La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Ghita Mezzour © DR
Cette stratégie se décline en deux volets principaux : d’une part, la modernisation et la digitalisation des services publics pour offrir un accès de qualité, simplifier les procédures et garantir la transparence. D’autre part, elle entend dynamiser le secteur numérique, avec la création de 300.000 emplois et une contribution au PIB national, tout en renforçant l’autonomie numérique du pays.
L’objectif est ambitieux : hisser le Maroc parmi les 50 premiers pays de l’indice E-Government et Development Index (EDGI) des Nations Unies d’ici à 2030, une nette progression par rapport à sa 113ᵉ position actuelle. Pour y parvenir, le ministère envisage de développer un portail unifié pour tous les services publics, en mettant l’accent sur la simplification et la digitalisation rapide des services les plus sollicités, notamment dans les domaines de la santé, de l’investissement, de l’éducation et des prestations destinées aux Marocains résidant à l’étranger (MRE).
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Dynamiser le numérique et cultiver les talents
La stratégie ambitieuse pour 2030, dirigée par Ghita Mezzour, ministre déléguée à la Transition numérique et à la Réforme de l’administration, vise à revitaliser le secteur numérique en se concentrant sur deux domaines. Premièrement, elle envisage d’élargir le secteur de l’outsourcing, avec l’objectif de tripler le chiffre d’affaires de ce secteur, passant de 13 milliards de DH (MMDH) en 2022 à 42 MMDH en 2030. Cette expansion devrait également stimuler l’emploi, avec la création prévue de 170.000 nouveaux postes dans l’outsourcing, atteignant ainsi 300.000 emplois.
Le deuxième pilier de cette stratégie s’attache au renforcement de l’écosystème des startups, avec l’ambition de décupler le nombre de startups labellisées, passant de 380 en 2022 à 3.000 en 2030. Pour soutenir cette croissance, un accent particulier est mis sur l’amélioration des moyens de financement, visant à mobiliser 7 MMDH en 2030, un bond remarquable par rapport aux 330 MMDH actuels. De plus, l’objectif est de favoriser l’émergence de deux licornes marocaines d’ici à 2030, grâce à un environnement réglementaire propice, un financement adapté et un soutien de qualité, y compris l’accès à des marchés publics et privés.
Concernant les ressources humaines, la stratégie de Ghita Mezzour repose sur trois piliers : l’éducation, la reconversion professionnelle et l’attraction de talents internationaux. Les objectifs pour 2030 incluent la formation annuelle de 45.000 spécialistes en numérique, la reconversion de 50.000 jeunes vers des carrières numériques, ainsi que l’intégration de 6.000 experts internationaux chaque année dans l’économie numérique du pays.
Accélération numérique et inclusion connective
La stratégie nationale mise également sur le développement du cloud et l’amélioration de la connectivité comme leviers principaux. L’objectif est d’étendre les capacités des data centers, en passant de 7 mégawatts en 2022 à 40 mégawatts d’ici à 2030, et d’adopter une politique privilégiant le cloud pour encourager l’externalisation des services, avec un objectif de 70% d’externalisation à l’horizon 2030, contre seulement 14% aujourd’hui.
En matière de connectivité, le plan défini vise l’installation de la fibre optique dans 5 millions de foyers et assure une connexion haut débit pour 12.000 points de service public, tout en promettant une couverture mobile 4G minimale de 2 Mb/s à l’échelle nationale.
La mise en œuvre de cette stratégie ambitieuse repose sur une gouvernance structurée autour de deux commissions nationales : l’une dédiée à la simplification des procédures administratives et l’autre à la transition numérique, garantissant ainsi une gestion efficace et réactive du projet Maroc Digital 2030.
Cependant, au-delà des objectifs quantitatifs, le défi réside dans la capacité à fédérer l’ensemble des acteurs du secteur autour de cette initiative. Des critiques émergent notamment concernant le processus de consultation, jugé insuffisant par certains professionnels qui pointent également du doigt une tendance à écarter les organismes et agences établis, tels que la CNDP, l’ANRT, l’ADD et la DGSSI. À cela s’ajoute une certaine inquiétude quant à la clarté des plans relatifs à l’intelligence artificielle et au déploiement du cloud, ainsi que le risque de redondance avec les recommandations issues d’études précédentes dans le domaine du numérique.
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La Commission nationale pour le développement numérique
Le sommet inaugural de la Commission nationale pour le développement numérique s’est déroulé ce mercredi 7 février 2024. La réunion a débuté avec la présentation des grandes lignes de «Maroc Digital 2030».
Ghita Mezzour a réitéré devant la Chambre des représentants que le projet, actuellement en phase de validation, aspire à positionner le numérique au cœur du développement socioéconomique et à satisfaire les aspirations citoyennes.
Cependant, Aziz Akhannouch a mis en exergue l’engagement gouvernemental à intégrer la transition numérique au sein de l’ensemble des secteurs et institutions publiques, percevant cette mutation comme un vecteur de croissance économique et sociale. Ce mouvement s’inscrit dans la volonté de transformer le Royaume en un hub numérique de premier plan, en réponse à l’appel royal à accélérer la digitalisation pour réduire la fracture numérique et embrasser les avancées technologiques globales.
Les piliers de Maroc Digital 2030
Ghita Mezzour a également rappelé, durant la réunion, les succès numériques du pays et l’approche collaborative adoptée pour définir cette vision stratégique, ponctuée de rencontres régionales avec les intervenants principaux du secteur numérique. Elle a exposé les deux piliers fondamentaux de la stratégie Maroc Digital 2030 :
- La transformation numérique des services publics, visant à en accélérer la numérisation tout en garantissant leur qualité, avec une démarche centrée sur les besoins des usagers, qu’ils soient citoyens ou entreprises.
- L’impulsion d’un élan nouveau au sein de l’économie numérique, avec pour objectif de concevoir des solutions numériques locales génératrices de valeur et d’emplois. Cette ambition repose sur le renforcement du secteur de l’offshoring, la création d’un écosystème pour les entreprises en croissance et le soutien à la digitalisation des PME.
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Les axes fondamentaux
La stratégie Maroc Digital 2030 repose sur trois axes fondamentaux destinés à ancrer durablement le royaume dans l’ère du numérique :
- La valorisation des compétences numériques : L’objectif est de former une nouvelle génération de talents dans le domaine du numérique et des technologies de l’information. Cela passe par un éventail de formations – universitaires, professionnelles et spécialisées dans les écoles de codage – ainsi que par des programmes de reconversion professionnelle, le tout en adéquation avec les besoins actuels du marché du travail.
- l’expansion du Cloud Computing : Le développement de services cloud est jugé essentiel pour répondre aux besoins croissants des secteurs public et privé, marquant ainsi une étape importante vers une infrastructure numérique flexible et évolutive.
- L’amélioration de l’accessibilité réseau : Une attention particulière est portée à l’extension de la couverture réseau, tant internet que téléphonique, avec un focus sur les zones rurales. L’objectif est de densifier le maillage en fibres optiques et de préparer le terrain pour l’introduction de la technologie 5G, garantissant ainsi une connectivité homogène sur l’ensemble du territoire.
En marge de ces discussions, l’accent a été mis sur le rôle prépondérant de l’intelligence artificielle dans le cadre de cette stratégie. L’IA est envisagée comme un vecteur essentiel pour améliorer la qualité des services publics, mais aussi comme une opportunité pour le Maroc de se positionner en tant que leader dans le développement de ces technologies avancées.
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Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024