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TD inchangé : quel impact sur les TPME ?

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Réuni, mardi 20 juin, sous la présidence de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), le Conseil de la Banque centrale a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 3%, après trois hausses successives d’un total de 150 pbs. Une décision qui risque de mettre à rude épreuve la trésorerie des TPE-PME, déjà mise à mal par les effets prolongés de la Covid, de la sécheresse, et de l’inflation. Le point avec Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME.

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Après trois hausses successives d’un total de 150 points de base, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé, mardi 20 juin, de marquer une pause dans le cycle de resserrement de la politique monétaire et de maintenir inchangé le taux directeur (TD) à 3%.

Lors d’un point de presse à l’issue de la 2e réunion trimestrielle du Conseil de BAM au titre de l’année 2023, le wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a affirmé que le maintien du TD inchangé a pour but de marquer une pause pour évaluer les effets des hausses précédentes, ainsi que l’impact des différentes mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir certains secteurs d’activité et le pouvoir d’achat des ménages.

«Nous avons décidé de faire une pause et marquer du recul, pour voir ensuite quel effet cela va avoir sur la demande et les conditions bancaires, et quelles sont les conséquences des mesures prises par l’exécutif», a-t-il déclaré.

Lire aussi : BAM : quelles prévisions macroéconomiques pour les prochains mois ?

Décélération de l’inflation

Abdellatif Jouahri a aussi mis l’accent sur la trajectoire de l’inflation qui commence à connaître une légère décélération. Il a noté qu’il est prévu d’atteindre, en 2024, une inflation sous-jacente qui tourne autour de 2%.

Revenant sur la transmission des décisions de la Banque à l’économie réelle, le responsable a souligné que deux principaux «indices» sont utilisés, à savoir l’évolution des taux débiteurs, et l’offre et la demande de crédits analysées dans le cadre de l’enquête trimestrielle. Il a, en outre, mis en avant la nécessité d’éviter le désencrage des anticipations d’inflation en tant qu’objectif principal dans le processus de prise de décision de BAM.

Et de poursuivre que la croissance et l’emploi sont également visés, à travers les liquidités offertes au système bancaire sur le marché monétaire.

«Depuis la crise de la Covid jusqu’à maintenant, la Banque centrale a répondu totalement à toutes les demandes présentées par le système bancaire, car nous estimons qu’il s’agit des demandes fondées et adressées au financement adéquat de l’économie», a-t-il dit.

Lire aussi : TPME : le cri de détresse de la Confédération

TD inchangé : avis des TPE-PME

Contacté par la rédaction de LeBrief, Abdellah El Fergui, président de la Confédération des Très petites entreprises (TPE) et Petites et moyennes entreprises (PME), nous a accordé une interview sur la décision de BAM de maintenir le TD inchangé. Selon lui, «déjà l’augmentation du TD trois fois successives rend la vie économique très difficile surtout pour les entreprises et spécialement les TPE».

«La trésorerie de ces types d’entreprises est à sec et leur accès aux crédits est impossible. Seules les grandes et moyennes entreprises ont accès aux financements avec des taux élevés. Lorsque le TD était de 1,5% l’accès aux financements des Très petites et petites entreprises était très difficile et parfois impossible, alors que maintenant et suite à ce TD de 3% il est strictement impossible pour ces types d’entreprises», déplore-t-il.

Malgré cette augmentation du TD trois fois successives, «rien n’a changé», l’inflation continue et l’augmentation des prix est maintenue puisque le gouvernement n’a rien fait pour accompagner cette hausse du TD, indique notre interlocuteur.

«Le chef du gouvernement est en désaccord avec le wali de BAM, tous les deux sont ont désaccord avec Ahmed Lahlimi Alami du HCP sur le programme à entreprendre face à cette inflation, vient s’ajouter à ces différents conflits le ministre de l’Industrie et du Commerce», relève-t-il.

Et d’ajouter qu’il existe d’autres conflits entre les membres de l’exécutif, entre les différents ministres et les organisations professionnelles partenaires, sans oublier les milliards de DH de subventions octroyées aux différents membres du patronat sous le nom et l’étiquette d’encouragements aux investissements et aux investisseurs alors que «des centaines de milliers des TPE sont menacées de faillites et qui n’ont reçu aucun DH de subvention ni de crédits même».

Lire aussi : TPME : lancement de la plateforme « Moukawala Raqmiya »

Quid des répercussions sur les TPME ?

Le président de la Confédération des TPE/PME estime que la décision de maintenir inchangé le TD «aura toujours des impacts très difficiles et durs sur les TPME vu que cette situation de crise va durer longtemps».

«Le TD restera en hausse de 3% ce qui favorise les moyennes et grandes entreprises vers la course aux financements bancaires au regard de cette crise d’inflation qui dure encore cette année», affirme-t-il.

En outre, poursuit El Fergui, les prévisions de BAM disent qu’en 2024 le taux de l’inflation va diminuer de 10,01% à environ 6%, le taux enregistré avant cette dernière crise d’inflation. Toutefois, «on constate que le gouvernement n’arrive pas à lancer ses programmes promis lors des élections ni à résoudre les effets prolongés de la Covid, de la sécheresse, de l’augmentation du gasoil et de l’inflation», critique-t-il.

Par ailleurs, «les programmes « Awrach » et le dernier en date de « Ana Mokawil » lancé hier est presque »d’la com’  » ni plus ni moins, leurs effets sont moins importants vu qu’ils sont confectionnés avec le patronat et pour elle. Seul le programme « Forsa » peut devenir un vrai programme entrepreneurial si on lui octroie un budget assez important de 20 MMDH dix fois plus que l’actuel budget de seulement de 2 MMDH et plafonner aussi le crédit à 200.000 DH ou 300.000DH», soutient le responsable.

Et de conclure : «En général, les TPME ont des moments très durs devant elles tant que ce gouvernement persiste à n’écouter que le patronat et de marginaliser les autres vrais partenaires».

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