Législation et contenu numérique : un équilibre nécessaire
Tribune
Yassine KahliConseiller juridique et chercheur en sciences juridiques
La problématique de la prolifération du contenu « néfaste » sur les réseaux sociaux constitue l’un des défis majeurs de l’ère numérique actuelle. Avec l’expansion continue de ces plateformes, cette question touche non seulement aux valeurs et à l’éthique générale, mais également à l’impact de ce contenu sur les individus, les familles et la société dans son ensemble. Dans ce contexte, la proposition de modifier la loi n° 70.17, régissant le secteur du cinéma, pour y inclure la surveillance et la régulation du contenu numérique, est soulevée. Ce changement législatif peut-il être considéré comme la solution optimale pour faire face à ce phénomène ?
Les défis et opportunités de la surveillance du contenu numérique
Avant d’examiner la possibilité de modifier la loi n° 70.17 pour inclure la surveillance du contenu numérique, il est essentiel de prendre en compte plusieurs aspects fondamentaux liés à la nature de ce contenu et aux défis associés à sa régulation. Le contenu numérique sur les réseaux sociaux se distingue par sa diversité, sa rapidité de propagation et sa difficulté de contrôle, ce qui le rend fondamentalement différent du contenu cinématographique traditionnel. En effet, les publications, images et vidéos circulent instantanément et peuvent atteindre un large public en un temps très court, nécessitant des techniques et des outils spécifiques, distincts de ceux utilisés pour la régulation des films.
Il est crucial que la surveillance du contenu numérique soit effectuée tout en préservant la liberté d’expression, qui est un droit constitutionnel garanti par l’article 25 de la Constitution marocaine. Il est nécessaire de trouver un équilibre précis entre la protection de la société contre le contenu nuisible et la garantie de la liberté d’expression, car un renforcement excessif de la régulation pourrait restreindre les libertés individuelles et freiner la créativité.
De plus, l’élargissement des compétences du Centre cinématographique marocain pour inclure la surveillance du contenu numérique nécessiterait des ressources humaines et matérielles appropriées. Cela représente un défi important en raison des ressources limitées et des besoins diversifiés des autres secteurs, ce qui nécessite une étude approfondie pour évaluer la faisabilité de la modification législative et la capacité des autorités concernées à mener cette mission efficacement.
Renforcer la régulation numérique entre droit et constitution
Lors de la discussion sur la modification de la loi n° 70.17, il est indispensable de considérer les autres textes juridiques pertinents qui pourraient soutenir cette démarche. La loi n° 70.17 se concentre sur la régulation du secteur cinématographique et ne traite pas directement de la surveillance du contenu sur les réseaux sociaux. Cependant, cette loi pourrait être modifiée pour inclure la coordination avec d’autres autorités compétentes en matière de régulation numérique, telles que le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, ainsi que le Parquet général. Il est également possible de renforcer le rôle du Centre cinématographique marocain dans la sensibilisation des créateurs de contenu et la promotion d’une créativité conforme aux valeurs et à l’éthique générales.
En ce qui concerne la Constitution marocaine, l’article 25 garantit le droit à la liberté d’expression, sous réserve du respect de la loi et de l’éthique publique. Cet article peut être invoqué pour affirmer la nécessité d’une surveillance du contenu qui respecte la liberté d’expression sans dépasser les limites légales.
Au niveau du Code pénal marocain, certaines actions sur les réseaux sociaux sont criminalisées, notamment l’incitation à la haine et à la violence, la diffusion de fausses informations et l’atteinte à la vie privée. Ce cadre juridique peut servir à renforcer le rôle des autorités judiciaires et sécuritaires dans la poursuite des auteurs de ces actes conformément aux procédures légales en vigueur.
Par ailleurs, le Maroc est engagé par les conventions internationales en matière de droits humains, qui garantissent la liberté d’expression tout en interdisant l’incitation à la haine et à la violence. Ces engagements internationaux constituent un élément essentiel des obligations du Maroc et doivent être pris en compte lors de la discussion de toute modification législative relative à la régulation du contenu numérique.
Mesures intelligentes pour protéger les valeurs dans le monde numérique
Pour relever le défi de la diffusion de contenu nuisible sur les réseaux sociaux, il est possible d’envisager une série de solutions, incluant la modification de la loi n° 70.17 ainsi que des mesures complémentaires. La modification proposée de la loi n° 70.17 consiste à étendre les fonctions du Centre cinématographique marocain pour inclure la coordination avec d’autres entités concernées par la régulation du contenu numérique, renforçant ainsi la capacité de l’État à faire face à ce contenu tout en préservant la liberté d’expression. En outre, la création d’une autorité indépendante composée d’experts en droit, médias et technologies pourrait jouer un rôle central dans la surveillance du contenu et garantir sa conformité aux valeurs sociétales et aux normes éthiques.
Il est également crucial de renforcer la coopération entre les différentes parties prenantes, telles que le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, le Parquet général et les forces de sécurité, pour coordonner les efforts face au contenu nuisible et obtenir des résultats globaux et efficaces. Par ailleurs, il est nécessaire de sensibiliser les créateurs de contenu à l’importance du respect des normes éthiques et des lois sur la publication, en organisant des ateliers et des programmes de formation par les institutions compétentes telles que le Centre cinématographique marocain.
Enfin, pour encourager la production de contenu positif, il convient de soutenir financièrement et moralement les créateurs de contenu qui respectent les valeurs sociétales et éthiques, stimulant ainsi davantage de créateurs à produire des œuvres ayant un impact positif sur la société.
Bref, la problématique de la diffusion de contenu « néfaste » sur les réseaux sociaux représente un défi majeur nécessitant la collaboration de toutes les parties prenantes. La modification de la loi n° 70.17 pour étendre les missions du Centre cinématographique marocain à la surveillance du contenu numérique mérite d’être envisagée, tout en veillant à équilibrer la régulation du contenu avec la préservation de la liberté d’expression. S’appuyer sur les textes juridiques pertinents, tels que la Constitution, le Code pénal et les conventions internationales, renforce ces efforts et établit un cadre juridique solide pour protéger la société sans compromettre les libertés fondamentales.
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