Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra et l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura © DR
»Circulez, il n’y a rien à voir ». C’est ainsi qu’on pourrait résumer l’étape algérienne de la deuxième tournée régionale de Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies (ONU) pour le Sahara. Arrivé lundi à bord d’un avion d’Air Algérie en provenance de Tindouf, le diplomate italo-suédois a été reçu par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, Lamamra a discuté avec Staffan de Mistura des «perspectives de consolider les efforts de l’ONU en vue d’une reprise des négociations directes entre les deux parties du conflit, le Royaume du Maroc et le front Polisario, pour parvenir à un règlement politique équitable et pérenne».
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Pas d’avancée en vue
Le chef de la diplomatie algérienne a donc à nouveau insisté sur le principe des négociations directes entre le Maroc et les séparatistes, se dérobant une nouvelle fois de sa position de vrai protagoniste de ce conflit. Il a ainsi réitéré la position de son pays, rejetant la formule dite de «tables rondes», organisée du temps de l’ancien émissaire onusien, Horst Koehler. Ces tables rondes regroupaient les représentants du Maroc, du Polisario, de l’Algérie et de la Mauritanie. Dans sa dernière résolution du 29 octobre 2021, le Conseil de sécurité avait recommandé la reprise du processus là où il s’était arrêté après la démission de Koehler. Mais pour Alger, ce format quadripartite est «contre-productif».
De l’autre côté, le Maroc tient à ce que l’Algérie soit représentée dans les pourparlers. Bourita l’avait clairement expliqué auparavant : c’est l’Algérie qui arme, qui finance, qui héberge, qui fournit les passeports, qui se met en avant, qui s’agite et son absence des discussions signifierait l’échec programmé de celles-ci. Comment l’Algérie compte-t-elle échapper à sa responsabilité alors que la communauté internationale s’accorde à dire que l’Algérie est partie prenante de ce conflit et que toute solution passe par elle, le Polisario n’étant qu’un instrument à sa solde ?
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Risque d’embrasement ?
Interrogé par nos confrères de l’AFP sur la rivalité algéro-marocaine et sur le moment délicat et dangereux que traverse la région, Riccardo Fabiani, spécialiste de l’Afrique du Nord à l’International Crisis Group (ICG), a relativisé le risque d’un confit armé. «Nous assistons à une guerre diplomatique dans laquelle les deux parties usent de tous les moyens sans aller jusqu’à un conflit ouvert», a-t-il estimé. «Le risque d’un conflit militaire est faible, car aucune des deux parties ne le souhaite. Mais cela ne doit pas être sous-estimé, il suffit d’un incident frontalier et d’un mauvais calcul», met en garde l’analyste.
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Pour rappel, Staffan de Mistura s’est rendu, en juillet dernier, à Rabat où il avait rencontré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. L’émissaire onusien s’est entretenu, dimanche dernier, avec le dirigeant séparatiste Brahim Ghali à Tindouf. Après Alger, de Mistura est attendu le 10 septembre à Nouakchott, dernière étape de sa tournée. C’est sur cette base du compte rendu de son envoyé personnel que le numéro 1 de l’ONU, Antonio Guterres, rédigera un rapport à destination du Conseil de sécurité avec des recommandations précises : reconduction du mandat de la Minurso pour douze mois jusqu’au 31 octobre 2023, relance du processus politique pour un règlement définitif de ce conflit, implication de l’Algérie, contrôle des aides humanitaires dans les camps de Tindouf, engagement du groupe des pays amis du Sahara… Le Conseil de sécurité se penchera mi-octobre sur le vote concernant le prolongement du mandat de la Minurso.
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