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La France renoue avec le Maroc dans un élan diplomatique visant à fortifier les alliances en matière de sécurité et de défense, sur fond d’apaisement des tensions bilatérales. La dynamique franco-marocaine semble regagner de la vigueur à travers une reprise des dialogues stratégiques au plus haut niveau. Le premier ministre français, Gabriel Attal est attendu dans le Royaume, marquant la poursuite d’un intense ballet diplomatique initié il y a trois mois.
L’initiative de rapprochement, dirigée par Stéphane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères, répond à une volonté explicite du président Emmanuel Macron de prioriser la réconciliation avec le Maroc. Ce réengagement survient à un moment stratégique, juste avant les Jeux Olympiques, un événement où la France espère brillamment se positionner sur la scène internationale avec l’appui essentiel du Maroc pour garantir la sécurité de l’événement.
La coopération sécuritaire avec le Maroc s’avère être un pilier de la stratégie sécuritaire de l’Hexagone, souligné par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, lors de sa récente visite au Maroc. Il a explicitement valorisé le rôle indispensable des services de renseignement marocains, déclarant que «sans leur assistance, la France serait davantage vulnérable», témoignant de l’importance de cette alliance pour la sécurité nationale française.
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Espoirs et réalités de la coopération sécuritaire
Paris nourrit de grands espoirs quant à la récente amélioration de ses relations avec Rabat, anticipant un renforcement de la coopération sécuritaire, essentielle pour la France. La qualité des interactions entre les services de renseignement des deux nations a souvent reflété l’état général de leur relation bilatérale. Malgré une période de tensions tacites ces dernières années, la collaboration judiciaire et sécuritaire n’a jamais été totalement interrompue, même après l’incident diplomatique de 2015 impliquant une tentative française de convoquer Abdellatif Hammouchi. Cet épisode demeure un souvenir vivace, ayant laissé une empreinte profonde sur les relations franco-marocaines.
Alain Juillet, ancien directeur du Renseignement à la DGSE, admet que cet incident était une faute notable des autorités françaises, en contradiction avec les pratiques diplomatiques et politiques établies. «C’était surprenant, même pour les diplomates au Quai d’Orsay. Je ne pense pas qu’on verra se répéter un tel incident à l’avenir, les leçons ayant été tirées», déclare-t-il, reconnu pour sa franchise.
Les services de renseignement des deux pays ont démontré leur capacité à collaborer même dans un climat de tensions politiques. Preuve en est, leurs succès communs, comme l’arrestation de plusieurs fugitifs recherchés par la France. Grâce aux renseignements fournis par le Maroc, les autorités françaises ont pu capturer une des figures impliquées dans une attaque d’église durant les fêtes de Pâques. Plus récemment, Félix Bingui, un grand narcotrafiquant marseillais, a été arrêté au Maroc, ce qui a suscité les louanges publiques de Gérald Darmanin, qui a exprimé sa gratitude envers le Maroc sur les réseaux sociaux. Le rapatriement de l’imam controversé, Hassan Iquioussen, en pleine crise diplomatique, illustre également que le Maroc ne conditionne pas sa coopération sécuritaire aux circonstances, soulignant la robustesse et la fiabilité de ce partenariat stratégique.
Entre renouvellement générationnel et enjeux militaires
Cependant, le véritable enjeu réside désormais dans l’établissement d’un lien de confiance durable. Alain Juillet souligne une préoccupation croissante : la nouvelle génération de hauts fonctionnaires français semble moins familière avec le Maroc que leurs prédécesseurs. «Il est essentiel que les futures générations apprennent à mieux se connaître et à renforcer mutuellement cette connaissance », insiste-t-il. Dans cet esprit, Gérald Darmanin, lors de son passage au Maroc, a évoqué la nécessité de «changer de logiciel», signalant une volonté de rompre avec les anciennes habitudes pour embrasser une nouvelle ère de relations bilatérales.
Sur le plan militaire, bien que la France ait perdu du terrain en tant que fournisseur privilégié du Royaume, qui se tourne davantage vers les États-Unis et récemment vers Israël, la coopération subsiste. Le Maroc et Israël ont récemment conclu un accord militaire sans précédent, provoquant une certaine inquiétude en France. Cet accord favorise des contrats notamment dans l’artillerie et les drones, des secteurs où la France est moins compétitive.
Néanmoins, les dernières années ont vu un regain d’intérêt pour l’armement français. Les Forces Armées Royales du Maroc continuent de valoriser le savoir-faire français, comme en témoigne l’achat des canons Caesar en 2020, perçus comme un élément transformateur dans l’artillerie, avec une livraison commencée en 2021. En outre, l’acquisition des radars Ground Master 400 (GM400) en 2019 auprès de Thales et les véhicules blindés Sherpa confirment la confiance des militaires marocains dans l’industrie de défense française.
Perspectives de renforcement de la coopération militaire
Alain Juillet estime que la coopération militaire franco-marocaine pourrait retrouver son éclat d’antan, à condition que la France tire les leçons de ses erreurs passées et que les industriels proposent des offres plus compétitives. De son côté, François Chauvancy, ancien général de l’Armée française, souligne l’interdépendance entre le commerce des armes et le contexte politique. Il rappelle que «les contrats d’armement se composent à 50% de considérations politiques, le reste relève de stratégies militaires».
Malgré les efforts manifestes de la France pour renforcer les liens bilatéraux, son rôle dans le dossier du Sahara reste un point critique, avec des attentes fortes pour qu’elle adopte une position plus affirmée. Les experts s’accordent à dire que cette démarche est essentielle pour une réconciliation durable. Juillet, quant à lui, reste optimiste sur le rétablissement des relations traditionnelles, soulignant que «les vieux liens finissent souvent par se resserrer».
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Renouvellement et diversification de l’arsenal marocain face aux impasses diplomatiques
En 2006, le Maroc a entrepris de moderniser sa flotte de combat, considérée obsolète. Le choix s’était rapidement porté sur les avions Rafale, un choix stratégique fortement soutenu par les autorités marocaines qui répondaient aux exigences des Forces Armées Royales. Les négociations avec Dassault et le gouvernement français, sous la présidence de Jacques Chirac et le gouvernement de Dominique de Villepin, ont débuté avec optimisme mais se sont vite heurtées à des obstacles, notamment sur les questions de prix et de conditions de financement.
Le Maroc envisageait l’acquisition de 18 Rafale pour un montant de 2,1 milliards d’euros, proposition que la France a fait sans offrir d’options de crédit, ce qui a été refusé par le Maroc. Les tensions ont culminé lorsque le ministre de l’Économie français s’est montré inflexible sur le financement, contre l’avis de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie.
Dans ce contexte de négociations bloquées, les États-Unis ont su tirer leur épingle du jeu en proposant au Maroc des F-16 à un prix inférieur (1,6 milliard d’euros) et avec des conditions de crédit plus favorables, incluant une aide au développement. Cette situation a marqué un tournant dans la coopération militaire entre la France et le Maroc, orientant désormais le Royaume vers l’armement américain.
Lors d’une conférence récente à Casablanca, organisée par la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc, Alain Juillet a donné une conférence sur la géopolitique mondiale, critiquant ouvertement la politique extérieure française. Selon lui, la France se rendra compte de l’importance de renouer avec ses «vieux amis» après les déboires de son rapprochement avec l’Algérie, jugé infructueux par de nombreux observateurs à Paris. Juillet a souligné le sentiment général parmi les hommes d’affaires français, qui plébiscitent une réconciliation durable avec le Maroc.
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