Le jeûne intermittent expliqué par Dr Valérie Alighieri

Docteur Alighieri Valérie, médecin généraliste, nutritionniste et gériatre, nous explique ce qu’est le jeûne intermittent. Cette pratique devint de plus en plus tendance de nos jours, surtout auprès des personnes souhaitant perdre du poids. La spécialiste nous parle ainsi de ce mode alimentaire, pourquoi trouve-t-il de nombreux adeptes ? Que faut-il en penser en termes d’impact sur la santé ? Et qu’est-ce qui le distingue du jeûne de ramadan ?

Temps de lecture
Publié le 17/05/2021 à 17:59

Tribune

Docteur Valérie Alighieri

médecin généraliste, nutritionniste et diabétologue

Ces dernières années on a vu se développer une pratique appelée «jeûne intermittent». Il s’agit d’espacer les repas de plusieurs heures et de rester sans se nourrir en ne consommant que des boissons non sucrées telles que l’eau, le thé, le café durant ce laps de temps.



Par exemple, pour le jeûne intermittent de type 16:8 qui est le plus pratiqué, on aura 16 heures sans repas avec juste de l’eau. Durant les huit heures restantes, il sera permis de consommer tous les aliments, aucun n’est interdit. Dans ce modèle alimentaire, si vous décidez de démarrer votre jeûne à 20h, vous ne sauterez que votre petit déjeuner ! Vous pourrez consommer des aliments à partir de midi, et ce, jusqu’à 20h. Cela permet de prendre un déjeuner et un dîner pratiquement aux horaires habituels.




Lire aussi : Pourquoi consulter un médecin nutritionniste ?




 



Pourquoi ce mode alimentaire trouve-t-il de nombreux adeptes ?



Cette méthode est attrayante pour ceux qui désirent perdre du poids, car elle permet de réduire votre apport calorique journalier en supprimant un repas, en l’occurrence ici, votre petit déjeuner ! La condition cependant est que les repas pris à la rupture du jeûne ne deviennent pas plus copieux que les repas que vous faisiez avant de passer au jeûne intermittent. Si vos repas deviennent plus riches alors la journée alimentaire ne sera pas moins calorique et vous ne perdrez pas de poids. Par ailleurs, durant la phase où vous ne vous alimentez pas, l’organisme est obligé d’aller puiser dans les réserves de graisses pour fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement des cellules, ce qui favorise l’amaigrissement.



Un deuxième point est que ce type d’alimentation a l’avantage, si le patient s’y tient correctement, d’éviter les grignotages pendant 16 heures ! Nous savons bien que ces derniers contribuent aux kilos excédentaires chez les patients en surpoids.



Certains prônent aussi des effets bénéfiques sur la santé tels que la régulation de la glycémie en réduisant les niveaux de sécrétion d’insuline pendant la phase du jeûne ou encore un gain d’énergie en diminuant les dépenses liées aux efforts fournis par l’organisme pour assurer la digestion.



Ce jeûne sur la base 16:8 n’est qu’un exemple, il existe différentes façons de pratiquer le jeûne intermittent.



 



Que faut-il penser de cette pratique par rapport à la santé ?



Si l’on regarde d’un point de vue purement médical, un programme alimentaire sain et bénéfique pour la santé devrait être compatible pour toute personne désirant le suivre.



En ce qui concerne le jeûne intermittent, il ne peut pas être proposé aux personnes souffrant de maladies chroniques telles que le diabète, le cancer, les troubles cardiaques ni à des patients ayant un ulcère gastrique. Les femmes enceintes, les enfants, les adolescents sont également à exclure. Enfin, toute personne maigre (IMC <19) et qui aura besoin de se suralimenter grâce à un programme fractionné sur toute la journée, ne pourra adhérer à ce mode alimentaire.



Par ailleurs pour une personne en excès pondéral cette méthode ne semble pas être une solution sans risque. Le fait de ne pas s’alimenter pendant plusieurs heures pourrait bien entraîner des fringales, de la frustration et aboutir à des compulsions alimentaires lors de la rupture du jeûne.



La fatigue et l’impact psychologique liés au jeûne ne sont pas négligeables. Il serait avisé pour ceux et celles qui souhaitent l’expérimenter d’espacer progressivement les repas jusqu’à arriver aux 16 heures d’abstinence afin de ne pas brusquer votre organisme. Je conseille de prendre au préalable un avis médical et de n’adopter ce mode alimentaire que par choix mûrement réfléchi et non imposé par une tierce personne.




Lire aussi : La gériatrie, une spécialité médicale qui prend soin des personnes âgées



 




D’un point de vue métabolique, peut-on assimiler le jeûne intermittent à celui pratiqué durant le mois de ramadan ?



Si l’on voulait faire un parallèle avec le jeûne pratiqué par les croyants durant le mois de ramadan, ce dernier pourrait être l’équivalent du jeûne 16:8. La période d’abstinence débutant à l’aube et prenant fin au coucher du soleil, elle correspondrait aux 16 heures sans se nourrir. Mais la différence essentielle lors du jeûne intermittent est qu’il s’agit d’un jeûne hydrique. La consommation d’eau est permise durant les 24 heures.



Dans les deux cas, l’hydratation durant le jeûne est essentielle pour préserver la santé. Elle ne doit pas être négligée, car elle permet le bon fonctionnement de notre organisme et notamment de la fonction rénale chargée d’épurer quotidiennement notre sang de certains déchets.



En ce qui concerne les effets bénéfiques sur la santé, ils ne pourraient être envisagés que si les repas à la rupture du jeûne restent sains, variés, équilibrés à base de fruits et légumes frais de saison, de féculents et d’aliments protéiques de bonne valeur nutritionnelle.



Quant aux patients souffrant de maladies chroniques, l’avis médical reste indispensable afin de pratiquer l’abstinence en toute sérénité et sécurité. 


Dernier articles
Les articles les plus lu
Publié le 06/10

Wafa Assurance : le grand gâchis de Ramsès Arroub (3/6)

Le propre de l’innovation est la destruction créatrice, en remplaçant un ordre établi avec ses règles et ses habitudes par de nouvelles choses auxquelles personne n’est encore habitué. Les innovateurs doivent non seulement accepter le risque de voir leur innovation rejetée par la société, mais ils doivent, en outre, faire face à un environnement préparé à tuer dans l’œuf tout écart par rapport à l’ordinaire. Dans les précédentes tribunes de cette série consacrée au bilan de M. Arroub à la…

Par, Nabil Adel , Ancien cadre de Wafa Assurance
[email protected]
Publié le 29/09

Wafa Assurance : le virage raté par Ramsès Arroub (2/6)

La solitude du dirigeant s’incarne dans le fait que c’est à lui seul d’orienter le paquebot. Il peut se concerter, se faire conseiller, mais c’est lui qui décide in fine. Et toute mauvaise direction est non seulement difficilement rattrapable, mais peut coûter à l’entreprise son existence. Dans la première tribune de cette série consacrée au bilan de M. Arroub à la tête de Wafa Assurance, nous avons analysé l’évolution des résultats de la compagnie depuis 2007. Dans cette deuxième tribune,…

Par, Nabil Adel , Ancien cadre de Wafa Assurance
[email protected]
Publié le 22/09

Wafa Assurance : le sombre tableau de Ramsès Arroub (1/6)

Et s’il y a une équipe dirigeante qui pouvait se targuer d’avoir transformé un petit établissement contrôlant moins de 4% du marché marocain des assurances, à un géant régional (monde arabe) et continental (Afrique), c’est bien le management de cette ancienne maison mère de Wafa Bank. Que s’est-il donc passé pour que cette belle «success story» se retrouve aujourd’hui, l’ombre d’elle-même, tel un lion au crépuscule de sa vie, tétanisé et se voyant siphonner des positions âprement arrachées pendant de…

Par, Nabil Adel , Ancien cadre de Wafa Assurance
[email protected]
Publié le 10/08

Changement climatique : la progression préoccupante du « Jour du dépassement »

L’humanité a vécu un mois de juillet marqué par des phénomènes climatiques extrêmes : canicules, sécheresses, et feux de forêt meurtriers. Selon Global Foot Print (GFP), le 28 juillet 2022 correspondait au « Jour du dépassement de la Terre ». En d’autres termes, à cette date, l’humanité a consommé (empreinte écologique) l’ensemble des ressources que la planète peut reconstituer en une année (biocapacité). Nous continuerons à vivre les cinq mois à venir dans le rouge, en entamant la consommation du capital naturel…

Par, Mustapha Merouane , Médecin-chirurgien et journaliste
Publié le 10/08

Refonder la politique gouvernementale en direction des Marocains résidant à l’étranger

Au Maroc, les migrants et les réfugiés sont célébrés à divers moments de l’année. Il y a d’abord la Journée internationale des migrants célébrée dans le monde entier comme l’a décidé l’ONU chaque année le 18 décembre. Il y a ensuite la Journée internationale des réfugiés chaque 20 juin. À cela, il faut ajouter au Maroc la Journée nationale des Marocains résidant à l’étranger, décidée par le Souverain en 2003 et qui a lieu chaque 10 août de l’année. Ce…

Par, Professeur Abdelkrim Belguendouz , Universitaire à Rabat et chercheur en migration
Publié le 22/07

Les fameux couscoussiers des vilains

Ils errent dans nos villes, cherchant l’introuvable. Ils sont tous jeunes et les saletés de la folie cachent la beauté de leurs visages. Leur histoire est la même, mais pour la comprendre, il faut connaître l’histoire du « dernier joint ». Les statistiques montrent qu’au moins 800.000 Marocains ont consommé de la drogue en 2014, soit 4 à 5% de la population adulte du Royaume. Ce ne sont que des statistiques approximatives puisqu’une grande partie des consommateurs de cannabis choisissent de cacher…

Par, Akram Louiz , Lieutenant mécanicien de première classe de la marine marchande, chercheur et auteur du roman "L’affranchissement" et du recueil poétique "Trente fleurs"
Publié le 20/07

Le don d’organe : entre contraintes techniques et attentes sociales

Une table ronde a été organisée par le Syndicat des médecins du secteur libéral de la région Beni Mellal-Khénifra, en collaboration avec des juristes, des sociologues, des théologiens, des chirurgiens de la transplantation d’organes. Cette rencontre, tenue le 29 juin 2022, a connu la participation du wali de la région, Khatib El Hebil, sur le thème « Don et Transplantation d’Organes : Approche médicale, juridique, théologique et sociologique ». La finalité du don, c’est de protéger l’humain en nous, comme le soulignait…

Par, Dr Mustapha Merouane , Médecin-chirurgien et Journaliste
Publié le 23/06

Tourisme : la crise sanitaire n’a pas fait que du mal…

Alaoui Yasmine, professeure-chercheure et consultante spécialiste en attractivité et marketing des territoires, a mené une étude scientifique entre septembre 2021 et janvier 2022 sur plus de 37 structures touristiques. En parallèle, et durant cette même période, elle a effectué une autre étude auprès de 675 touristes nationaux ayant séjourné dans une petite structure touristique. L’objectif étant de faire état de la situation des petites structures touristiques marocaines, d’avoir une idée sur les principaux besoins de la cible et, in fine,…

Par, Alaoui Yasmine , Professeure-chercheure et consultante spécialiste en attractivité et marketing des territoires
Voir plus
Publié le 02/05

RH ça veut dire Rendre Heureux, eugénisme managérial ou concept en vogue

On ne compte plus les entreprises qui mettent en œuvre aujourd’hui des mesures correctives pour soutenir la promotion du bien-être au travail. Naturellement, la chose que nous avons tous en commun, et qui ne change jamais, c’est l’humain. Au terme d’une crise sanitaire qui a chamboulé le monde du travail, les RH auront un rôle essentiel à jouer. Les enjeux RH sont désormais de s’imposer comme de véritables ambassadeurs d’une dynamique positive qui s’installe durablement et garants de la proximité…

Par, Safae Alami , Doctorante chercheure à l’école nationale de commerce et de gestion, experte en risk management RH
Publié le 20/12

De la « cour des Lions » à la « cour des grands »

La cour des Lions ( Patio De Los Leones) est l’endroit le plus connu du palais de l’Alhambra à Grenade. Construit dans la seconde moitié du XVème siècle qui était l’apogée de la dynastie Nasride. Son nom provient des douze lions-jets d’eau de la fontaine qui se trouve au milieu du Patio. À Doha au Qatar, et dans un autre patio couvert d’un gazon d’un vert éclatant, évoluent douze autres Lions, dont onze sur le terrain, et le chef de…

Par, Mustapha Merouane , Médecin-chirurgien et journaliste
Publié le 29/09

Wafa Assurance : le virage raté par Ramsès Arroub (2/6)

La solitude du dirigeant s’incarne dans le fait que c’est à lui seul d’orienter le paquebot. Il peut se concerter, se faire conseiller, mais c’est lui qui décide in fine. Et toute mauvaise direction est non seulement difficilement rattrapable, mais peut coûter à l’entreprise son existence. Dans la première tribune de cette série consacrée au bilan de M. Arroub à la tête de Wafa Assurance, nous avons analysé l’évolution des résultats de la compagnie depuis 2007. Dans cette deuxième tribune,…

Par, Nabil Adel , Ancien cadre de Wafa Assurance
[email protected]
Publié le 22/10

PLF 2021 : un premier pas timide vers le pari de la justice fiscale

S’il est vrai que l’épidémie progresse, que la vigilance devient de plus en plus notre pare-crise collective et que le masque est notre ultime outil social de confinement, cela nous amène à dire que face à la convergence des risques sociaux, psychologiques et sanitaires le confinement n’est pas l’arbitrage du juste meilleur. Mais, l’arbitrage le plus juste serait de concilier entre combat pour la vie et combat pour l’économie, c’est tout le débat. Dans ce sens, l’action du gouvernement et de…

Par, Abdelghani Youmni , économiste et consultant
Publié le 18/09

Une nouvelle ère pour la justice pénale marocaine avec les peines alternatives

La loi 43.22 se concentre sur la mise en place d’un cadre juridique pour l’exécution des peines alternatives, reflétant ainsi une transition vers un système de justice pénale plus flexible et plus humain. Contexte incitatif et motivations principales à l’origine de l’adoption de la loi L’adoption de la loi n° 43.22 répond aux évolutions qu’a connues la société marocaine à divers niveaux, qu’ils soient sociaux, économiques ou politiques. De plus, cette loi constitue une traduction concrète des engagements internationaux auxquels…

Par, Yassine Kahli , Conseiller juridique et chercheur en sciences juridiques
Publié le 14/09

La transformation digitale et ses bénéfices

Nous vivons à une époque marquée par des avancées technologiques sans précédent, et la transformation numérique des entreprises est devenue non seulement un mot à la mode, mais une nécessité fondamentale pour la survie et la croissance à long terme. Ce phénomène s’est propagé à travers le monde et a maintenant trouvé son chemin vers les marchés émergents comme le Maroc. Je travaille dans le secteur de la technologie depuis quelques années maintenant et je suis étonné par les progrès…

Par, Karim Mabrour , Directeur général de VANEIGENS au Maroc
Publié le 01/05

Établir une marque forte : 9 clés pour réussir dans le monde numérique

Dans le paysage numérique en rapide évolution d’aujourd’hui, les PME font face à des challenges et opportunités uniques. La progression rapide de la technologie, notamment dans des marchés vivaces tels que l’Afrique, met en évidence la nécessité d’implémenter des tactiques de marketing digital de pointe. Observant une croissance de 267% dans le domaine des services financiers et d’assurances (BFSI) de 2012 à 2022, et avec une population dont l’âge médian est de 19,7 ans, les possibilités d’interaction sont considérables. Le…

Par, Imane Rifki , Chef d’équipe du marché PME Afrique chez Infobip
Publié le 11/11

Vitamine C, vitamine D, zinc & co : entre présence et absence en pharmacie

La pandémie de la Covid-19 a bousculé totalement la structure de consommation des produits pharmaceutiques. La vitamine C est devenue la superstar si précieuse, mais apparemment de plus en plus rare ou plus exactement difficile à trouver, talonnée par le Zinc et à un degré moindre la vitamine D. L’envolée des ventes a démarré dès le mois de mars 2020 défiant toutes les prévisions y compris celles des fabricants et entrainant un peu partout des ruptures épisodiques ou de plus ou moins…

Par, Abdel majid Belaïche , Analyste des marchés pharmaceutiques et chercheur en économie des produits de santé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire