Accueil / Économie

Tourisme : le Maroc face au manque de ressources humaines qualifiées

Temps de lecture

Le Maroc franchit un cap impressionnant avec plus de 12 millions de touristes accueillis à fin octobre 2023 © DR

Le secteur du tourisme a subi de plein fouet les répercussions de la crise sanitaire au Maroc. Deux ans après la fermeture des frontières, la vie semble reprendre son cours normal. Avec l’ouverture des frontières aériennes et maritimes, ainsi que le lancement de l’opération Marhaba, la pression sur ce secteur s’intensifie. Cependant, le manque de ressources humaines pourrait entrainer des problèmes en termes de gestion. Le point avec Saïd Tahiri, expert en tourisme et ancien directeur général de la Confédération nationale du tourisme (CNT).

L’ouverture des frontières avec plusieurs pays, ainsi que celles avec l’Espagne, Sebta et Melilia, marque la relance officielle du secteur touristique. La propagation de la Covid-19 a obligé la quasi-totalité des pays à fermer leurs frontières aériennes, maritimes et terrestres. Au Maroc, le secteur du tourisme a gravement été impacté par ces mesures restrictives. À préciser aussi que ce secteur contribue, avec un taux élevé, au Produit intérieur brut (PIB) marocain. Moteur essentiel de l’écosystème économique national, sa relance est sine qua non.

Afin de porter un intérêt particulier à ce secteur et ses ressources humaines, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a convoqué une séance de travail, mardi 10 mai 2022. Cette réunion s’est tenue en coordination avec le président et les représentants de la Confédération nationale du Tourisme (CNT). Elle a aussi connu la présence des directeurs généraux de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT).

Pour comprendre exactement les raisons du déficit des ressources humaines, la rédaction LeBrief a contacté Saïd Tahiri, expert en tourisme et ancien directeur général de la CNT. Il nous explique qu’«au moment de la crise liée à la Covid-19, le secteur du tourisme avait eu des moments très difficiles. C’était difficile, d’abord, pour fidéliser les ressources humaines que nous avions. Et ça l’est encore plus difficile pour faire appel à eux aujourd’hui, au moment où nous prévoyons justement cette reprise». Il ajoute également que «la pandémie de la Covid-19 nous a réellement plombé. Elle a montré nos limites. Donc, on ne pouvait pas demander aux opérateurs de recruter et former, alors qu’il y a une réelle crise économique à l’échelle nationale. Les gens ne trouvaient même pas de quoi payer leurs factures».

La réunion de travail, sous la présidence de la ministre du Tourisme, a permis de rappeler les perspectives positives que connait actuellement le secteur du tourisme mondial et national. De son côté, le président de la CNT a mis en lumière deux problématiques majeures freinant la reprise du secteur. Il s’agit notamment de l’aérien qui conditionne la proposition de la valeur touristique et l’attractivité de la destination Maroc.

Pour le second problème, il concerne le manque de ressources qualifiées à cause de la perte de l’attractivité de l’emploi dans le secteur touristique. De fait, la demande accrue que connaitra le secteur rendra ce sujet encore plus critique. Selon Saïd Tahiri, «aujourd’hui, ce déficit de ressources humaines est un constat qui est là. Il est dû au fait que nous n’avions pas su les fidéliser et que nous avions un problème avant même l’arrivée de la pandémie».

Lire aussi : Relance du tourisme : Fatim-Zahra Ammor fait le point avec les professionnels

Employabilité du secteur touristique : quelles solutions aujourd’hui ?

Afin de repositionner l’employabilité du secteur et de favoriser la rétention des profils, le ministère du Tourisme annonce qu’il mettra en place un plan dédié à cet effet. En revanche, l’expert nous révèle qu’«il y a différentes problématiques liées aux RH. D’abord, le nombre de personnes qui travaillent dans ce secteur a été réduit. Avant, près d’un million de personnes travaillaient dans ce secteur de manière directe. Aujourd’hui, ce nombre est passé à 70.000. Cette baisse est une réelle problématique pour le tourisme national».

