Ukraine-Russie : le point sur la situation au 21 avril

Sur le terrain

Les forces russes progressent actuellement dans le Donbass dans le cadre d’une nouvelle offensive après avoir échoué à prendre la capitale, Kiev :

• • Le président russe a jugé ce matin que ses forces avaient avec «succès» pris le contrôle de Marioupol, port stratégique de la mer d’Azov, ordonnant d’assiéger les derniers combattants ukrainiens plutôt que de donner l’assaut sur le site industriel Azovstal, où ils sont retranchés.

• • Les derniers combattants ukrainiens de Marioupol, dans le Donbass, réclament à la communauté internationale des «garanties de sécurité», au moment où les forces russes comptent s’emparer de la totalité de cette ville assiégée où sont bloqués soldats et civils. «Nous sommes prêts à quitter Marioupol avec l’aide d’un tiers», munis d’armes, «afin de sauver les personnes qui nous ont été confiées», a dit, jeudi matin, Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov.

• • La vice-première ministre ukrainienne a exigé de la Russie qu’elle autorise la mise en place immédiate d’un couloir humanitaire pour les personnes prises au piège dans l’aciérie d’Azovstal, dernier îlot de résistance du port de Marioupol. Selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en plus de quelque 2 000 militaires ukrainiens, «environ un millier de civils, femmes et enfants» et «des centaines de blessés» sont réfugiés dans cette usine. Hier, un couloir humanitaire avait déjà été négocié pour permettre l’évacuation des civils, mais il n’a «pas fonctionné», les Russes ayant violé le cessez-le-feu, selon Verechtchouk. Quatre bus d’évacuation ont quitté la ville ce matin, emportant à leur bord des civils, mais il ne s’agissait pas de ceux piégés dans l’usine d’Azovstal.

• • Le gouverneur de Louhansk a déclaré que les forces russes contrôlaient désormais 80% de la région, l’une des deux qui composent le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Serhi Haïdaï a déclaré que, après avoir pris Kreminna, les Russes menaçaient maintenant les villes de Roubijne et Popasna et il a exhorté tous les habitants à évacuer immédiatement. Selon Serhi Haïdaï, les forces russes ont détruit tous les entrepôts de nourriture à Sievierodonetsk, l’une des plus grandes villes de la région administrative (oblast) de Louhansk. Cité par le média local The Kyiv Independent, il a ajouté que les habitants de cette ville ne pouvaient désormais recevoir de la nourriture que par le biais de l’aide humanitaire.

• • Dans son briefing quotidien publié sur Twitter, le ministère de la défense britannique a estimé que «la Russie souhaite probablement pouvoir mettre en avant des succès significatifs [sur le terrain] avant les célébrations annuelles du 9 mai, jour de la victoire [lors de la Seconde Guerre mondiale]. Cela pourrait avoir une incidence sur la rapidité et la force avec lesquelles elle tentera de mener des opérations avant cette date». Le jour de la victoire, célèbre la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie et constitue une grande fête annuelle en Russie.

• • Les corps de neuf civils ont été retrouvés mercredi à Borodianka, près de Kiev. «Ces personnes ont été tuées par les occupants [russes] et certaines des victimes présentent des signes de torture», a accusé sur Facebook le chef de la police locale, Andriy Nebytov. Borodianka a été, selon Kiev, le théâtre de «massacres de civils» durant le mois de mars, lorsque les forces russes occupaient la ville. Plus de mille corps de civils dans les morgues de la région de Kiev : «1 020 corps de civils, uniquement de civils, sont [dans les morgues] de la région de Kiev», a déclaré la vice-première ministre ukrainienne Olga Stefanishyna. Depuis le retrait des forces russes de la région de Kiev, à la fin de mars, des centaines de corps de civils ont été retrouvés par les autorités ukrainiennes, qui accusent, avec les Occidentaux, la Russie de «crimes de guerre», ce que dément Moscou.

• • «Un nouvel échange de prisonniers a eu lieu. Nous faisons revenir 19 personnes, dont dix militaires (parmi lesquels deux officiers) et neuf civils», a déclaré sur Telegram la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk. «Il y a cette fois des blessés parmi les personnes libérées et c’est très important. Ils vont à présent pouvoir bénéficier de soins complets et suivre une rééducation», a-t-elle précisé, sans indiquer le nombre de Russes remis à Moscou. Le précédent échange, cinquième depuis l’invasion russe, avait permis la libération de 73 Ukrainiens, avait annoncé mardi Verechtchouk.

• • Moscou a affirmé, mercredi, avoir réussi le premier tir d’essai de Sarmat, son missile intercontinental. Le Pentagone a réagi, en assurant que le tir était un essai de «routine» et ne constituait «pas une menace» pour les États-Unis ni pour leurs alliés.

Sur le plan diplomatique

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué, mercredi sur BFM-TV, l’attitude des Occidentaux la qualifiant de «plus chaleureuse» en relation avec l’aide matérielle apportée à l’Ukraine. «Nous attendons les livraisons des armements, nous avons des dates provisoires et nous avons des garanties», a dit le président ukrainien :

• • Le président américain, Joe Biden, a annoncé jeudi une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars pour l’Ukraine, avec à la clé «des armes d’artillerie lourde, des dizaines d’obusiers, 144 000 munitions ainsi que des drones», a-t-il détaillé depuis la Maison-Blanche. Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, en visite à Kiev, a annoncé que Madrid allait livrer à l’Ukraine «200 tonnes» de matériel militaire, un envoi qui représente le double de l’aide militaire envoyée jusqu’ici par l’Espagne. Kiev recevra dans les prochains jours des armes lourdes de la part de pays d’Europe de l’Est pour l’aider à contrer l’offensive russe, a déclaré jeudi la ministre de la défense allemande, Christine Lambrecht. «Il s’agit de chars de combat, de véhicules blindés ou d’autres possibilités [de matériel] que les pays peuvent céder» à l’Ukraine, a expliqué la ministre allemande lors d’une interview à la chaîne d’information continue N-TV.

• • Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, est arrivé ce matin avec son homologue danoise, Mette Frederiksen, à Kiev où ils doivent tous deux rencontrer le président Zelensky. Hier, le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est également rendu à Kiev, pour défendre «une Europe libre et démocratique». Volodymyr Zelensky avait également invité le président des États-Unis, Joe Biden, et le chef de l’État français, Emmanuel Macron, à venir en Ukraine. Pour l’heure, aucune de ces visites n’est prévue.

• • La Russie a annoncé jeudi la fermeture de consulats des pays baltes sur son sol, en représailles à des mesures similaires prises par la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, qui dénoncent l’offensive russe en Ukraine. Plus de deux cents diplomates russes ont été expulsés début avril par des pays de l’Union européenne et depuis Moscou réplique par la pareille.

• • Une réunion de l’UNESCO qui devait se tenir en Russie en juin, et dont le maintien suscitait l’indignation de pays occidentaux en raison de la guerre en Ukraine, va finalement être reportée sine die.