Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) © MAP
Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a présenté, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 13 juillet, les conclusions préliminaires de sa mission d’information au sujet de l’incident tragique survenue devant le point de passage entre Nador et Melilla. Ce drame a vu quelque 2.000 migrants tenter désespérément de franchir la clôture métallique.
Ces conclusions ont été présentées par la présidente du Conseil, Amina Bouayach. Selon elle, la mission dépêchée à Nador et ses environs a mené des entretiens avec toutes les parties prenantes, y compris les autorités, la société civile et les migrants. Cette Commission a également collecté des données et recueilli les faits et les informations concernant cet incident.
Lire aussi : Drame de Melilia : le CNDH livre ses conclusions
Les forces de l’ordre marocaines n’ont pas tiré de balles
La présidente du CNDH a assuré que les forces de l’ordre marocaines n’ont pas eu recours aux tirs par balles. «Les autorités, les associations non gouvernementales ainsi que les migrants blessés hospitalisés ont tous unanimement soutenu qu’il n’y a pas eu de recours aux balles et que les forces de l’ordre ont utilisé des matraques et du gaz lacrymogène», a-t-elle affirmé.
De plus, la responsable a précisé que les décès enregistrés ont été causés par asphyxie mécanique sur suffocation provoquée par la bousculade et l’agglutination d’un nombre important de victimes, dans un espace hermétiquement clos. Toutefois, la Commission a indiqué qu’elle n’a pas pu déterminer si les blessures de certains migrants provenaient de chutes et de bousculades ou de blessures résultant d’un recours disproportionné à la force.
Elle a aussi relevé que l’autopsie demeure la seule voie à même de vérifier avec précision les causes de décès de chaque victime.
Quant au nombre de personnes décédées lors de cet incident, il est de 23 décès, précise Amina Bouayach. Elle indique que parmi les défunts, cinq sont arrivés morts à l’hôpital. Elle ajoute que le nombre de blessés s’est quant à lui élevé à 217, dont 77 candidats à la migration clandestine et 140 agents des forces publiques.
Aucune des personnes décédées lors du drame n’a été enterrée, affirme la Commission, notant qu’elle s’est assurée du nombre de corps lors de sa visite à la morgue.
Selon des informations recueillies par des organisations non gouvernementales, la mission du CNDH invoque l’hypothèse de survenance de violences derrière la clôture. Des brutalités qui auraient éclaté «en raison de la réticence ou de l’hésitation des autorités espagnoles» à fournir l’assistance et les secours nécessaires. Ces dernières n’ont pas réagi malgré les bousculades et l’accrochage de migrants devant les portes-tourniquets restées hermétiquement fermées. Une situation qui a eu pour effet une augmentation du nombre de décès et de blessés.
Pour ce qui est des traitements médicaux, la Commission d’information assure que «les soins médicaux nécessaires ont été apportés aux blessés et les interventions chirurgicales ont été assurées au Centre hospitalier régional de Nador et au CHU Mohammed VI d’Oujda».
Lire aussi : Melilia : l’enclave de la mort
De nouveaux modes de franchissement des points de passage
Le conseil a constaté par ailleurs «l’émergence d’un changement fondamental marquant les tentatives» d’assaut de Melilia.
Ce changement est lié au modus opérandi adopté, à savoir un assaut soudain, bien organisé et inhabituellement mené durant la journée. Une opération qui a ciblé le passage et non la clôture grillagée et qui a tenté de forcer le passage au lieu d’escalader le grillage, fait savoir le CNDH.
La même source note que les affrontements, qui constituent un précédent inédit en termes de tentatives de franchissement de la clôture séparant Nador de Melilia, ont été caractérisés par une violence aiguë. Celle-ci a été simultanément perpétrée par un très grand nombre de migrants armés de bâtons, de pierres et d’armes tranchantes.
Ainsi, l’organisme déplore l’atteinte grave portée par ces migrants à l’intégrité physique de certains des membres des forces de l’ordre qui ont été séquestrés et dont les équipements ont été saisis. Il a aussi regretté que ces violences aient été accompagnées par la dissémination de fake news, de fausses images et de publications mensongères sur les réseaux sociaux.
«Cela a eu pour effet de créer une profonde confusion auprès de l’opinion publique nationale et internationale au sujet des allégations liées à l’utilisation de balles réelles et aux insuffisances de soins médicaux», ajoute le CNDH.
Lire aussi : Drame de Melilia : le migrant face aux politiques
Maroc-UE : un partenariat réel et partagé pour une migration régulière
Par ailleurs, le CNDH recommande d’initier de nouvelles consultations avec l’Union européenne (UE) pour mettre en place un partenariat réel et partagé. Cette collaboration portera sur une responsabilité et une gestion communes pour l’implémentation des dispositions du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière.
De même, le Conseil invite la Commission de l’Union africaine à proposer des mesures visant à garantir un engagement sérieux des gouvernements dans la gestion des migrations au niveau continental, de manière à garantir la sécurité et la dignité des citoyens du continent.
Pour rappel, la Commission en charge de la mission d’information a été coordonnée par le président de la Commission régionale des droits de l’Homme (CRDH) de la région de l’Oriental. Elle était composée du président de la CRDH du Souss-Massa, du directeur de la protection et du monitoring du CNDH et un médecin, membre de la Commission.
Lire aussi : Drame de Melilia : «Du jamais vu», selon un défenseur des droits de l’Homme
Le journal Al-Omq Al-Maghribi réagit aux propos diffamatoires d’Abdelilah Benkirane
Société - Al-Omq Al-Maghribi a reçu avec étonnement les propos diffamatoires émis par le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane.
Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024Protection des consommateurs : 300.000 contrôles effectués en 2024
Société - Le ministère de l’Intérieur a multiplié ses initiatives avec plus de 300.000 opérations de contrôle en 2024 pour garantir la qualité des produits commercialisés.
Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024Lutte contre les déchets plastiques : les Marocains prêts à agir
Société - 94% des Marocains interrogés accordent une grande importance à l'élimination des déchets plastiques.
Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024Casablanca : suspect arrêté après acte violent
Société - Les éléments de la police judiciaire de la zone Ain Sebaâ – Hay Mohammadi, en coordination avec la DGST, ont interpellé, un suspect de 31 ans recherché pour plusieurs affaires criminelles.
Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024Fourrières à Casablanca : un système en crise
Société - D’après le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes, 97% de ces fourrières ne sont pas légalement constituées en tant que service public.
Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024MRE, qui ne veut pas de vous ?
DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».
Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024L’école marocaine, un rêve empreint d’inégalité
Société - Malgré des avancées notables, le Maroc continue de faire face à des inégalités éducatives importantes.
Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024Casablanca intègre le C40 des villes engagées pour les actions climatiques
Société - La commune de Casablanca a annoncé son adhésion au réseau mondial C40 des villes, regroupant près de 100 villes engagées dans des actions climatiques.
Mbaye Gueye - 20 décembre 2024Les funérailles de Chama Zaz
Khansaa Bahra - 1 octobre 2020Héritage, la succession qui déchire
Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.
Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024Notes de route du Sahara
Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.
Rédaction LeBrief - 4 avril 2024L’INDH : 18 ans après, quel bilan ?
Société - Lancé en 2005 par le roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain souffle aujourd’hui ses 18 bougies.
Hajar Toufik - 18 mai 2023Busway de Casablanca : c’est parti !
Rédaction LeBrief - 1 mars 2024Nouvelles du Maroc
Société - À l'extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l'Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc est un carrefour d'influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions.
Rédaction LeBrief - 1 avril 2024Le racisme expliqué à ma fille
Société - Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme.
Rédaction LeBrief - 22 mars 2024Bidonvilles, pourquoi y en a-t-il encore ?
Dossier - Ces habitats se concentrent dans les périphéries ou au sein de bidonvilles, où les efforts de résorption peinent à suivre.
Sabrina El Faiz - 30 novembre 2024