Temps de lecture : 6 minutes

Accueil / Économie / TGR : «Il est essentiel d’être agile afin de protéger nos entreprises et nos citoyens», Noureddine Bensouda

TGR : «Il est essentiel d’être agile afin de protéger nos entreprises et nos citoyens», Noureddine Bensouda

Temps de lecture : 6 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 6 minutes

Dans un contexte de transformation numérique et de pressions économiques globales, le Maroc s’attèle à moderniser sa gestion publique et sa gouvernance financière. La montée en puissance de l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives pour optimiser les processus, améliorer l’efficacité administrative et renforcer la transparence. Dans une interview avec LeBrief, Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume, partage sa vision des priorités, des défis actuels et de l’importance d’un capital humain fort.

Temps de lecture : 6 minutes

La seizième édition du Colloque international des Finances publiques, organisée par la Trésorerie générale du Royaume, se déroule les 1ᵉʳ et 2 novembre 2024, rassemblant des experts marocains et internationaux pour examiner les défis contemporains des finances publiques. Cet événement annuel permet de débattre des enjeux majeurs en matière de gestion budgétaire et de gouvernance financière dans un contexte mondial marqué par des crises multiples. À travers différents panels et retours d’expérience, les participants exploreront des pistes pour renforcer les capacités institutionnelles et moderniser le management financier. Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, nous en dit plus.

LeBrief : Le Maroc et la France ont entamé une nouvelle ère de coopérations. Au-delà de ce colloque annuel, quels sont les aspects de la collaboration entre le Royaume et la République française en matière de gestion des finances publiques ?

Noureddine Bensouda : Cette relation progresse d’année en année, avec un accent mis sur les compétences métier. Des experts étrangers viennent collaborer avec leurs homologues marocains. Par exemple, la France a modifié sa législation sur les partenariats avec le Maroc en 2012, dans cet esprit de coopération. C’est un esprit visant à l’amélioration continue.

LeBrief : Quel peut être l’apport de l’IA pour la gouvernance financière publique ?

Noureddine Bensouda : Concernant l’intelligence artificielle, elle peut contribuer à la gouvernance financière. Aujourd’hui, elle est un sujet central dans les universités. Comment devons-nous nous comporter face à l’intelligence artificielle ? Dans certaines universités, elle est interdite, surtout pour les étudiants, afin de les pousser à explorer d’autres méthodes. D’autres l’acceptent, mais il est indéniable qu’on ne peut ignorer l’intelligence artificielle. Elle facilite la gestion rapide de données, tout en réservant les capacités humaines à des tâches de plus grande valeur ajoutée au sein des organisations. En matière de gestion des finances, nous utilisons déjà l’intelligence artificielle pour interagir avec l’administration financière. Les systèmes de chat nous permettent de rassembler toutes les informations disponibles de l’administration, notamment pour le secteur téléphonique et les opérateurs économiques. L’intelligence artificielle agrège et traite ces informations, les rendant accessibles aux décideurs. Dans un monde en perpétuel mouvement, l’intelligence artificielle nous permet de gagner un temps précieux, et le temps, c’est l’élément le plus important.

LeBrief : Comment évaluez-vous la santé financière du Maroc dans le contexte actuel, marquée par des pressions économiques globales ?

Noureddine Bensouda : La santé financière du Maroc est marquée par des pressions économiques globales. Les chocs économiques se répètent, et nous devons nous y adapter, tout comme les autres pays. Il est essentiel d’être agile, de réagir rapidement à ces chocs, et surtout de protéger nos entreprises et nos citoyens face à ces aléas. L’État a joué un rôle majeur, que ce soit pour faire face au choc énergétique, aux changements climatiques, ou aux crises liées à la sécheresse et à la pression hydrique. L’État est présent, que ce soit par le biais de ses entreprises publiques, des collectivités ou encore du secteur privé. Ce travail collectif, cette intelligence partagée, permet de favoriser la croissance et de créer de l’emploi. Nous vulgarisons nos méthodes et pratiques pour les rendre accessibles à tous.

LeBrief : Que fait la TGR en termes de transparence et d’efficacité de la gestion publique ?

