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Travail des enfants : le Maroc a encore des progrès à faire

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Travail des enfants © DR

Le monde célèbre ce lundi la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. L’occasion d’attirer l’attention sur l’étendue du problème et aboutir à des actions concrètes devant être mises en œuvre pour y faire face. C’est une réalité préoccupante dans de nombreux pays, dont le Maroc qui a pourtant fait des progrès constants dans la réduction du travail des enfants. Même si les données révèlent que le phénomène poursuit sa tendance baissière, le combat n’est pas encore gagné.

Si au niveau mondial, le dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de l’UNICEF montre que 160 millions de filles et de garçons, âgés de 5 à 17 ans, travaillent dans le monde, au Maroc, le nombre des enfants victimes de ce fléau poursuit sa baisse, selon une note du Haut-Commissariat au Plan (HCP), publiée ce lundi à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants.

Lire aussi : Unicef-Maroc : une campagne au profit de l’enfant

127.000 enfants actifs au Maroc

Le Maroc, durant ces deux dernières décennies, a redoublé d’efforts pour lutter contre le travail des enfants. Si en 1999, on recensait 517.000 enfants de 7 à 14 ans en situation de travail, les chiffres actuels sont encourageants. La note du HCP révèle que parmi les 7.690.000 enfants marocains âgés de 7 à 17 ans, 127.000 étaient engagés en 2022 dans une activité économique, ce qui représente 1,6% de cette tranche d’âge. Par rapport à 2021, cet effectif a baissé de 14% et de 48,6% en comparaison avec les données de 2017.

La même source précise que le travail des enfants est plus élevé en zone rurale 3,3%, soit 104.000 enfants contre 0,5% en milieu urbain (23.000 enfants). Il est d’ailleurs plus répandu parmi les garçons que parmi les filles et il est souvent associé à la déscolarisation. Ainsi, 81,5% des enfants au travail sont de sexe masculin, 91% ont entre 15 et 17 ans et 82% vivent en milieu rural. De plus, seulement 12,2% parmi eux sont encore scolarisés, 85,3% ont quitté l’école, tandis que 2,5% ne l’ont jamais connue.

C’est dans l’agriculture, forêt et pêche que les enfants marocains sont majoritairement mis au travail. En milieu rural, ils sont 76,5% à avoir une activité dans ces secteurs, alors qu’en zones urbaines, 56,3% des enfants exercent un travail dans les « services » et 24,7% dans l’ »industrie ».

Autres données : près de trois quarts des enfants en milieu rural travaillent en tant qu’aides familiaux (71,6%). En milieu urbain, 49,2% sont des salariés, 30,6% comme des apprentis et 16% en tant qu’aides familiaux.

Lire aussi : Droits des enfants : Bouayach plaide pour des amendements urgents

Travail des enfants : plus de 60% s’adonnent à des travaux dangereux

S’appuyant sur ses enquêtes, le HCP met en garde contre le nombre d’enfants impliqués dans des formes de travail dangereuses. Au total, ils sont 77.000 enfants concernés par ce fléau, souvent en grande souffrance exposés à des maladies ou des blessures. Cela représente 1% des enfants de la tranche d’âge (7-17 ans), soit six enfants au travail sur dix (60,5%).

Parmi les enfants exerçant des formes de travail dangereux, 75,2% sont ruraux, 89,6% de sexe masculin et 86,3% âgés de 15 à 17 ans. La note de l’institution juge que les travailleurs dans le secteur de l’industrie sont les plus exposés à des risques pour leur santé et leur sécurité, avec une part de 88,6%. Cette proportion est de 87% dans le secteur des BTP, 77,4% dans les services et 48,4% dans l’agriculture.

Par ailleurs, le phénomène du travail des mineurs concerne 89.000 ménages, ou environ 1% des ménages marocains, concentrés principalement dans les zones rurales (69.000 ménages contre 21.000 dans les villes) et les familles qui ont tendance à recourir au travail des enfants sont les plus nombreuses. Ainsi, la proportion des ménages ayant au moins un enfant au travail est de 0,4% et elle devient plus importante (3,2%) chez les famillesde six personnes ou plus.

La note fait aussi ressortir que les caractéristiques socioculturelles du ménage et de son chef en particulier sont déterminantes pour ce phénomène. Ainsi, la proportion des ménages, dont au moins un enfant est au travail, est quasi nulle parmi les ménages avec un chef ayant un niveau d’instruction supérieur et s’établit à 1,5% parmi les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction.

Enfin, l’analyse selon le type d’activité du chef de ménage révèle que 48,4% des enfants au travail sont issus des ménages dirigés par d’exploitants agricoles, 17,1% par de manœuvres, 20,7% par de cadres moyens, d’employés, de commerçants, de conducteurs d’installations ou d’artisans et 13,4% proviennent des ménages dirigés par d’inactifs, alors que le fléau demeure quasi-inexistant au sein des ménages dirigés par de cadres supérieurs.

Source : HCP

Un constat mondial alarmant

Le constat est alarmant au niveau mondial. Les conflits, les crises et les pandémies ont plongé davantage de familles dans la pauvreté et contraint donc des millions d’enfants supplémentaires à travailler.

Selon la dernière publication de l’Organisation internationale du travail (OIT), 160 millions d’enfants, âgés de 5 à 17 ans, sont aujourd’hui contraints au travail forcé, soit 8,4 millions de plus en quatre ans. Ce chiffre correspond à un enfant sur dix dans le monde, sachant que la plupart d’entre eux vivent sur le continent africain ou dans les régions d’Asie et du Pacifique. Toutefois, les pays les plus développés ne sont pas épargnés et sont aussi pointés du doigt, comme l’Australie, les États-Unis, l’Italie où 336.000 mineurs seraient au travail.

Les enfants les plus touchés par cette problématique sont les garçons (97 millions contre 63 millions de filles), les enfants vivant en milieu rural et les enfants les plus pauvres. Quant aux secteurs concernés, ils sont nombreux, tels l’agriculture, l’industrie minière, le textile, le cosmétique et le travail domestique, entre autres.

 

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