Le monde merveilleux imaginé et crée par Tim Burton. DR.
Samedi soir, lors du Festival international du film de Marrakech, Tim Burton, réalisateur, scénariste et producteur, connu pour son style unique mêlant fantastique, gothique et excentricité, a captivé le public en dévoilant les coulisses de son univers créatif. Au cours d’un échange animé avec le critique français Gérard Lefort dans le cadre du programme « Conversations », Burton a revisité son enfance marquée par les films d’horreur et ses débuts dans l’animation.
Il a évoqué sa collaboration avec des acteurs emblématiques comme Johnny Depp, notamment dans Edward aux mains d’argent (1990), en soulignant sa préférence pour des comédiens capables de repousser les limites du jeu traditionnel. Et les limites du traditionnel, en effet, Burton ne les connaît pas et les dépasse de loin ! Le réalisateur est aussi revenu sur l’importance de son partenariat avec le compositeur Danny Elfman, qui a su enrichir son œuvre par des compositions mémorables.
Les films de Burton explorent souvent la dualité entre bien et mal, mais il veille à donner une profondeur aux personnages maléfiques : « Je n’aime pas réduire le mal à une simple apparence, car, derrière, il y a souvent une histoire, une injustice », déclare l’artiste à la MAP. Il a cependant affirmé qu’il ne se tournerait pas vers le cinéma réaliste, préférant s’en tenir à son style unique.
Aux jeunes cinéastes, il a conseillé, à cette occasion, de privilégier la passion avant tout, sans se soucier du succès ou de l’échec. Il faut dire, que l’échec, ça le connaît. Il a mis quelques années avant d’être reconnu pour son talent…
Burton le maléfique
Tim Burton, né le 25 août 1958 à Burbank, en Californie, dans une famille modeste. Il grandit dans la banlieue de Los Angeles. Comme cela se verra aisément dans ses œuvres à l’âge adulte, enfant, Tim Burton était introverti. Il trouvait alors refuge dans les films d’horreur classiques, les bandes dessinées et l’art visuel. Les monstres, comme ceux de la série Godzilla et les œuvres d’Edgar Allan Poe, sont ceux qui l’attireront le plus et influenceront plus tard son esthétique au coup de crayon unique. Burton passe une grande partie de son adolescence à dessiner et à créer des courts métrages en stop-motion.
Après le lycée, il intègre le California Institute of the Arts (CalArts), où il perfectionne ses compétences en animation. Il est très rapidement repéré par les Studios Disney en 1979, qui le recrutent comme animateur. Mais nous parlons là des années 80 ! Son style unique détonne encore avec les productions traditionnelles de Disney. N’oublions pas qu’à la même époque, les Studios Disney produisaient « Les aventures de Winnie l’Ourson », « Peter et Elliott le dragon », ou encore « Un cosmonaute chez le roi Arthur ». Nous sommes encore loin du style macabre qui burtonien.
Il y réalise néanmoins deux courts métrages remarqués : « Vincent » (1982), un hommage à Vincent Price, et « Frankenweenie » (1984), une histoire d’amitié entre un enfant et son chien ressuscité.
L’on remarque déjà son univers visuel très singulier, peuplé de personnages marginaux et de décors sombres.
Burton le magnifique
Le succès arrive en 1985 avec son premier long métrage, « Pee-wee’s Big Adventure », un film excentrique qui révèle son potentiel à Hollywood. Mais c’est avec « Beetlejuice» (1988) qu’il se fait véritablement connaître, remportant un succès critique et commercial. Ce film marque le début de la grande Histoire de Tim Burton avec son public. Même si les plus puristes parleront toujours de Vincent !
En 1989, Burton réalise Batman. Évidemment, nous ne sommes plus dans le monde de la bande dessinée, et donner un tel projet à Burton c’est s’attendre à une adaptation sombre et audacieuse du célèbre superhéros. C’était le cas et c’est même devenu un énorme succès au box-office qui a révolutionné le genre des films de superhéros. Il enchaîne avec Batman Returns (1992), plus personnel et encore plus sombre, où il explore les traumatismes et les failles des personnages. On ne parle alors plus de superhéros invincibles, mais d’un héros comme tout le monde.
Burton se distingue aussi (et surtout) dans le domaine de l’animation. « L’Étrange Noël de monsieur Jack » (1993), qu’il a produit, est devenu un classique culte, que nous nous empressons de revisionner dès que les premières lueurs de l’automne pointent leur nez. Il continue avec « Les Noces funèbres » (2005) et « Frankenweenie » (2012), un amour de la stop-motion toujours très présent chez ce réalisateur de talent.
Tout au long de sa carrière, comme nous le disions plus tôt, Tim Burton a souvent collaboré avec l’acteur fou : on a nommé Johnny Depp, bien sûr ! Fou, puisque cet acteur peut à lui seul mimer plusieurs visages et changer de comportements en une seule scène. Cette collaboration est l’une des plus prolifiques et marquantes du cinéma contemporain. Elle commence avec « Edward aux mains d’argent » (1990), un conte mélancolique où Depp incarne un être vulnérable doté de lames en guise de mains. Le duo collabore ensuite sur plusieurs autres films cultes tels que « Sleepy Hollow » (1999), « Charlie et la chocolaterie » (2005), « Sweeney Todd » (2007) … et tant d’autres ! Le duo ne saurait être complété par nul autre qu’Helena Bonham Carter, qui les accompagnera dans la plupart des œuvres réalisées par Tim Burton.
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