Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et son homologue français Nasser Bourita. © DR
Dans une manœuvre diplomatique visant à dissiper les frictions entre la France et le Maroc, le président français Emmanuel Macron a conféré à Stéphane Séjourné la mission de revitaliser les relations bilatérales. Séjourné, qui avait précédemment suscité la controverse au Maroc en tant qu’eurodéputé pour avoir critiqué les pratiques du pays en matière de liberté d’expression, s’est engagé publiquement à rapprocher les deux pays. Il a exprimé sa détermination promettant d’agir activement dans les semaines et mois à venir pour surmonter les différends.
Cette démarche de réconciliation intervient après une période marquée par des malentendus et des tensions, que Séjourné attribue à des «incompréhensions» ayant engendré des difficultés dans les interactions franco-marocaines. Parmi ces efforts, rappelons que le Maroc a nommé Samira Sitaïl, une figure respectée du journalisme et de la communication, au poste d’ambassadrice en France, mettant fin à une longue période d’absence représentative. Une nomination qui souligne l’importance que le Royaume accorde à ses relations avec l’Hexagone, indiquant un engagement sérieux en faveur d’un partenariat renouvelé et dynamique entre les deux nations.
La détente entre les deux pays s’est aussi manifestée à travers plusieurs événements plus récents. L’on cite dans ce sens l’invitation des sœurs du roi Mohammed VI à l’Élysée par Brigitte Macron. Un geste interprété comme un signe de bonne volonté et de normalisation diplomatique. Bien que le président Macron n’ait pas participé à ce déjeuner, sa salutation envers les princesses marocaines témoigne la disposition de la France à renouer des liens chaleureux avec le Maroc.
La question délicate du Sahara
Au cœur de ces tensions se trouve la question épineuse du Sahara, un territoire marocain, mais revendiqué par les séparatistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. La souveraineté du Royaume sur ce territoire est un pilier de sa politique étrangère depuis cinquante ans, et Rabat attend de ses partenaires internationaux qu’ils reconnaissent explicitement cette souveraineté. En 2022, le roi Mohammed VI a d’ailleurs exhorté les pays ayant une position ambiguë sur ce dossier à clarifier leur stance, une allusion à peine voilée à la France qui, jusqu’à présent, a évité de prendre position officiellement pour ne pas froisser l’Algérie.
Cependant, des indications récentes suggèrent que le Maroc pourrait être prêt à modérer sa demande de reconnaissance de la «marocanité» du Sahara, ce qui pourrait faciliter une détente dans les relations franco-marocaines. Pourtant, le politologue Hasni Abidi note que tout rapprochement de la France avec le Maroc sur cette question délicate risquerait d’aliéner l’Algérie, posant un défi diplomatique majeur pour le président Macron.
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Renforcement des liens franco-marocains
Dans le cadre du dialogue diplomatique visant à consolider les liens entre les deux pays, Stéphane Séjourné a rencontré à Rabat son homologue Nasser Bourita le 26 février 2024. De leur côté, les deux ministres ont exprimé leur détermination à surmonter les récentes tensions diplomatiques, envisageant une ère de coopération basée sur le respect mutuel. Séjourné, qui effectue sa première tournée au Maghreb depuis sa nomination, a évoqué un partenariat «d’exception» avec le Maroc, conformément aux aspirations d’Emmanuel Macron. D’autre part, Bourita a souligné l’unicité des relations bilatérales, soulignant leur importance sans précédent.
Par ailleurs, les discussions ont notamment porté sur le Sahara, sujet sensible pour le Maroc. En outre, Séjourné a réaffirmé le soutien de la France au plan d’autonomie proposé par le Maroc, marquant un engagement à progresser sur ce dossier. De plus, il a souligné la nécessité d’avancer, reconnaissant l’importance vitale de cette question pour le Maroc.
Cependant, le Royaume, qui a bénéficié de la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara par les États-Unis fin 2020, continue de chercher un soutien international pour sa cause. De ce fait, la France envisage de soutenir le développement du territoire, en adéquation avec les efforts marocains, notamment dans les domaines du développement local, de la formation, des énergies renouvelables et du tourisme.
