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À nouveau sous les projecteurs, TikTok, le géant des réseaux sociaux, fait face à des critiques croissantes au Maroc. Une potentielle interdiction est en discussion à l’approche de l’ouverture du Parlement en octobre. Au cœur des préoccupations, l’impact de la plateforme sur les valeurs sociétales et son influence sur la jeunesse.
Des sources au sein de la Commission de l’éducation, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants indiquent qu’un projet de loi visant à interdire TikTok pourrait être remis sur la table. Celui-ci a déjà été proposé par le passé, mais n’a pas reçu le soutien nécessaire. Cette initiative répond aux inquiétudes exprimées par une partie de la population concernant le type de contenu accessible sur la plateforme.
Le Maroc, suivant les traces d’autres nations comme la Jordanie, pourrait rejoindre le mouvement mondial contre TikTok si les législateurs décident d’adopter l’interdiction. Les discussions attendues lors de la session législative d’octobre se concentreront sur l’équilibre entre la préservation des normes culturelles et l’influence grandissante des médias numériques.
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Débat croissant sur la régulation de TikTok et les réseaux sociaux
ByteDance, une société basée en Chine, est propriétaire de TikTok, lancée en 2018 et rapidement devenue très populaire, non seulement dans son pays d’origine, mais aussi à l’échelle mondiale. Cependant, la plateforme soulève des inquiétudes sécuritaires internationales en raison de ses liens avec la Chine. Ces préoccupations ont poussé les États-Unis et d’autres nations à envisager des restrictions sévères, y compris l’interdiction de TikTok sur les appareils gouvernementaux pour contrer les risques de sécurité.
Au Maroc, où TikTok compte environ 12,5 millions d’utilisateurs, les demandes pour une régulation plus rigoureuse se multiplient. Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, lors d’une intervention sur la chaîne 2M, a réaffirmé son engagement à combattre les abus et les diffamations sur les réseaux sociaux, ciblant en particulier TikTok et YouTube. Ces déclarations interviennent dans un contexte où, depuis décembre dernier, le débat sur TikTok a pris une dimension politique. La députée Hanane Atarguine du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) a notamment appelé à son interdiction, préoccupée par les contenus dangereux accessibles aux mineurs.
Ouahbi a mis en lumière les obstacles juridiques et pratiques à interdire des plateformes telles que TikTok et Facebook, qui appartiennent à des entités étrangères hors de la portée juridique directe du Maroc. Cette révélation survient alors que TikTok est accusé par certains de porter atteinte à l’honneur et à la décence publique, en devenant une source de revenus pour certains au détriment de valeurs morales.
Dans ce climat, Nabil Dakhch, membre du groupe Haraki à la Chambre des représentants, a interpellé le ministre de la Culture et de la Communication sur l’importance de réglementer les plateformes numériques pour protéger la santé mentale et les comportements des jeunes utilisateurs. Cette démarche signale une prise de conscience croissante et annonce peut-être des changements réglementaires à venir dans le paysage numérique marocain.
TikTok, carrière et culture
Dans ce climat d’incertitude, Chaimae Bentananat, créatrice de contenu marocaine, exprime ses inquiétudes quant à son avenir sur la plateforme. Découverte pendant le confinement, TikTok est devenu pour elle un refuge loin de l’atmosphère parfois toxique d’autres réseaux comme Instagram et Facebook, un lieu d’authenticité où elle pouvait être elle-même sans artifice. Ce qui a commencé par un amusement s’est vite transformé en carrière, encouragée par une communauté bienveillante et l’absence de harceleurs, un vrai «safe space».
Sa carrière a pris un tournant décisif lorsqu’elle a pris en charge le compte TikTok de JAWJAB, un média numérique marocain. Sous sa gestion, la page est devenue la plus suivie au Maroc. «C’était comme un laboratoire pour moi», confie-t-elle. «TikTok m’a permis d’expérimenter en toute liberté». Son influence s’est étendue au-delà de TikTok, attirant l’attention de l’industrie musicale et aidant des artistes comme STORMY, dont la chanson «POPO» est devenue virale, à gagner une reconnaissance internationale.
Elle a également contribué au succès de la série «Dar Nssa», très populaire pendant le Ramadan, en adaptant des extraits pour TikTok. Maintenant, alors que le débat sur l’interdiction de TikTok ressurgit, Bentananat reste optimiste, croyant en l’influence grandissante de la plateforme, non seulement parmi les jeunes, mais aussi les institutions.
Pour elle, interdire TikTok serait un coup dur non seulement pour sa carrière, mais aussi pour la diffusion de la culture marocaine. «TikTok est une porte vers le monde extérieur«, explique-t-elle, soulignant l’opportunité qu’elle offre pour présenter la culture et le patrimoine marocains sur la scène mondiale.
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Interdiction ou régulation adaptée ?
Concernant les contenus controversés, Chaimae considère que TikTok gère bien la situation : «La plateforme dispose d’outils efficaces pour éliminer rapidement les contenus offensants. Interdire TikTok pour quelques dérapages me semble excessif, surtout quand on considère que d’autres plateformes, comme YouTube ou Twitch, connaissent des problèmes similaires sans pour autant être bannies».
Anwar, un autre créateur de contenu, offre une perspective différente. Depuis ses débuts sur TikTok il y a un an, encouragé par des amis déjà actifs en ligne, il publie quotidiennement et attire des milliers de vues. Cependant, il est critique quant à l’évolution de la plateforme, qu’il juge néfaste, exposant les jeunes à des contenus inappropriés et à de la désinformation. «On assiste à des comportements inimaginables au Maroc. La quête de notoriété sur TikTok pousse certains à dépasser les limites», déplore-t-il.
Il souligne aussi l’impact de TikTok sur la santé mentale, affirmant que la plateforme crée une addiction aux contenus éphémères et superficiels qui nuisent à la concentration. Plus alarmant encore, selon lui, est l’exposition de la vie privée sur TikTok, transformant des détails personnels en spectacles publics. Anwar critique également la censure sur TikTok, notamment en ce qui concerne des sujets sensibles comme la Palestine, arguant que la plateforme n’est pas aussi ouverte qu’elle le prétend. Anwar pense qu’une solution radicale comme l’interdiction de TikTok pourrait être nécessaire pour éliminer ces méfaits, même si cela signifie sacrifier les aspects positifs.
Meryem, également créatrice de contenu sur TikTok, voit la plateforme comme un espace au potentiel énorme pour toucher un large public et partager des idées créatives. Toutefois, elle reconnaît que TikTok peut être détourné à des fins moins nobles. Opposée à une interdiction, Meryem plaide pour une régulation adaptée qui pourrait prévenir les abus tout en préservant les bénéfices de l’application pour des millions de personnes. «Plutôt que de priver les créateurs et utilisateurs d’un espace d’expression, il serait plus judicieux de mettre en place des régulations adaptées», affirme-t-elle, soulignant l’importance de trouver un équilibre entre contrôle et liberté.
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