Accueil / Économie

Taux directeur : faut-il s’attendre au maintien du statu quo ?

Temps de lecture

Le siège de Bank Al-Maghrib à Rabat © DR

Pour la deuxième fois de l’année, le Conseil de Bank Al-Maghrib se tiendra ce mardi 20 juin. Lors de cette réunion, une décision sera prise concernant le taux directeur (TD) dans un contexte de fortes tensions inflationnistes. Pour les investisseurs et opérateurs économiques et financiers, les pronostics restent divergents entre ceux qui misent sur une nouvelle hausse du TD et ceux favorables au maintien du statu quo.

Le deuxième Conseil de Bank Al-Maghrib, au titre de l’année 2023, se tiendra, mardi 20 juin, pour décider de la conduite de la politique monétaire.

Rappelons que le Conseil de BAM a décidé à l’issue de ses trois dernières réunions, tenues le 27 septembre 2022, le 20 décembre 2022 et le 21 mars 2023, de relever le taux directeur (TD), trois fois successives, de 50 points de base (pbs). Le taux a ainsi grimpé de 1,50% initialement à 3% à fin mars dernier.

Motivée par l’accélération de l’inflation, la hausse, pour la troisième fois consécutive, du TD en mars dernier à 3% avait pour but, selon BAM, de prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues. Elle visait aussi à renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.

Jusqu’à présent, les experts et analystes sont divisés entre ceux qui estiment que le TD restera inchangé, et ceux qui prévoient un relèvement de cet indice.

Lire aussi : Inflation : au-delà des chiffres, quel remède ?

Persistance d’un niveau élevé d’inflation

Un simple état des lieux de l’économie nationale montre que le 2e Conseil de la Banque centrale au titre de l’année 2023 intervient dans un contexte national marqué toujours par la persistance d’un niveau élevé d’inflation, la poursuite d’accélération de la masse monétaire portée notamment par sa partie liquide -monnaie fiduciaire et des dépôts à vue-, et l’amélioration des crédits bancaires au secteur non financier.

Il est à noter que l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré, en glissement annuel, une hausse de 7,8% au cours du mois d’avril dernier, selon le Haut-Commissariat au plan (HCP). Par rapport à mars 2023, l’IPC a connu une hausse de 1,4%, due principalement à la hausse de 3,2% de l’indice des produits alimentaires.

Sur le plan monétaire, les récentes statistiques de BAM mettent en exergue un accroissement du crédit bancaire au secteur non financier de 5,3% en avril 2023 contre 5,7% en mars, ainsi qu’une progression annuelle de l’agrégat M3 qui s’est accélérée à 7,9% en avril 2023 contre 7,2% en mars. Cette progression annuelle reflète principalement une hausse de la circulation fiduciaire de 12,2% contre 11,9% un mois auparavant.

Lire aussi : Hausse du taux directeur : quel impact sur les taux de crédit ?

AGR : un consensus en faveur d’une hausse du TD de BAM

D’après Attijari Global Research (AGR), les investisseurs financiers prévoient une hausse du TD de BAM lors de la seconde réunion de politique monétaire de la Banque prévue demain.

Dans son récent rapport « Research Report-Strategy », AGR indique : «Lors de notre enquête du mois de juin, nous avons recensé les anticipations des investisseurs quant à l’évolution du TD de BAM en marge de sa 2e réunion de politique monétaire qui aura lieu le 20 juin… Au terme de cet exercice, le consensus des investisseurs financiers ressort en faveur d’une hausse de 25 pbs du TD de BAM». Ce sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 35 acteurs financiers considérés parmi les plus influents du marché financier marocain.

Sur la base des réponses obtenues, la probabilité d’une hausse du TD de 25 pbs est de 67% contre une probabilité de 8% pour un relèvement du TD de 50 pbs. Par ailleurs, la probabilité du statuquo ressort à 25%.

À l’analyse des réponses apportées par catégorie d’investisseurs, AGR relève que les institutionnels locaux, les personnes physiques et les étrangers accordent des niveaux de probabilité élevés pour le scénario d’une hausse de 25 pbs du TD en juin-2023, soit de 74%, 66% et 60%.

En outre, les acteurs de référence (représentant les personnes ayant suffisamment de recul sur le marché financier marocain leur permettant de retranscrire de manière relativement fidèle l’état d’esprit des investisseurs sans pour autant intervenir directement sur le marché) accordent une probabilité de 41% pour une hausse de 25 pbs du TD, contre 48% pour le scénario du statuquo.

Lire aussi : BAM : quelles projections macroéconomiques pour les mois à venir ?

CDG Capital : le Conseil de BAM devrait maintenir inchangé le TD

Pour sa part, l’économiste en chef de CDG Capital, Ahmed Zhani, table sur un maintien du TD à son niveau actuel de 3%. Il a expliqué cela notamment par la fragilité de la reprise économique, sous l’effet de la sécheresse, en plus de la baisse de la demande étrangère et de la consommation des ménages.

