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La seizième édition du Colloque international des Finances publiques, organisée par la Trésorerie générale du Royaume, se déroule les 1ᵉʳ et 2 novembre 2024, rassemblant des experts marocains et internationaux pour examiner les défis contemporains des finances publiques. Cet événement annuel permet de débattre des enjeux majeurs en matière de gestion budgétaire et de gouvernance financière dans un contexte mondial marqué par des crises multiples. À travers différents panels et retours d’expérience, les participants exploreront des pistes pour renforcer les capacités institutionnelles et moderniser le management financier. Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, nous en dit plus.
LeBrief : Le Maroc et la France ont entamé une nouvelle ère de coopérations. Au-delà de ce colloque annuel, quels sont les aspects de la collaboration entre le Royaume et la République française en matière de gestion des finances publiques ?
Noureddine Bensouda : Cette relation progresse d’année en année, avec un accent mis sur les compétences métier. Des experts étrangers viennent collaborer avec leurs homologues marocains. Par exemple, la France a modifié sa législation sur les partenariats avec le Maroc en 2012, dans cet esprit de coopération. C’est un esprit visant à l’amélioration continue.
LeBrief : Quel peut être l’apport de l’IA pour la gouvernance financière publique ?
Noureddine Bensouda : Concernant l’intelligence artificielle, elle peut contribuer à la gouvernance financière. Aujourd’hui, elle est un sujet central dans les universités. Comment devons-nous nous comporter face à l’intelligence artificielle ? Dans certaines universités, elle est interdite, surtout pour les étudiants, afin de les pousser à explorer d’autres méthodes. D’autres l’acceptent, mais il est indéniable qu’on ne peut ignorer l’intelligence artificielle. Elle facilite la gestion rapide de données, tout en réservant les capacités humaines à des tâches de plus grande valeur ajoutée au sein des organisations. En matière de gestion des finances, nous utilisons déjà l’intelligence artificielle pour interagir avec l’administration financière. Les systèmes de chat nous permettent de rassembler toutes les informations disponibles de l’administration, notamment pour le secteur téléphonique et les opérateurs économiques. L’intelligence artificielle agrège et traite ces informations, les rendant accessibles aux décideurs. Dans un monde en perpétuel mouvement, l’intelligence artificielle nous permet de gagner un temps précieux, et le temps, c’est l’élément le plus important.
LeBrief : Comment évaluez-vous la santé financière du Maroc dans le contexte actuel, marquée par des pressions économiques globales ?
Noureddine Bensouda : La santé financière du Maroc est marquée par des pressions économiques globales. Les chocs économiques se répètent, et nous devons nous y adapter, tout comme les autres pays. Il est essentiel d’être agile, de réagir rapidement à ces chocs, et surtout de protéger nos entreprises et nos citoyens face à ces aléas. L’État a joué un rôle majeur, que ce soit pour faire face au choc énergétique, aux changements climatiques, ou aux crises liées à la sécheresse et à la pression hydrique. L’État est présent, que ce soit par le biais de ses entreprises publiques, des collectivités ou encore du secteur privé. Ce travail collectif, cette intelligence partagée, permet de favoriser la croissance et de créer de l’emploi. Nous vulgarisons nos méthodes et pratiques pour les rendre accessibles à tous.
LeBrief : Que fait la TGR en termes de transparence et d’efficacité de la gestion publique ?
Noureddine Bensouda : Pour la transparence budgétaire, à titre d’exemple, le site du ministère offre des informations sur la loi de finances et des rapports explicatifs. Un budget se compose de recettes, issues des douanes, des impôts, ou encore des revenus divers, et de dépenses qui financent des secteurs comme la santé, l’éducation ou la transition numérique. Nous devons veiller à ce que les recettes couvrent les dépenses, tout en assurant un service public de qualité. Souvent, les recettes sont insuffisantes, ce qui nous conduit à l’endettement, encadré par des dispositions législatives pour que les emprunts soient exclusivement dédiés aux investissements.
LeBrief : Quelles sont les principales priorités de la TGR pour assurer une gestion efficace des finances publiques ?
Noureddine Bensouda : La première priorité est le capital humain. Nous avons une vision stratégique de gestion des ressources humaines : nous recrutons, formons et assurons la couverture du territoire pour servir les citoyens. L’autre priorité est la gestion de l’information, essentielle pour anticiper et proposer des décisions éclairées en matière de dette. Nous publions des bulletins des finances publiques pour les budgets de l’État et des collectivités territoriales, dans un souci de transparence pour les citoyens et de contrôle par les représentants nationaux.
LeBrief : Quels sont, selon vous, les leviers pour améliorer la collecte des recettes fiscales et réduire les déficits publics à moyen et long terme ?
Noureddine Bensouda : Un des leviers consiste à repenser le contrat social. L’État assure des missions de sécurité, de justice, et de protection sociale. La Trésorerie générale travaille à exécuter les budgets avec ses partenaires, en respectant cette mission.
LeBrief : Quelle est votre vision pour l’avenir des finances publiques marocaines ?
Noureddine Bensouda : Je suis optimiste quant aux finances publiques. Les investissements dans les infrastructures, la résorption des bidonvilles et le soutien aux classes moyennes transforment le pays. Cette dynamique doit être maintenue en assurant une convergence et une cohérence entre tous les acteurs. Nous avons adopté une nouvelle approche pour réformer le décret des marchés publics, en consultant l’ensemble des partenaires du secteur privé et public. Cette démarche, basée sur la transparence, l’égalité des chances et la responsabilisation, vise à améliorer le service public. Il est crucial de communiquer et d’expliquer simplement nos actions. Parfois, nous répondons avec des termes techniques, mais il faut faire l’effort de vulgariser pour que chacun puisse comprendre.
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