Les dérives du féminisme moderne : quand la lutte pour l’égalité s’éloigne de ses fondements
Tribune
Pr. Nabil AdelEnseignant chercheur
Le féminisme trouve ses origines dans la lutte noble pour les droits des femmes, notamment pour le droit de vote, l’accès à l’éducation et l’autonomie financière. Son émergence coïncide avec la révolution industrielle et l’abolition de l’esclavage dans de nombreux pays. Ces deux évolutions ont transformé profondément les structures sociales et économiques, engendrant un besoin croissant de main-d’œuvre, ce qui a progressivement remis en question les rôles traditionnels assignés aux femmes au sein de la famille et de la société. Les féministes ont donc œuvré à faire bénéficier les femmes des mêmes droits que les hommes, tant sur le plan politique, avec le droit de vote, sur le plan social, avec l’accès à l’éducation, qu’économique, avec le droit à des emplois équitablement rémunérés. Les revendications étaient, pour l’essentiel, politiques, sociales et économiques ancrées dans le désir de justice sociale et d’égalité des chances. Elles reflétaient les aspirations légitimes des femmes à jouer un rôle actif dans la société et à prendre en main leur propre destin.
Mais progressivement, le mouvement a dévié vers des revendications sociétales, qui sont pour le moins controversées, surtout dans des sociétés conservatrices ayant un ancrage profondément religieux. À titre d’illustration, alors que certaines branches du féminisme soulèvent des questions éthiques et morales autour de l’avortement, d’autres militent pour le droit absolu à cette pratique. Si le sujet peut susciter des débats légitimes sur la santé reproductive et les droits des femmes, certains courants ont adopté une posture radicale en faveur de l’avortement, affranchi de toutes nuances éthiques et morales sur le droit à la vie qui sous-tend cette pratique.
La montée de la confrontation et la stigmatisation systématique des hommes dans certains cercles féministes soulève également des frustrations quant à la polarisation de la société dans le dialogue sur l’égalité des sexes, tant toutes les revendications sur le droit de la famille vont toujours dans un seul sens. Alors que la lutte pour l’égalité des sexes devrait être inclusive et viser à créer un monde où hommes et femmes s’épanouissent ensemble, cette tendance à la confrontation et la contestation systématiques hystérise le débat, ce qui accentue les tensions dans les couples et créé une société raide où les conflits sont réglés devant les tribunaux au lieu de l’être dans un cadre plus consensuel.
La théorie du genre est un autre sujet où le féminisme contemporain est entré en confrontation directe et frontale avec la société. Cette théorie qui remet en question les notions traditionnelles de masculinité et de féminité, affirme que les identités sexuelles sont socialement construites plutôt que biologiquement déterminées. Ce faisant, elle remet en cause les réalités biologiques et l’expérience vécue des individus. Cette évolution sociétale est vivement critiquée sur ses fondements rationnels et sur la volonté d’imposer par la force de la loi sa conception du monde, créant ainsi des situations de profonde détresse dans les familles qui voient leur progéniture leur échapper.
Par ailleurs, certaines factions du féminisme ont élargi leur champ d’action pour inclure les revendications des LGBTQ+ et la défense des relations sexuelles libertaires, poussant ainsi à des confrontations frontales dans des sociétés qui ne conçoivent ces relations qu’entre un homme et une femme au sein de l’institution du mariage. Cette conception n’est pas propre aux sociétés musulmanes. Dans les cultures influencées par des traditions religieuses fortes, telles que le christianisme et le judaïsme, le mariage est considéré comme une institution sacrée et les relations sexuelles en dehors de celle-ci sont inacceptables. De même, dans certains pays à majorité chrétienne, comme ceux d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine, les normes sociales traditionnelles ne tolèrent les relations sexuelles que dans le cadre du mariage hétérosexuel. Elles ont mis en place des normes sociales strictes qui voient d’un mauvais œil les relations sexuelles en dehors du mariage. Il en est de même, des cultures traditionnelles chinoise, indienne et slave où le mariage est considéré comme sacré et les relations sexuelles en dehors de celui-ci sont socialement inacceptables, bien que des changements sociaux et culturels puissent être observés dans certaines régions urbaines et parmi les jeunes générations. De même, les relations homosexuelles sont généralement taboues et peuvent être socialement stigmatisées en raison des normes conservatrices liées à la religion et à la culture.
Toutefois, l’une des critiques les plus fortes au féminisme moderne est sa contribution à diminuer le statut de la mère au sein de la société moderne. Ainsi, les pressions sociales autour de la participation des femmes sur le marché du travail et la limitation de la réussite à la carrière professionnelle, ont conduit à la dévalorisation du travail au foyer et de l’éducation des enfants. Cette évolution a conduit, entre autres facteurs, à une baisse des taux de fécondité, un effondrement démographique et une implosion de la cellule familiale dans les sociétés où les mouvements féministes ont le plus dévié de leur cause originelle. La diminution du statut social de la mère et la dévalorisation de son rôle au sein de la famille ont contribué à des changements sociétaux profonds, affectant les dynamiques démographiques et familiales. Cette tendance a de lourdes implications à long terme sur la dynamique économique, l’harmonie sociale et l’équilibre démographique au sein de ces sociétés.
Aujourd’hui le combat légitime pour l’égalité a été confisqué par des activistes aux financements conséquents, à l’organisation redoutablement efficace et aux objectifs bien éloignés des préoccupations réelles des femmes. Leur dérive vers des agendas plus idéologiques et polarisants a contribué à fragmenter les sociétés, en stigmatisant les individus qui adhèrent aux valeurs traditionnelles, mais qui se sentent concernés par les débats sur l’égalité des sexes. Leur focalisation obsessionnelle sur des questions controversées aliène l’opinion publique et compromet la lutte noble dans son ensemble, en reléguant au second plan les véritables défis et luttes auxquels les femmes sont réellement confrontées dans leur vie quotidienne.
Mais ces préoccupations, pour nobles qu’elles soient, n’attirent pas les financeurs. Et c’est peut-être là le problème.
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