Noureddine Bensouda : Pour la transparence budgétaire, à titre d’exemple, le site du ministère offre des informations sur la loi de finances et des rapports explicatifs. Un budget se compose de recettes, issues des douanes, des impôts, ou encore des revenus divers, et de dépenses qui financent des secteurs comme la santé, l’éducation ou la transition numérique. Nous devons veiller à ce que les recettes couvrent les dépenses, tout en assurant un service public de qualité. Souvent, les recettes sont insuffisantes, ce qui nous conduit à l’endettement, encadré par des dispositions législatives pour que les emprunts soient exclusivement dédiés aux investissements.

LeBrief : Quelles sont les principales priorités de la TGR pour assurer une gestion efficace des finances publiques ?

Noureddine Bensouda : La première priorité est le capital humain. Nous avons une vision stratégique de gestion des ressources humaines : nous recrutons, formons et assurons la couverture du territoire pour servir les citoyens. L’autre priorité est la gestion de l’information, essentielle pour anticiper et proposer des décisions éclairées en matière de dette. Nous publions des bulletins des finances publiques pour les budgets de l’État et des collectivités territoriales, dans un souci de transparence pour les citoyens et de contrôle par les représentants nationaux.

LeBrief : Quels sont, selon vous, les leviers pour améliorer la collecte des recettes fiscales et réduire les déficits publics à moyen et long terme ?

Noureddine Bensouda : Un des leviers consiste à repenser le contrat social. L’État assure des missions de sécurité, de justice, et de protection sociale. La Trésorerie générale travaille à exécuter les budgets avec ses partenaires, en respectant cette mission.

LeBrief : Quelle est votre vision pour l’avenir des finances publiques marocaines ?

Noureddine Bensouda : Je suis optimiste quant aux finances publiques. Les investissements dans les infrastructures, la résorption des bidonvilles et le soutien aux classes moyennes transforment le pays. Cette dynamique doit être maintenue en assurant une convergence et une cohérence entre tous les acteurs. Nous avons adopté une nouvelle approche pour réformer le décret des marchés publics, en consultant l’ensemble des partenaires du secteur privé et public. Cette démarche, basée sur la transparence, l’égalité des chances et la responsabilisation, vise à améliorer le service public. Il est crucial de communiquer et d’expliquer simplement nos actions. Parfois, nous répondons avec des termes techniques, mais il faut faire l’effort de vulgariser pour que chacun puisse comprendre.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 6 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité

Et sur nos réseaux sociaux :

Noureddine Bensouda

Tunnel de Gibraltar : un projet relancé pour unir l’Europe et l’Afrique

Relancé après des années d'attente, le projet du tunnel sous le détroit de Gibraltar capte de nouveau l'attention internationale. Cette liai…
Noureddine Bensouda

La réforme de l’impôt sur le revenu : qu’est-ce qui va changer dans les bourses ?

Comme convenu lors de la conclusion du dialogue social entre le gouvernement et les syndicats en avril dernier, la réforme de l’impôt sur le…
Noureddine Bensouda

Fruits rouges : une industrie en plein essor face aux défis de la sécheresse

Au cœur du 33ᵉ Séminaire international sur les fruits rouges à Tanger, Mohamed Amouri, président de la Fédération interprofessionnelle maroc…
Noureddine Bensouda

Fruits, légumes, viandes : un marché sous haute tension

Sur le marché marocain, rien ne va plus et la seule stagnation est celle de la hausse des prix des produits alimentaires. Cette semaine, à C…
Noureddine Bensouda

Tomates : en 20 ans, le Maroc a multiplié par 1.400 ses exportations vers le Royaume-Uni

Au cours des deux dernières décennies, le paysage du marché britannique de la tomate a connu des transformations spectaculaires. Celles-ci o…
Noureddine Bensouda

Zoom sur les défis économiques du Maroc, selon l’OCDE

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié sa première étude économique dédiée au Maroc. Ce rapport, qui …
Noureddine Bensouda

Le Maroc face à la validation des acquis (VAEP)

Nombreuses sont les personnes dont les compétences ne sont plus à démontrer, mais dont l’absence d’un diplôme bloque leur évolution de leurs…
Noureddine Bensouda

Pastèques : Maroc, deuxième fournisseur de l’UE

La culture de fruits telle que la pastèque, grande consommatrice d’eau, est interdite dans plusieurs régions du Maroc en raison du stress hy…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire