Accueil / Société

Tout savoir sur l’affaire Sébastien Raoult

Temps de lecture

La photo de Sébastien Raoult, le jeune français incarcéré depuis deux mois au Maroc et qui risquerait une peine de 116 ans © DR

Soupçonné d’être membre d’un groupe de cybercriminels par les autorités américaines, Sébastien Raoult est incarcéré depuis deux mois au Maroc. Il risquerait une peine de 116 ans. Sa famille clame son innocence et demande son extradition vers la France plutôt que les États-Unis. Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette affaire qui fait grand bruit.

Sous le coup d’une « notice rouge » Interpol (une demande internationale de localisation et d’arrestation en attendant une extradition, ou toute autre procédure judiciaire), Sébastien Raoult a été arrêté à son retour de vacances à l’aéroport de Rabat, le 1?? juin dernier. D’après l’Obs, qui a révélé l’affaire, Washington, d’où a été émise la notice rouge, réclame son extradition vers son territoire pour piratage.

Qui est Sébastien Raoult et pourquoi est-il détenu au Maroc ?

Sébastien Raoult est un jeune français de 21 ans originaire d’Épinal, une commune française située dans le département des Vosges. Il était en deuxième année d’études d’informatique quand il a arrêté sa formation en décembre 2021. «Il était dans une phase de rupture avec les études. Il avait envie de vivre, de découvrir le monde et de voyager et avait l’impression de perdre son temps à l’école», raconte sa famille.

Sébastien Raoult était en séjour au Maroc. Le 31 mai dernier, il a été arrêté à l’aéroport de Rabat-Salé, alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol vers Bruxelles. Il a été interpellé suite à une fiche rouge Interpol émise à son encontre par un procureur de l’État de Washington aux États-Unis. Le 2 juin dernier, le jeune homme a été incarcéré à la prison de Tiflet 2, près de la capitale.

Le motif de son arrestation concerne des actes de cyberpiraterie, à l’encontre d’entreprises, notamment américaines. Plusieurs accusations pèsent sur lui : « complot en vue de commettre une fraude et abus électronique », « fraude électronique » et « vol d’identité grave ».

Le FBI le soupçonne d’être membre d’un groupe de cybercriminels, appelé les « ShinyHunters ». Les autorités américaines les considèrent comme des « cybercriminels prolifiques ». Ces hackers auraient vendu plus de 200 millions de données volées pour près de 200.000 dollars. Et parmi les victimes, on retrouve des groupes comme Microsoft, la marque de vêtements Bonobo ou le groupe de télécom AT&T. Les faits reprochés à Sébastien Raoult auraient été commis depuis la France, mais aussi plus récemment à partir d’adresses IP marocaines.

Lire aussi: Un étudiant français incarcéré au Maroc risque 116 ans de prison

Il risque 116 ans de prison, son père veut empêcher l’extradition

Jusqu’à 116 ans de prison aux États-Unis, c’est ce qu’encourt Sébastien Raoult s’il est reconnu coupable des faits qui lui sont imputés. Son père, Paul, veut empêcher l’extradition, appelant le gouvernement français à l’aide. «Je demande à la Première ministre qu’elle prenne contact avec les Américains pour qu’ils arrêtent leurs poursuites de manière à ce que mon fils puisse être jugé en France et prouver son innocence», a déclaré l’homme de 63 ans.

Paul Raoult a d’ailleurs déjà accusé la France d’avoir trahi un citoyen français, critiquant ainsi un « déni de justice ». «Pourquoi ce silence au plus haut niveau de l’État ?», s’est-il demandé. En réponse, le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, a déclaré, mercredi 3 août, que «la justice marocaine a été sollicitée par la justice américaine et que la justice française n’a pas la possibilité d’intervenir à ce stade».

«C’est une affaire qui nous concerne puisqu’il s’agit d’un ressortissant français extrêmement jeune qui encourt aux États-Unis de très lourdes peines de prison», a-t-il ajouté, tout en assurant que «la justice marocaine est une justice souveraine et indépendante».

La DGAPR rejette les propos de Paul Raoult

La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a contesté les déclarations de Paul Raoult, selon lesquelles son fils serait détenu dans des conditions déplorables. «Cela fait deux mois qu’il mange par terre, à même le sol. Deux mois qu’il dort sans matelas», avait affirmé le père du détenu à la presse française.

«Les déclarations du père du détenu en question sont des contre-vérités», a assuré à l’AFP une source au sein de la DGAPR. Elle ajoute «que Sébastien Raoult jouit, à l’instar des autres détenus, de tous ses droits et que, contrairement à ce que prétend son père, il dispose d’un lit et partage avec sept codétenus une cellule de huit lits. Ses repas lui sont servis sur un plateau».

Aux dernières nouvelles, Philippe Ohayon, l’avocat de Sébastien, a demandé au parquet d’Épinal d’ouvrir une enquête préliminaire sur les faits imputés à son client, qui résidait alors dans les Vosges. Une demande rapidement rejetée au motif que le territoire des Vosges n’aurait aucune compétence pour traiter ce dossier.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Code de la route : la circulation des trottinettes va être encadrée

Société -Mohammed Abdeljalil annonce que la circulation des trottinettes va être encadrée par les dispositions du code de la route.

Mbaye Gueye - 18 octobre 2024

Extradition de Boudrika : point sur la procédure en cours à Hambourg

Société - Le tribunal de Hambourg a récemment apporté des précisions sur la situation de Mohamed Boudrika, actuellement en garde à vue en Allemagne, en attendant une éventuelle extradition vers le Maroc.

Farah Nadifi - 18 octobre 2024

Droit de grève : le CNDH se prononce sur le principe de «salaire contre travail»

Société - La décision prise par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) risque encore d’alimenter le débat.

Mbaye Gueye - 17 octobre 2024

Bilan climatique 2023 : une année record pour le Maroc

Société - Selon le rapport officiel de la DGM, 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début du 20ème siècle.

Ilyasse Rhamir - 17 octobre 2024

Mariage des mineures : une réalité persistante malgré les réformes

Société - Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) souligne la persistance du mariage des mineures au Maroc, malgré les efforts législatifs pour y mettre un terme.

Farah Nadifi - 17 octobre 2024
Voir plus

Concours des avocats : la date du nouvel examen du barreau fixée

Société - Un nouvel examen d’aptitude pour l’exercice de la profession d’avocat au titre de l’année 2023 se tiendra dans quelques semaines.

Hajar Toufik - 8 juin 2023

Séisme : quelles zones sont les plus à risque sismique au Maroc ?

Société - Après le puissant séisme du 8 septembre dernier, la question de la vulnérabilité sismique du pays se pose avec acuité.

Nora Jaafar - 19 septembre 2023

Mendicité au Maroc : entre répression et réinsertion

Société - Le ministère de l’Intérieur a révélé des chiffres alarmants qui témoignent de l’ampleur du fléau qu'est la mendicité au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 25 novembre 2024

Arts et métiers : une ambition maroco-française au service de l’innovation industrielle

Société - Le 5ᵉ CA de l’école Arts et Métiers, campus de Rabat, s’est tenu le 16 décembre 2024 sous la présidence de Ryad Mezzour.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

5G : objectifs pour la CAN 2025 et la CDM 2030

Société - Amal El Fallah Seghrouchni a annoncé que le Maroc lancera la technologie 5G en vue des grands événements sportifs à venir.

Rédaction LeBrief - 24 décembre 2024

Le gouvernement face à la défiance populaire

Dossier - Face aux promesses, la défiance toujours plus grandissante vis-à-vis du politique ne fera que rompre un contrat social déjà fragile.

Atika Ratim - 3 février 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire