Accueil / Culture

Tim Burton, génie maléfique, maître de l’étrange

Temps de lecture

Le monde merveilleux imaginé et crée par Tim Burton. DR.

Il aura mis des années à se faire connaître. Souvent rejeté pour son coup de crayon unique, jugé trop macabre pour l’animation, Tim Burton ne lâchera pourtant rien. « Edward aux mains d’argent », « Les noces funèbres », « Charlie et la chocolaterie » … et tant d’autres ! Tous ont un point commun, ce regard macabre et unique sur la société… et la participation de Johnny Depp ! Au FIFM le réalisateur enchantera les âmes chanceuses, et pourtant rien ne le promettait à un tel succès…

Samedi soir, lors du Festival international du film de Marrakech, Tim Burton, réalisateur, scénariste et producteur, connu pour son style unique mêlant fantastique, gothique et excentricité, a captivé le public en dévoilant les coulisses de son univers créatif. Au cours d’un échange animé avec le critique français Gérard Lefort dans le cadre du programme « Conversations », Burton a revisité son enfance marquée par les films d’horreur et ses débuts dans l’animation.

Il a évoqué sa collaboration avec des acteurs emblématiques comme Johnny Depp, notamment dans Edward aux mains d’argent (1990), en soulignant sa préférence pour des comédiens capables de repousser les limites du jeu traditionnel. Et les limites du traditionnel, en effet, Burton ne les connaît pas et les dépasse de loin ! Le réalisateur est aussi revenu sur l’importance de son partenariat avec le compositeur Danny Elfman, qui a su enrichir son œuvre par des compositions mémorables.

En 1989, Burton réalise Batman. Evidemment, nous ne sommes plus dans le monde de la bande dessinée, et donner un tel projet à Burton c’est s’attendre à une adaptation sombre et audacieuse du célèbre superhéros.

Tim Burton au Festival international du film de Marrakech, édition 2024. DR : AFP.

Les films de Burton explorent souvent la dualité entre bien et mal, mais il veille à donner une profondeur aux personnages maléfiques : « Je n’aime pas réduire le mal à une simple apparence, car, derrière, il y a souvent une histoire, une injustice », déclare l’artiste à la MAP. Il a cependant affirmé qu’il ne se tournerait pas vers le cinéma réaliste, préférant s’en tenir à son style unique.

Aux jeunes cinéastes, il a conseillé, à cette occasion, de privilégier la passion avant tout, sans se soucier du succès ou de l’échec. Il faut dire, que l’échec, ça le connaît. Il a mis quelques années avant d’être reconnu pour son talent…

Burton le maléfique

Tim Burton, né le 25 août 1958 à Burbank, en Californie, dans une famille modeste. Il grandit dans la banlieue de Los Angeles. Comme cela se verra aisément dans ses œuvres à l’âge adulte, enfant, Tim Burton était introverti. Il trouvait alors refuge dans les films d’horreur classiques, les bandes dessinées et l’art visuel. Les monstres, comme ceux de la série Godzilla et les œuvres d’Edgar Allan Poe, sont ceux qui l’attireront le plus et influenceront plus tard son esthétique au coup de crayon unique. Burton passe une grande partie de son adolescence à dessiner et à créer des courts métrages en stop-motion.

Après le lycée, il intègre le California Institute of the Arts (CalArts), où il perfectionne ses compétences en animation. Il est très rapidement repéré par les Studios Disney en 1979, qui le recrutent comme animateur. Mais nous parlons là des années 80 ! Son style unique détonne encore avec les productions traditionnelles de Disney. N’oublions pas qu’à la même époque, les Studios Disney produisaient « Les aventures de Winnie l’Ourson », « Peter et Elliott le dragon », ou encore « Un cosmonaute chez le roi Arthur ». Nous sommes encore loin du style macabre qui burtonien.

Il y réalise néanmoins deux courts métrages remarqués : « Vincent » (1982), un hommage à Vincent Price, et « Frankenweenie » (1984), une histoire d’amitié entre un enfant et son chien ressuscité.

 

L’on remarque déjà son univers visuel très singulier, peuplé de personnages marginaux et de décors sombres.

Burton le magnifique

Le succès arrive en 1985 avec son premier long métrage, « Pee-wee’s Big Adventure », un film excentrique qui révèle son potentiel à Hollywood. Mais c’est avec « Beetlejuice» (1988) qu’il se fait véritablement connaître, remportant un succès critique et commercial. Ce film marque le début de la grande Histoire de Tim Burton avec son public. Même si les plus puristes parleront toujours de Vincent !

En 1989, Burton réalise Batman. Évidemment, nous ne sommes plus dans le monde de la bande dessinée, et donner un tel projet à Burton c’est s’attendre à une adaptation sombre et audacieuse du célèbre superhéros. C’était le cas et c’est même devenu un énorme succès au box-office qui a révolutionné le genre des films de superhéros. Il enchaîne avec Batman Returns (1992), plus personnel et encore plus sombre, où il explore les traumatismes et les failles des personnages. On ne parle alors plus de superhéros invincibles, mais d’un héros comme tout le monde.

Burton se distingue aussi (et surtout) dans le domaine de l’animation. « L’Étrange Noël de monsieur Jack » (1993), qu’il a produit, est devenu un classique culte, que nous nous empressons de revisionner dès que les premières lueurs de l’automne pointent leur nez. Il continue avec « Les Noces funèbres » (2005) et « Frankenweenie » (2012), un amour de la stop-motion toujours très présent chez ce réalisateur de talent.

Tout au long de sa carrière, comme nous le disions plus tôt, Tim Burton a souvent collaboré avec l’acteur fou : on a nommé Johnny Depp, bien sûr ! Fou, puisque cet acteur peut à lui seul mimer plusieurs visages et changer de comportements en une seule scène. Cette collaboration est l’une des plus prolifiques et marquantes du cinéma contemporain. Elle commence avec « Edward aux mains d’argent » (1990), un conte mélancolique où Depp incarne un être vulnérable doté de lames en guise de mains. Le duo collabore ensuite sur plusieurs autres films cultes tels que « Sleepy Hollow » (1999), « Charlie et la chocolaterie » (2005), « Sweeney Todd » (2007) … et tant d’autres ! Le duo ne saurait être complété par nul autre qu’Helena Bonham Carter, qui les accompagnera dans la plupart des œuvres réalisées par Tim Burton.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Doha : clôture de l’année culturelle Qatar-Maroc avec le « Tbourida Show »

Culture - La princesse Lalla Hasnaa et Sheikha Sara Bint Hamad Al-Thani ont présidé, mardi, au Centre équestre Al Shaqab à Doha, le prestigieux « Tbourida Show », marquant la clôture en beauté de l’Année Culturelle Qatar-Maroc 2024, qui a célébré les liens fraternels exceptionnels unissant le Maroc et le Qatar.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Agadir : clôture réussie du Festival international da caricature en Afrique

Culture - Le FUCAP 2024 a rassemblé chercheurs et artistes pour explorer les liens entre l’art et l’éducation à travers des débats et des contributions académiques.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Maroc-Gabon : la coopération dans le secteur de l’artisanat au cœur d’entretiens

Afrique, Culture, Économie - Le Maroc et le Gabon ont réaffirmé leur engagement à dynamiser la coopération bilatérale en matière d'artisanat

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Les Young Moroccan Architecture Awards célèbrent les talents émergents de l’architecture

Culture - La deuxième édition des YMAA, qui s'est déroulée le 12 décembre dernier, a honoré les jeunes talents de l’architecture marocaine lors d’une cérémonie à l’hôtel Marriott de Casablanca.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

SILEJ 2024 : lancement de « Hayya », une application dédiée au patrimoine de la ville sainte

Culture - L'Agence Bayt Mal Al Qods Acharif lance son application "Hayya" dédiée à la promotion du patrimoine culturel de la ville sainte.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Prix Sharjah de la critique de la poésie arabe : le Marocain Ibrahim El Graoui primé

Culture - Ibrahim El Guerraoui a remporté la 4e édition du Prix de Sharjah de la critique de la poésie arabe

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Hommage à Nour-Eddine Sail

Culture - Le dimanche 15 décembre 2024, date anniversaire de la disparition de Nour-Eddine Sail, un hommage solennel lui sera rendu au CinéAtlas Colisée de Rabat..

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Grand Prix de la Presse : le journalisme marocain à l’honneur

Culture - La 22ème édition du Grand Prix National de la Presse a dévoilé ses lauréats lors d’une cérémonie honorant l’excellence journalistique marocaine.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024
Voir plus

Monica Bellucci illumine le FIFM avec « Maria Callas : lettres et mémoires »

Culture - Le film « Maria Callas : lettres et mémoires », réalisé par Yannis Dimolitsas, avec Monica Bellucci dans le rôle principal, a captivé le public lors de sa projection au Festival international du film de Marrakech (FIFM).

Rédaction LeBrief - 2 décembre 2024

Conférence sur l’ingénierie culturelle et les ICC à Rabat

Culture - Du 4 au 6 décembre 2024, l'École des sciences de l'information (ESI) de Rabat organise la première Conférence internationale sur les Industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique et dans le monde arabe, en partenariat avec l’UNESCO.

Rédaction LeBrief - 2 décembre 2024

SILEJ 2024 : lancement de « Hayya », une application dédiée au patrimoine de la ville sainte

Culture - L'Agence Bayt Mal Al Qods Acharif lance son application "Hayya" dédiée à la promotion du patrimoine culturel de la ville sainte.

Rédaction LeBrief - 16 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire