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Tempête Bernard : après le vent, le bilan

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La saison automnale s’est clairement installée au Maroc. Ce week-end, un événement météorologique inhabituel a touché plusieurs régions. Il s’agit de « La dépression Bernard », cette tempête qui a apporté son lot de rafales avec chasse-poussières, perturbant ainsi la quiétude de plusieurs villes et laissant d’importants dégâts derrière elle. Les vents violents, qui ont soufflé à des vitesses atteignant jusqu’à 100 km/h, ont eu des conséquences notables. Mais après ce temps maussade, la situation semble globalement s’apaiser avec quelques pluies annoncées. Retour sur cet épisode exceptionnel avec le climatologue Mohamed-Saïd Karrouk.

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Malgré l’avertissement préalable de la Direction générale de la météorologie (DGM) contre de fortes rafales avec chasse-poussières et de fortes averses parfois orageuses, de nombreuses personnes ont pris la route le week-end.

En effet, les conséquences de cette tempête ont été variées et importantes. Les routes ont été particulièrement touchées, avec des accidents graves dus au manque de visibilité. Les chutes d’arbres ont été aussi fréquentes, endommageant des propriétés et posant des risques pour la sécurité des personnes. De plus, le trafic aérien a été sévèrement perturbé en raison de ces conditions climatiques extrêmes. Cela a provoqué des retards et même des annulations de vols.

Quelles sont les causes de cette tempête ?

Les tempêtes, un phénomène météorologique courant mais parfois dévastateur, sont le résultat d’une confrontation complexe entre des systèmes de pression atmosphérique. Selon le climatologue Mohamed-Saïd Karrouk, une tempête se forme lorsque des anticyclones positifs, caractérisés par des hautes pressions, se retrouvent en opposition avec des basses pressions. Entre ces deux centres d’action, un flux d’air superficiel se crée, dont la force dépend du gradient barométrique entre les deux systèmes, à savoir les anticyclones et la dépression.

Notre interlocuteur explique que plus l’écart de pression est important, plus la force du vent est élevée. C’est à cet endroit que le vent prend naissance, au sein de cet écart barométrique.

Interrogé sur les causes spécifiques de la tempête récente, il souligne le contexte de la saison d’automne, une période de transition entre l’été et l’hiver. «Au cours de cette saison, les systèmes énergétiques et thermiques se déplacent des régions nordiques vers les zones subtropicales, sous l’effet de l’avancée du froid. Cela réduit l’espace disponible, ce qui entraîne une augmentation de la force du vent. Cette migration du froid crée une confrontation entre les masses d’air chaud et d’air froid, générant un cisaillement entre les deux, provoquant des vents forts en altitude», précise-t-il.

Pour le professeur de climatologie à l’Université Hassan II de Casablanca, cette instabilité en altitude se traduit au niveau du sol par la formation de dépressions, comme celle baptisée « Bernard », qui aspirent des vents puissants, principalement depuis le sud, soulevant avec eux des particules de poussière, en raison de l’assèchement prolongé du sol marocain.

Karrouk affirme que ces phénomènes pourraient se reproduire en raison de l’augmentation du bilan énergétique due aux années de réchauffement climatique. Il explique que cet accroissement a entraîné une évaporation significative de l’eau du sol vers l’atmosphère. Toutefois, lorsque la température commence à baisser, une grande quantité de cette eau retourne au sol, se manifestant sous forme de précipitations, y compris de la neige dans les régions montagneuses. Selon lui, c’est le scénario le plus probable qui pourrait se produire cette année.

Lire aussi : Météo et climat : la tech au défi de l’imprévisible

Chaos sur les routes

Dimanche, des accidents de la circulation ont été signalés sur divers axes routiers. Ces derniers ont été enregistrés sur l’autoroute reliant Casablanca à Marrakech, en conséquence des effets de la tempête. Concernant les incidents sur le réseau autoroutier, un communiqué de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a fait savoir que trois accidents ont été constatés sur l’autoroute reliant Benguerir à Chichaoua.

Sur les réseaux sociaux, des images de graves collisions routières ont circulé massivement, mais jusqu’à présent, il est encore incertain s’il y a des victimes à déplorer.

En plus de ces accidents, des dégâts matériels supplémentaires ont été relevés sur l’autoroute. L’on cite le décrochage de panneaux de signalisation, des poteaux d’éclairage endommagés, et des coupures de câbles électriques. Ce qui témoigne de la gravité des conditions météorologiques exceptionnelles provoquées par la tempête « La dépression Bernard ».

Les équipes de l’ADM ont rapidement réagi, en étroite collaboration avec les forces de la gendarmerie royale et la protection civile. Ils ont ainsi porté assistance aux usagers touchés dans ces accidents et sécuriser la zone. Ces équipes demeurent mobilisées en vue de rétablir la sécurité et l’opérationnalité de ces infrastructures essentielles.

D’autres vidéos montrent, quant à elles, des arbres et palmiers déracinés dans divers endroits, causant des dégâts matériels considérables.

Le trafic aérien fortement perturbé

Par ailleurs, la tempête a aussi semé la pagaille dans le trafic aérien. À l’aéroport Mohammed V de Casablanca, la matinée du dimanche a été marquée par de nombreux retards de vol dus au mauvais temps. La situation a été si préoccupante qu’un vol prévu pour atterrir à Casablanca a dû être dérouté vers l’aéroport de Marrakech, tandis que d’autres ont été redirigés vers Fès. Pire encore, les départs de certains vols ont été annulés.

Les conditions météorologiques difficiles ont nettement compliqué les opérations aéroportuaires en réduisant la visibilité et en créant des vents puissants qui ont entravé les décollages et les atterrissages. L’aéroport Mohammed V de Casablanca n’a pas été le seul touché, car des perturbations similaires ont également été observées à l’aéroport Ibn Battouta de Tanger, où un vol en provenance de Barcelone, opéré par Air Arabia, a connu un atterrissage turbulent.

Heureusement, tous les passagers et l’équipage à bord sont sortis indemnes. Malgré cet atterrissage agité, l’avion a réussi à se poser en toute sécurité, bien que des dommages aient été constatés sur son moteur droit.

À souligner que depuis hier après-midi, le trafic aérien a repris son cours normal. Les opérations aéroportuaires sont revenues à la normale, que ce soit pour les départs ou les arrivées de vols à Casablanca et à Tanger.

Intempéries : mobilisation au profit des sinistrés d’Al Haouz

Pour faire face aux conditions météorologiques difficiles, une vaste opération de secours a été déclenchée ce week-end pour protéger les habitants de plusieurs communes affectées par le séisme du 8 septembre.

Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre les autorités locales et la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, agissant conformément aux directives royales. L’objectif est d’apporter une assistance aux populations sinistrées en préparation de la saison hivernale.

Diverses mesures ont été d’ailleurs mises en place, comme la distribution et l’installation de tentes imperméables, de sanitaires équipées, ainsi que la mise en place d’une mosquée mobile. En outre, un raccordement au réseau électrique a été effectué sur le site accueillant les sinistrés et un réseau de drainage des eaux de pluie a été aménagé pour préserver les tentes de l’humidité.

Il est à noter qu’entre le 19 et le 21 de ce mois, la Fondation Mohammed V pour la Solidarité a distribué des kits alimentaires à 2.624 ménages, tandis que 2.816 ménages ont bénéficié de l’installation de tentes imperméables.

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