Intervenant lors de la 1re conférence du cycle de webinaires annuel sur les résultats et perspectives des sociétés cotées, organisé récemment par la Bourse de Casablanca et l’Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), Zhani a expliqué ce scénario également par le faible impact de la politique monétaire sur la stabilité des prix. Cela au regard de la nature des tensions inflationnistes et la faiblesse du canal des anticipations chez les ménages marocains.

Par ailleurs, l’économiste a relevé qu’à l’exception de la baisse des prix des importations en matières premières et énergétiques, l’évolution de la conjoncture internationale induit une baisse prévue de la part de la demande étrangère et des investissements directs étrangers (IDE) ainsi qu’un rétrécissement des conditions de financement à l’international.

Ces faits, a-t-il dit, engendrent pour l’économie nationale une réduction des coûts de la production manufacturière, un ralentissement du rythme de creusement du déficit commercial, une baisse de l’inflation importée et une hausse des coûts du financement à l’international.

En outre, l’expert a souligné qu’une masse monétaire toujours en hausse, conjuguée à l’accroissement de sa composante liquide, pourrait générer un risque bilanciel pour les banques, compte tenu de la prépondérance des engagements à moyen et long terme, notamment en prêts immobiliers.

«La forte hausse de la circulation fiduciaire à un rythme largement supérieur à la croissance réelle du PIB représente une source d’accroissement du secteur informel, d’inflation de type monétaire et d’un marché de change parallèle», a-t-il précisé. Et, de noter enfin que la hausse de la partie liquide de la masse monétaire est une composante à surveiller au cours des prochaines années.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le dirham s’apprécie de 2,3% face au dollar américain au T3-2024 (BAM)

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé que le dirham s’est apprécié de 2,3% face au dollar et de 0,31% vis-à-vis de l’euro au troisième trimestre 2024.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

5G au Maroc : un défi technologique avant le Mondial 2030

Économie - À l’approche du Mondial 2030, le Maroc aspire à intégrer pleinement la 5G dans son paysage technologique.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

L’avenir énergétique du Maroc : un nouveau chapitre d’investissements et d’innovations

Économie - Le Maroc, dans un contexte mondial de transition énergétique, se positionne en acteur majeur grâce à des investissements colossaux dans les énergies renouvelables.

Farah Nadifi - 18 décembre 2024

Hausse de 1,8 million m3 de la capacité de stockage des produits pétroliers à horizon 2030

Économie - Leila Benali a annoncé une augmentation de 1,8 million de m³ des capacités de stockage des produits pétroliers d'ici 2030.

Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024

Maroc-Afrique : les volumes d’échanges commerciaux en hausse de 45%

Afrique, Économie, Économie - Le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et les autres pays africains est passé de 36 milliards de dirhams (MMDH) en 2013 à 52,7 MMDH en 2023

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

Mobilisation foncière : un moteur pour l’investissement au Maroc

Économie - Nadia Fettah a annoncé que près de 18.000 hectares de foncier public ont été mobilisés en 2024 pour soutenir des projets d’investissement.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Le Maroc se dote d’un cadre juridique pour les crypto-actifs

Économie - Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), a annoncé que le cadre juridique régissant les crypto-actifs au Maroc est en phase d’adoption.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

Trelleborg renforce sa présence au Maroc avec une nouvelle usine

Économie - La société suédoise Trelleborg, leader mondial des solutions polymères, a lancé la construction de sa nouvelle usine à Midparc.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024
Voir plus

PLF 2025 : impôt sur le revenu, à quels changements s’attendre ?

Économie - Au cœur de cette réforme, l’impôt sur le revenu (IR) fait l’objet d’une révision significative. Selon Mohamed Rahj, professeur à l’Université et consultant expert des questions en fiscalité, l’objectif principal de ce projet est de « rehausser le salaire net des employés sans accroître la charge des employeurs ».

Farah Nadifi - 21 octobre 2024

Coupe du Monde 2030 : la feuille de route

Économie, Sport - Le Maroc, l’Espagne et le Portugal préparent une Coupe du Monde qui marquera l’histoire. Ce projet tripartite dépasse le cadre sportif pour devenir un levier stratégique.

Farah Nadifi - 5 décembre 2024

PLF : voici les principales actions programmées en 2024

Économie - Le projet de loi de Finances (PLF) pour l’année 2024 a été adopté, jeudi 19 octobre, par le Conseil de gouvernement

Manal Ben El Hantati - 23 octobre 2023

Importations de céréales : les chiffres de 2024

Économie - Entre janvier et novembre 2023 et la même période en 2024, les importations totales de produits ont augmenté de 9 %.

Mbaye Gueye - 2 décembre 2024

Port de Tarfaya : une extension de la halle aux poissons pour 5 millions de dirhams

Économie - Le port de Tarfaya a renforcé son infrastructure avec l’extension de la halle aux poissons comprenant un espace de vente.

Rédaction LeBrief - 19 novembre 2024

Dessalement : le Maroc et les USA unissent leurs forces pour l’avenir de l’eau

Économie - Un atelier organisé par l’ONEE en partenariat avec l’Ambassade des États-Unis met en lumière les dernières avancées technologiques dans le domaine du dessalement.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire