par l’Iran d’éléments séparatistes du front polisario «menacent l’intégrité territoriale, la sécurité et la stabilité du Maroc».

«Ces pratiques dangereuses et inacceptables s’inscrivent dans la continuité de l’approche déstabilisatrice du régime iranien envers la sécurité et la stabilité régionales», relevait également le texte publié par le comité. Une entente «secrète ou tacite» avec la complicité de l’Algérie et de l’Iran, qui vise ni plus ni moins, selon les observateurs politiques, au contrôle du Sahel, un pré-carré où les grandes puissances mondiales ont leur mot à dire.

Pour Assabah, le même intervenant explique que «le recours de l’Algérie aux services de l’Iran au sein de l’ONU constitue un autre indice de l’état de récession diplomatique et politique de la junte militaire qui a jubilé après avoir obtenu un siège au conseil de sécurité comme si ce strapontin allait lui permettre d’imposer sa volonté à la communauté internationale».

Le Monde rapportait que l’objectif dans l’affaire pour le régime algérien est de faciliter l’installation de bases militaires russes au Sahel avec l’aide de l’Iran. Ainsi, Alger recevrait un approvisionnement important en drones de Téhéran, qui iraient directement à la milice armée du polisario.

Le quotidien arabophone conclut que «l’Iran continuera à s’attaquer aux intérêts du Maroc à travers le mouvement Al Adl Wal Ihsane qui s’est allié avec des parties qui ont échoué dans leurs tentatives de faire plier le Royaume. Ces alliances contre-nature vont continuer à cibler le Maroc, mais elles n’atteindront jamais leur objectif, car leurs méthodes ont été dénoncées et leurs complots révélés. Les Marocains ont depuis longtemps compris les manœuvres de ce mouvement et de ses acolytes pour ne plus croire aux prédications de ses dirigeants».

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