Concernant l’employabilité dans ce secteur, le manque concerne particulièrement les profils disposant de formations spécialisées. «Il y a un problème de ressources, mais surtout de ressources formées. Par exemple, trouver un chef pâtissier ou de cuisine formé est très difficile. C’est un métier très pointu et nous avons du mal à trouver des solutions par rapport à cela», précise l’intervenant. Il faut souligner aussi le problème des professionnels qualifiés qui sont partis à l’étranger, car les frontières ont été ouvertes tardivement au Maroc. Pour y remédier, les opérateurs recrutent et forment selon le besoin, pour une période prédéfinie. Mais ce n’est pas une solution pérenne, ajoute l’expert.

Parmi les solutions proposées par le ministère, un communiqué du département indique que «la ministre a sensibilisé les professionnels sur l’importance de développer les offres loisirs et animation, afin de capturer les touristes et notamment les touristes locaux. Ces offres viendront compléter les efforts de promotion déployés par l’ONMT et favoriser, à court terme, une croissance sur de nouveaux marchés».

Enfin, Saïd Tahiri souligne que pour garder ces employés, il faut améliorer leurs conditions de travail. «Il y a aussi la motivation. On doit motiver les gens, mais pas uniquement à travers les salaires. Ils ont besoin de bénéficier d’une couverture sociale et d’être déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ainsi que de profiter d’une assurance maladie. Sans oublier la reconnaissance et la valeur humaine de ces employés, qu’il faut toujours mettre en avant». Et de conclure : «c’est une problématique qui doit être prise très au sérieux. Nous avons réellement besoin de ressources qualifiées de manière très urgente».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Un record historique pour le tourisme marocain

Économie - Le Maroc célèbre une année exceptionnelle pour son tourisme, avec un record de 15,9 millions d’arrivées enregistrées entre janvier et novembre 2024.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Karim Zidane mobilise les acteurs pour dynamiser l’économie de Fès-Meknès

Économie - Le ministre chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des Politiques Publiques, Karim Zidane, a pris part au quatrième édition du forum economique Fès-Meknès.

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

La dette extérieure du Maroc a doublé en 10 ans

Économie - La dette extérieur (69 Mds $) dollars équivaut à 50% du revenu national brut (RNB) et représente près de 110% des revenus de l’export.

Mbaye Gueye - 7 décembre 2024

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

Crédit du Maroc clôture avec succès le placement relatif à l’emprunt obligataire subordonné perpétuel de 500 MDH

Économie - Crédit du Maroc a réussi son placement relatif à l'emprunt obligataire subordonné perpétuel, , doté d’un mécanisme d’absorption des pertes et d’annulation de paiement des coupons, pour un montant global de 500 millions de dirhams (MDH).

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

Driss Guerraoui primé à Barcelone

Économie - Le professeur Driss Guerraoui, président de l’Université Ouverte de Dakhla, a reçu le Prix international du leadership en intelligence économique pour l’année 2024.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague

Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024
Voir plus

L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague

Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

PLF 2025 : un budget citoyen pour tous

Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Agadir : entre tourisme et défis climatiques

Économie - Agadir est devenue en quelques années un havre de paix pour des milliers de retraités français. Cependant, cette douceur de vivre s’accompagne de défis environnementaux et sociaux, notamment la crise de l’eau.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

AIF 2024 : signature de trois accords entre le Maroc et la BAD

Économie -Le gouvernement marocain a procédé à la signature de trois accords de financement avec la Banque africaine de développement (BAD).

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Hydrogène vert : Akhannouch émet la circulaire de mise en œuvre de « l’Offre Maroc »

Aziz Akhannouch a émis la circulaire de mise en œuvre de "l’Offre Maroc" pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.

Rédaction LeBrief - 11 mars 2024

FMI : le Maroc est sur la bonne voie pour maîtriser le ratio dette/PIB

Économie - Selon le FMI, le ratio de la dette devrait continuer à diminuer pour atteindre 68,3% en 2025, 67,2% en 2026 et 65% en 2029.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire