Accueil / Politique

Vague rose en Amérique latine : le Maroc sur ses gardes

Temps de lecture

Le roi Mohammed VI et le président Luiz Inacio Lula Da Silva, lors de la visite du Souverain à Brasilia, le 26 novembre 2004 © DR

Alors que l’Amérique latine vire à gauche avec une série de succès électoraux dans plusieurs pays comme le Mexique, l’Argentine, la Bolivie, le Pérou, le Chili et la Colombie, voilà qu’un représentant de la vague rose initiale fait son retour aux affaires. L’élection de Luiz Inacio Lula Da Silva en tant que président du Brésil consacre le retour en force de la gauche en Amérique latine, une gauche prompte à soutenir les thèses séparatistes. Décryptage.

Retour inédit au sommet de l’État brésilien de Lula da Silva. Celui qui était président du Brésil entre 2003 et 2010 a fait son come-back après un emprisonnement de deux ans et demi pour soupçons de corruption et de blanchiment d’argent renoue avec la présidence et sera investi pour succéder à Jair Bolsonaro le 1?? janvier 2023. Avec ce retour de Lula, les pays latinoaméricains gouvernés majoritairement par des partis ou des coalitions de gauche obtiennent un renfort de taille.

Lire aussi : Sahara : la bataille d’Amérique latine

Le Brésil, locomotive de l’Amérique latine

Lula fait partie de la première vague rose et avait côtoyé, lors de ses deux mandats de 2003 à 2010, les figures de proue de la gauche latino-américaine comme le Bolivien Evo Morales, le Vénézuélien Hugo Chavez sans oublier Michele Bachelet au Chili et Rafael Correa en Équateur. Tous parrainés à l’époque par Fidel Castro himself. Aujourd’hui, le retour de la gauche peut être considéré comme une sorte de « dégagisme » face à la mauvaise gestion des affaires publiques dans plusieurs pays que par un basculement de l’électorat vers les idéaux socialistes.

Quoi qu’il en soit, les élections de présidents de gauche dans les pays latino-américains sont une chose et le retour de la gauche au Brésil en est une autre. On parle de la première puissance économique, politique et démographique de la région. Rabat l’a compris depuis fort longtemps et n’a cessé de nouer des partenariats avec Brasilia.

Lire aussi : Le Roi félicite le nouveau président du Brésil

Quelles conséquences sur le dossier du Sahara ?

Les premières réactions euphoriques des chefs d’État des pays de la région en disent long sur le respect voué à cet ancien syndicaliste qui portera le drapeau de la justice sociale dans « la grande patrie ». Seulement voilà, ces présidents gauchistes font la pluie et le beau temps en termes de politique extérieure. Ils ne respectent généralement pas les engagements pris par leurs prédécesseurs et balaient d’un revers de la main le principe de la continuité de l’État. Le Maroc est très sensible par rapport à cette question qui peut porter atteinte à sa première cause nationale. On l’a vu à plusieurs reprises, dans l’une des premières décisions de politique étrangère, le nouveau président péruvien Pedro Castillo a rétabli les relations avec la pseudo RASD en septembre 2021. C’est le même cheminement pour la Colombie. Le nouveau président de gauche colombien Gustavo Petro, qui est entré en fonction début août, a décidé de renouer les relations avec les séparatistes gelées depuis 2001. Sur la base du décompte fait par la diplomatie marocaine, 32% des pays latino-américains reconnaissent le Polisario et sa république chimérique. Il ne faudrait pas donc que cette liste se rallonge.

Lire aussi : Sahara : le plan d’autonomie rallie plus de pays

Si le mandat de Bolsonaro a été un long fleuve tranquille pour la diplomatie marocaine, celui de Lula ne devrait pas connaître de grandes turbulences. C’est que l’homme connaît bien le dossier. Il en a discuté de vive voix en 2004 avec le roi Mohammed VI lors de son séjour à Brasilia dans le cadre d’une tournée en Amérique latine. De plus, le Brésil n’a jamais reconnu l’entité fantoche. Le Parti des travailleurs (PT) du président Lula compte pourtant parmi les fervents défenseurs du Polisario. Aussi, lors du mandat de la présidente de gauche Dilma Rousseff (2011-2016), la position du Brésil est restée inchangée, toujours modérée quand il s’agissait de s’exprimer sur la question du Sahara.

Lire aussi : Dakhla : inauguration d’une représentation de la Chambre de commerce maroco-afro-brésilienne

Le retour au pouvoir de Lula ne devrait pas créer des problèmes pour le Maroc. Aujourd’hui, les deux pays coopèrent efficacement dans plusieurs domaines avec des liaisons aériennes quotidiennes, une complémentarité dans le segment des phosphates et dérivés et un partenariat win-win dans plusieurs secteurs. Tout cela, le nouveau président brésilien va le prendre en considération et aller de l’avant afin de «consolider le partenariat stratégique multidimensionnel entre les deux pays, et de le développer pour répondre aux aspirations communes», comme l’a souhaité le Souverain dans son message de félicitations à Lula.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Nasser Bourita reçoit le ministre djiboutien des AE, porteur d’un message au Roi

Politique - Le Royaume du Maroc s’est constamment engagé à soutenir Djibouti dans son processus de développement.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Rabat : 22ème réunion de la Commission militaire mixte maroco-française

Politique - Les échanges ont porté sur la coopération militaire bilatérale et les enjeux sécuritaires régionaux et internationaux.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Éducation : un budget record, des résultats en berne

Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024
Voir plus

Samira Sitaïl : la dame de fer nommée ambassadrice du Maroc en France

Politique - Lors du Conseil des ministres, le roi Mohammed VI a nommé Samira Sitaïl ambassadrice du Maroc en France

Rédaction LeBrief - 20 octobre 2023

Al Qods : le Parlement arabe salue le rôle du roi Mohammed VI

Politique - Le Parlement arabe a salué le rôle central du roi Mohammed VI, Président du Comité Al Qods, dans la défense de la cause palestinienne.

Ilyasse Rhamir - 15 décembre 2024

Rachid Talbi Alami en Slovénie pour une visite de travail

Politique - Le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, est en Slovénie pour une visite de travail.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024

Le Roi adresse un message de condoléances à Biden suite au décès de Jimmy Carter

Politique - Le roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances à Biden suite au décès de Jimmy Carter.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

Grand oral d’Akhannouch : ce qu’il faut retenir

Économie, Politique - Aziz Akhannouch fait le point sur les mesures adoptées par son gouvernement pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens.

Khadija Shaqi - 25 octobre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire