Accueil / Politique

Statut unifié des enseignants : une rentrée scolaire en eaux troubles

Temps de lecture

Les enseignants contractuels de l’enseignement public lors d’une manifestation contre le statut unifié. © DR

À la veille de la présentation de la version définitive du statut unifié des fonctionnaires du secteur de l’éducation par la tutelle, les enseignants contractuels de l’enseignement public sont montés au créneau, lundi dernier. Ils ont véhément renouvelé leur refus catégorique de ce cadre référentiel. Le 8 août prochain, la Coordination tiendra son conseil national où il sera question de définir de futures formes de protestation, promettant ainsi une rentrée houleuse en septembre.

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, avec les syndicats de l’éducation, s’apprête à présenter la version définitive du statut unifié des fonctionnaires du secteur. Cependant, la Coordination nationale des enseignants contractuels et cadres d’accompagnement a renouvelé lundi dernier son refus catégorique de ce cadre référentiel. Elle estime que celui-ci «ne répond pas à leurs revendications non négociables».

Lire aussi : Système éducatif, des réformes très timides selon le Conseil supérieur de l’éducation

«Les enseignants-cadres sont en colère parce qu’ils réalisent qu’aucune de leurs doléances n’a été satisfaite dans le cadre de ce statut unifié. Cette colère générale est exprimée non seulement par les enseignants affiliés à la coordination, mais également par ceux membres des quatre centrales syndicales qui mènent actuellement le dialogue avec le ministère et qui se retrouveront très bientôt isolées, car elles auront du mal à convaincre leurs membres des dispositions prévues dans ce statut», souligne Saâd Abil, membre du Conseil national de la Coordination et membre de la commission ayant pris part au dialogue avec le ministère, dans une déclaration accordée au Matin.

Dans son communiqué, la Coordination a exprimé de plus son attachement à défendre sa principale revendication : une intégration de tous les enseignants-cadres relevant des Académies dans la fonction publique et la création de nouveaux postes budgétaires à cette fin.

Un régime de base fragile

Les enseignants membres de la Coordination justifient leur rejet collectif du régime de base pour les agents de la tutelle pour plusieurs considérations. La première est qu’il s’agit «d’un régime de base» qui parie stratégiquement sur l’augmentation du nombre d’employés tenus de contracter avec des académies (AREF) chaque année.

D’où la disparition progressive des fonctionnaires et des employés du ministère, qui seront totalement remplacés. Cela équivaut, en d’autres termes, à la mise en place dans un proche avenir de nouveaux modèles d’emploi, marqués du sceau de la fragilité et de la vulnérabilité. Pour le Comité de la Coordination, ce statut «remplace l’emploi public permanent contre des miettes de dossiers de revendication partielle, qui seront bientôt retirés une fois amendés lors des révisions périodiques».

Lire aussi : Réforme du système éducatif, quel bilan ?

De plus, les protestataires estiment que le «système de base s’appuie sur l’augmentation de la surexploitation de l’éducateur-trice et l’alourdi de tâches supplémentaires et de salaires flexibles qui peuvent être contrôlés et maintenus au minimum». Ils notent aussi qu’«il criminalise l’acte de lutte et confisque le droit de grève considéré comme un arrêt de travail, exposant le salarié aux peines les plus sévères». Les «contractuels» ont fondé leur rejet du statut au motif qu’il s’agit «d’un système extérieur à la fonction publique qui supprimera tous les droits et acquis des travailleurs de l’éducation et du peuple marocain».

Par ailleurs, le Comité reproche à la tutelle ce qu’il considère comme une opacité ou tout au moins un manque de transparence. Il dénonce ainsi que «la discrétion, la confidentialité et l’absence de partage des conclusions des conseils nationaux avec tous ceux concernés par le système de base comme une expression explicite de la bureaucratie et une insulte manifeste à l’éducateur».

Lire aussi : Violence scolaire, un tableau noir pour l’école marocaine (CSEFRS)

La Coordination a averti que le nouveau statut «vise à perpétuer la culture de l’entrepreneuriat et de l’esclavage, et que certaines des miettes que le ministère tente d’accorder ne sont destinées qu’au leurre à la limite de la justice. Il est un démantèlement total des acquis de la fonction publique, ce qui est conforme à l’esprit du débat national de révision des statuts de la fonction publique, organisé en 2013 à Skhirat, et en présence de représentants de la Banque mondiale, et des recommandations du rapport de la Banque mondiale au Maroc en 2040».

Des protestations dès la rentrée scolaire

Les enseignants tiennent responsables de cette situation «les syndicats participant à l’élaboration» du cadre référentiel. La Coordination condamne, en effet, la démarche des quatre syndicats participant au dialogue avec le ministère et leur fait porter la responsabilité politique et historique de ne pas avoir tenu compte des doléances des travailleurs de l’éducation, toutes catégories confondues lors de l’élaboration de ce statut.

Lire aussi : Les bourses universitaires octroyées sur la base du «mérite social»

LeMatin annonce que la coordination s’apprête à tenir le 8 août prochain son conseil national, où il sera question de définir les futures formes de protestation qui auront lieu dès cette rentrée scolaire. Dans le cadre de la préparation des démarches de protestations au cours de la prochaine saison, la Coordination a appelé tous les bureaux régionaux «à veiller à ce que des groupes publics régionaux se forment, au cours de la première semaine d’août, pour discuter des moyens de poursuivre la lutte contre le nouveau statut en vue de la convocation d’un conseil national où la participation sera basée sur ces résultats».

En outre, la Coordination a réitéré sa condamnation des arrestations de militants et militantes du Comité national de coordination, des professeurs et des cadres d’accompagnement, auxquels le contrat a été imposé. Elle appelle à «l’abandon des charges et des peines injustes à leur encontre, et l’abandon de toutes les sanctions administratives prononcées à l’encontre des militants, hommes et femmes».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Chambre des conseillers : renforcement de coopération parlementaire Maroc-France

Politique - Cette rencontre a mis l'accent sur le renforcement des mécanismes de coopération parlementaire entre le Maroc et la France.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

L’intégration et la coopération au sein de l’atlantique élargi : un nouveau paradigme de paix et de développement

Politique - L’atlantique élargi, concept mettant en lumière la coopération entre les pays de l’atlantique nord et sud, s’affirme comme un modèle de partenariats régionaux.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Réforme de l’éducation : entre avancées concrètes et nouveaux projets ambitieux

Politique - Alors que le Maroc s’engage résolument dans la réforme de son système éducatif, les projets se multiplient dans diverses régions.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Le premier vice-président de la Chambre des conseillers rencontre le secrétaire général du CCG

Politique - Abdelkader Salama, premier vice-président de la Chambre des conseillers, a reçu, jeudi à Rabat, Jassim Mohammed Al Budaiwi, secrétaire général du Conseil de Coopération des États arabes du Golfe (CCG)

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Bourita reçoit le ministre zambien des AE, porteur d’un message au Roi

Afrique, Diplomatie, Politique - Nasser Bourita a accueilli Mulambo Haimbe, son homologue zambien, porteur d'un message au Roi.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

Centrale électrique « Sa Majesté le Roi Mohammed VI » : le président nigérien reçoit la délégation marocaine

Afrique, Politique, Politique - Le président du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger, Abdourahamane Tiani, a reçu la délégation marocaine présente à l'inauguration de la centrale électrique "Sa Majesté le Roi Mohammed VI".

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Maroc-Kazakhstan : renforcement de la coopération judiciaire

Politique - Le Maroc et le Kazakhstan ont franchi une étape importante dans le renforcement de leur coopération judiciaire en concluant trois accords axés sur le domaine pénal.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Renforcement des relations entre le Maroc et le CCG

Politique - Aziz Akhannouch a reçu jeudi le secrétaire général du CCG, Jasem Mohamed Al-Budaiwi, en visite officielle au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024
Voir plus

AMO : simplification en vue

Politique - Le Conseil de gouvernement marocain a adopté un nouveau projet de loi (n° 54.23) modifiant la loi n° 65.00 relative à l'AMO.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Sahara : Sainte Lucie, la Dominique et Grenade réaffirment leur soutien au Maroc

Politique - Sainte Lucie, la Dominique et Grenade ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Rédaction LeBrief - 28 novembre 2024

Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat

Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire