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Tout savoir sur les «Uber files»

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Une vaste enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), reposant sur des documents internes à Uber, a exposé les pratiques de l’entreprise californienne pour s’implanter partout dans le monde. On y apprend que pour exercer son influence et faire modifier les règlementations en sa faveur, le géant américain des VTC a utilisé des méthodes brutales dans toute l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient. Voici ce qu’il faut retenir de ce nouveau scandale mondial.

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Depuis dimanche 10 juillet, Uber fait l’objet de nombreux articles évoquant ses méthodes de lobbying parfois illégales, pour faire évoluer le droit dans son intérêt partout dans le monde. Il s’agit d’une nouvelle fuite massive de données recueillies par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). 124.000 documents internes à Uber, datés de 2013 à 2017, ont été communiqués au quotidien britannique The Guardian, puis transmis à 42 médias du monde entier, dont Le Desk.

Que révèle l’enquête ?

L’enquête met en avant certaines pratiques de Uber pendant ces années d’expansion rapide, mais aussi de confrontation de Paris à Johannesburg. «L’entreprise a enfreint la loi, trompé la police et les régulateurs, exploité la violence contre les chauffeurs et fait pression en secret sur les gouvernements dans le monde entier», a affirmé The Guardian en introduction.

L’entreprise de VTC Uber est accusée d’avoir agi à la limite de la légalité pour s’implanter dans plusieurs pays, y compris au Maroc.

Les documents, envoyés par le lobbyiste Mark MacGann, ont révélé la volonté de l’entreprise de créer un réseau, qui comprend une liste de près de 2.000 personnalités, parmi laquelle on peut retrouver des figures politiques telles qu’Emmanuel Macron, à l’époque ministre français de l’Économie, mais également Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, le premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu, l’ex-premier ministre irlandais, Enda Kenny, et Toomas Hendrik llves qui présidait l’Estonie. Des oligarques proches du président russe Vladimir Poutine ont aussi été courtisés.

Pour constituer son armée de lobbyistes, Uber a proposé des cadeaux à des hommes politiques, comme des déjeuners dans des établissements prestigieux et des réductions sur les trajets en Uber. Cette approche a aussi permis d’attirer notamment Jim Messina, ancien chef de cabinet de Barack Obama et David Plouffe, qui a contribué à la victoire de l’ancien président américain lors de l’élection présidentielle de 2008. Plouffe a d’ailleurs rejoint Uber en 2014 en qualité de responsable de la communication et des politiques de la firme américaine. Il aurait tenu des réunions clandestines avec des responsables américains dans le but de modifier les réglementations en vigueur à l’avantage d’Uber.

En France, l’enquête a révélé l’existence d’un «deal» secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy. Des réunions auraient été tenues dans le bureau de l’ex-ministre, de multiples échanges (rendez-vous, appels ou SMS) ont aussi eu lieu entre les équipes d’Uber France et Macron ou ses conseillers. Sont pointées du doigt certaines pratiques destinées à aider Uber à consolider ses positions en France, comme le fait de suggérer à l’entreprise de présenter des amendements «clés en main» à des députés.

Parmi les révélations sur les pratiques de lobbying du géant des VTC, il apparaît que l’entreprise a utilisé une «arme» anti-perquisition : le « kill switch ». Il s’agit d’un dispositif qui permet de déconnecter l’ensemble des ordinateurs du serveur de l’entreprise. Cette pratique aurait été utilisée à plusieurs reprises par les dirigeants d’Uber lors de contrôles de police, afin de limiter l’accès à des informations sensibles.

Lire aussi: Uber files : révélations sur les pratiques de lobbying du géant des VTC

La violence, une stratégie de communication

Outre le lobbying, Uber n’a pas hésité à tirer profit de la violence à l’encontre de ses chauffeurs pour favoriser son développement. Les «Uber files» montrent que certains dirigeants de l’entreprise semblaient considérer la violence et les attaques contre les chauffeurs comme des opportunités permettant de renforcer le soutien du public à leur cause.

Les responsables de l’entreprise incitaient d’ailleurs les chauffeurs à se plaindre à la police quand ils étaient victimes d’agressions afin d’utiliser la couverture médiatique pour obtenir des concessions des autorités.

Mais cette méthode s’est accompagnée de conséquences tragiques. En Afrique du Sud par exemple, des gangs ont dérobé les recettes des chauffeurs. Plus grave, certains conducteurs ont même été brûlés vifs dans leur voiture.

Mark MacGann, le lanceur d’alerte

Il a lui-même travaillé pour l’entreprise avant de voguer vers d’autres horizons professionnels. Mark MacGann se présente aujourd’hui comme le lanceur d’alerte. Âgé de 52 ans, il reconnaît sa part de responsabilités et dénonce les faits.

«C’est moi qui parlais aux gouvernements, c’est moi qui poussais cela avec les médias, c’est moi qui disais aux gens qu’ils devraient changer les règles parce que les conducteurs allaient en bénéficier et que les gens allaient avoir tellement d’opportunités économiques», a-t-il lâché.

MacGann est la source qui a transmis au Guardian les 124.000 documents. Ancien chef lobbyiste pour le compte d’Uber entre 2014 et 2016, il supervisait l’Europe, l’Afrique et du Moyen Orient. «Nous avions vendu des mensonges aux gens. Comment pouvez-vous avoir la conscience tranquille si vous ne vous levez pas et ne reconnaissez pas votre contribution à la façon dont les gens sont traités aujourd’hui ?», s’interroge-t-il, lui qui justifie ses révélations en disant : «J’aurais dû faire preuve de bon sens et pousser pour arrêter la folie».

«Uber files» et le Maroc

Associé à cette enquête mondiale, Le Desk est revenu sur l’implantation du géant Uber dans le Royaume. «Une stratégie à laquelle le Maroc n’a pas échappé», écrit le média, qui explique que la firme de VTC n’a pas eu à nouer des contacts avec les autorités. Dès son lancement en 2015, la firme américaine s’est attiré les foudres de la préfecture de Casablanca, où elle s’est installée.

Le quotidien déplore les méthodes appliquées au Maroc où elles se sont révélées moins efficaces qu’en France. Dès son arrivée sur le territoire, Uber a fait face à un barrage législatif. L’entreprise a directement fait l’objet d’un communiqué officiel de la préfecture du grand Casablanca, qualifié par Le Desk de «sévère». De ce fait, les activités de la société ont été «illégales».

Le média précise que les tentatives de lobbying ont été mises en échec et que les dirigeants Uber Maroc n’ont pas pu nouer de contacts de valeur dans les hautes sphères politiques du pays. Ainsi, l’entreprise a complètement manqué son objectif, en refusant de suivre les procédures administratives.

Après de nombreuses tentatives de tempérer la résistance des acteurs impliqués (gouverneurs, forces de l’ordre, chauffeurs de taxi, instances judiciaires et personnalités hautement placées), Uber Maroc a finalement cessé toute activité en 2018, soit trois ans après son démarrage.

Pourtant, Uber n’a jamais vraiment quitté le Royaume puisqu’il a continué à exister à travers la société de VTC Careem. En 2019, le géant américain a racheté son principal concurrent dans la région. Le statut de ses chauffeurs n’est d’ailleurs toujours pas régularisé.

Lire aussi: Uber rachète Careem à plus de 3 milliards de dollars

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