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Staffan de Mistura en visite au Maroc : discrétion et réserve

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Si sa visite a d’abord été démentie par l’ONU, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara est bel et bien arrivé lundi à Laâyoune pour ce qui constitue sa première visite dans la région. Peu d’éléments ont fuité de ses rencontres, l’instance onusienne et Rabat n’ayant rien communiqué d’officiel. Par ailleurs, la visite au même moment du secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour l’Afrique du Nord, Joshua Harris, laisse entendre la tenue d’une réunion tripartite avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita,

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Après un démenti initial des Nations unies suite à des informations de presse indiquant la venue imminente du diplomate, l’émissaire des Nations Unies pour le Sahara est bien arrivé lundi à Laâyoune pour ce qui constitue sa première visite dans la région.

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujjaric, qui avait déclaré lors de son point de presse quotidien que «de Mistura semble susciter de nombreux rapports, théories et rumeurs», a été contraint de confirmer, mardi, la visite de l’émissaire sans donner de détails sur son programme.

Discrétion

C’est une visite importante pour l’émissaire onusien dont l’objectif est de voir la réalité du terrain. Lors de cette tournée, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, a en effet, besoin de recueillir le maximum d’informations objectives avec le plus de recul possible avant de transmettre ses appréciations au SG de l’ONU, Antonio Guterres, qui s’apprête à rendre son rapport annuel au Conseil de sécurité, en octobre.

Des sources de l’ONU avaient évoqué la possibilité d’une réunion entre de Mistura et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Rabat, pour discuter de l’avancement du dossier du Sahara. Une information qui n’a été officialisée par aucune des parties.

De plus, Rabat n’a, de son côté, rien communiqué depuis l’arrivée de l’émissaire onusien. Cette réserve observée par le gouvernement marocain soulève naturellement des questions. Principalement, la visite de l’envoyé personnel coïncide avec celle du secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour l’Afrique du Nord, Joshua Harris, qui vient entreprendre des réunions avec des responsables du gouvernement marocain.

Lire aussi : Sahara, le diplomate américain Joshua Harris en visite de travail au Maroc

Ce dernier s’est entretenu le samedi 2 septembre à Tindouf avec le chef du Polisario, Brahim Ghali, et dimanche 3 septembre à Alger avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. L’occasion d’insister sur «l’importance d’un soutien total et d’un engagement avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies Staffan de Mistura, dans un esprit de réalisme et de compromis».

La diplomatie américaine avait préalablement annoncé que la mission principale de Joshua Harris, en Algérie et au Maroc, serait de faciliter la mission de Staffan de Mistura, notamment en raison du refus d’Alger de s’engager dans des pourparlers avec le Maroc pour discuter d’une solution «juste, durable et mutuellement acceptable» au «différend» concernant le Sahara marocain.

Dans cette optique, il semble plausible qu’une réunion tripartite entre les trois responsables soit envisagée afin d’explorer davantage les options visant à faire progresser le processus politique en cours. La réunion doit avoir lieu aujourd’hui-même.

Sur le terrain

À Laâyoune, Staffan de Mistura s’est réuni, lundi soir, avec des acteurs de la société civile et des élus ainsi qu’avec la Commission régionale des droits de l’Homme. L’envoyé spécial a entendu un exposé des dirigeants de cette commission, qui est une antenne régionale du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) auquel a été rendu un hommage international.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que Staffan de Mistura a rencontré les élus de la région au siège de la faculté de Laâyoune. Au cours de cette réunion, le président du Conseil de la commune de Laâyoune, Hamdi Ould Errachid, a indiqué que «la majorité de la population du Sahara soutient le plan marocain d’autonomie. La région vit au rythme d’un développement continu, de prospérité et d’ouverture sur plusieurs domaines. Ce qui lui a permis d’être aujourd’hui un pôle d’investissement international».

Lire aussi : Sahara, le Maroc engrange les soutiens

Par ailleurs, l’envoyé spécial de l’ONU a reçu une lettre émouvante de Mustapha Salma, ancien cadre du Polisario aujourd’hui exilé, dans laquelle il a dit en substance: «vous allez visiter les camps de Tindouf où on va vous servir une scène de carnaval de femmes et de jeunes portant des drapeaux du Polisario. Ils peuvent même s’écrier devant vous contre ce qu’ils considèrent comme une négligence de la communauté internationale que vous représentez pour leur cause. Mais, si vous demandez à ceux que vous allez rencontrer s’ils ont une opinion différente de celle qu’ils scandaient en public, vous allez comprendre que ceux qui vivent dans les camps ne représentent pas ce que le Polisario appelle le peuple sahraoui. Il n’existe aucun peuple dans le monde composé d’une seule couleur politique et ayant une seule opinion, excepté la Corée du Nord isolée du monde».

Faire progresser le processus politique

Du point de vue de l’instance onusienne, l’agenda de l’émissaire est clair : cette visite «a pour perspectives de faire progresser de manière constructive le processus politique sur le Sahara», a expliqué le communiqué publié à l’occasion de cette tournée.

Le représentant spécial de l’ONU va ainsi continuer les efforts diplomatiques amorcés par son prédécesseur, l’ancien président allemand, Dr Horst Köhler, qui était parvenu à convaincre toutes les parties, y compris l’Algérie et la Mauritanie, de s’asseoir autour de la table des négociations à Genève en 2018 et 2019. L’objectif de Staffan de Mistura est donc de renforcer les consultations, de s’engager dans un dialogue ouvert et constructif et de trouver une plateforme commune pour toutes les parties impliquées.

Lire aussi : Sahara, les soutiens au plan d’autonomie augmentent

Dans une interview accordée à nos confrères de L’Opinion, Alexandre Negrus, président de l’Institut d’Études de Géopolitique Appliquée (IEGA), précise qu’«il est important de souligner le rôle de l’ONU dans le dossier du Sahara. Ces derniers temps, ce sont notamment les déclarations des États qui étaient scrutées. Le fait que l’ONU soit si impliquée, surtout avec de tels déplacements qui constituent des symboles forts, est un signe que le dossier continue d’évoluer pour éviter que la situation ne soit figée».

Et aujourd’hui, avec la dégradation de la situation au Sahel, «il devient urgent de travailler à un processus politique qui puisse contribuer à la stabilisation du Sahara», précise l’expert.

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