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Les efforts de réconciliation
Afin de renforcer cette dynamique positive, Séjourné a annoncé les prochaines visites au Maroc de Rachida Dati, ministre de la Culture, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. En échange, la France invite les ministres marocains à Paris, témoignant d’une volonté de partage et de rapprochement.
Toutefois, les relations franco-marocaines ont été tendues ces dernières années, marquées par des controverses sur la politique des visas, des accusations d’espionnage via le logiciel Pegasus, et des divergences sur la liberté de la presse. Néanmoins, Séjourné a cependant présenté une «feuille de route claire et ambitieuse» pour rénover les liens bilatéraux, en vue d’un partenariat durable pour les trois décennies à venir.
Bourita voit dans cette relation renouvelée une opportunité pour le Maroc, affirmant la nécessité d’une collaboration fondée sur le respect mutuel et l’ambition. Malgré cela, Paris continue de maintenir ses engagements envers Alger, avec des rencontres diplomatiques prévues pour renforcer également les liens avec l’Algérie.
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Renforcement des relations économiques
La visite de Bruno Le Maire, prévue pour la fin avril, symbolise un nouvel élan dans les relations économiques entre la France et le Maroc. Ce déplacement qui succède à celui de Stéphane Séjourné, témoigne de l’engagement des deux pays à intensifier leur collaboration. Du 24 au 26 avril, Bruno Le Maire sera au cœur de plusieurs initiatives, dont une mission commerciale impliquant une centaine d’entreprises françaises et le Forum d’affaires Maroc-France. Ce dernier, organisé en collaboration avec les principales organisations patronales des deux pays, la CGEM et le MEDEF, se tiendra le 26 avril et promet d’être un moment important pour le renforcement des liens économiques bilatéraux.
L’événement à Rabat réunira entre 100 et 150 dirigeants d’entreprises français, avec une attention particulière portée aux secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’énergie et du développement urbain durable. Ces rencontres visent à ouvrir de nouvelles avenues de coopération et à explorer les opportunités d’investissement mutuel. Le ministre français de l’Économie mènera les discussions avec Nadia Fettah, son homologue marocaine, pour discuter des moyens d’approfondir les échanges économiques et commerciaux entre les deux nations.
L’objectif de la mission d’entreprises organisée par le MEDEF est de revitaliser la coopération économique entre les secteurs privés français et marocain. Avec 1.300 filiales françaises employant plus de 80.000 personnes au Maroc et constituant la première destination des investissements directs étrangers français en Afrique. Les entreprises des deux nations ont établi de solides réseaux de co-production dans divers secteurs, illustrant la vision du «made with Morocco» qui dépasse la simple relation commerciale pour embrasser une véritable collaboration industrielle et d’investissement.
Cette dynamique sera renforcée par la visite attendue de Gérard Larcher, président du Sénat français, accompagné d’une délégation de sénateurs, prévue également en avril. Ces échanges illustrent le réchauffement continu des liens franco-marocains, souligné par Stéphane Séjourné qui a fait de cette amélioration une priorité depuis sa nomination.
Prélude à la visite de Macron au Maroc
La visite actuelle des officiels français au Maroc prépare le terrain pour une potentielle visite d’Emmanuel Macron, anticipée avant l’été, marquant un effort de rapprochement entre les deux nations. Malgré les récentes tensions, les interactions entre les deux pays n’ont jamais cessé, allant des sommets gouvernementaux aux acteurs économiques. Les échanges fructueux entre Nadia Fettah et Bruno Le Maire en octobre dernier à Marrakech lors des assemblées du FMI et de la Banque mondiale, témoignent de cette continuité. Le Maire a rencontré aussi Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain, affirmant la profondeur et l’importance des relations franco-marocaines lors d’un entretien avec Forbes. Ces développements annoncent une nouvelle phase dans les relations bilatérales entre les deux pays.
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