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Les agriculteurs français ont maintenu leur blocage des axes routiers stratégiques autour de Paris pour le deuxième jour consécutif, exprimant leur détermination à continuer tant que le gouvernement ne répondra pas favorablement à leurs demandes de mesures supplémentaires.
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La France renforce la sécurité pendant les manifestations agricoles
Le gouvernement a fait appel aux forces de sécurité pour déployer des véhicules blindés de la gendarmerie à Rungis. La continuité des activités sur ce marché est vital car il constitue le plus grand marché de gros alimentaire d’Île-de-France, pour l’approvisionnement alimentaire de la région parisienne.
Les agriculteurs ont continué de bloquer les autoroutes autour de Paris ainsi que d’autres grandes villes, provoquant des embouteillages considérables. Les blocages ont impliqué un millier d’agriculteurs et un peu plus de 500 engins. Leur objectif semble être de maintenir la pression jusqu’à vendredi.
Le mouvement demande notamment une réduction des accords de libre-échange, car la France dépend de plus en plus des importations alimentaires, notamment de volaille et de l’achat de produits agricoles en dessous de leur prix de revient.
Parallèlement, les écologistes s’inquiètent d’un éventuel assouplissement des normes environnementales, tandis que les syndicats majoritaires cherchent à renforcer leur position. Ils réclament particulièrement une révision des restrictions d’utilisation des pesticides.
En dehors de Paris, diverses actions sont prévues, surtout des contrôles informels de cargaisons de camions aux abords des supermarchés, des blocages d’accès à l’aéroport de Toulouse, des cortèges de tracteurs en Corse et des dégustations de fromages en Indre-et-Loire. Pour le moment, les principales conséquences pour la population française sont les embouteillages et les déviations causés par les blocages.
Le premier ministre, Gabriel Attal, assure que la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) intensifiera les inspections dans le secteur de la grande distribution pour faire face aux inquiétudes des agriculteurs concernant le non-respect de la loi Egalim et garantir une meilleure rémunération.
Il convient de rappeler que l’année précédente, les agriculteurs espagnols ont organisé plusieurs manifestations, exprimant leur mécontentement à l’égard du Pacte vert européen. Le secrétaire général de la COAG, Miguel Padilla, a fait remarquer lors d’une interview sur la radio Onda Cero que les agriculteurs espagnols partagent également des préoccupations similaires concernant la concurrence de pays situés en dehors de l’UE. Il a relevé que le Maroc, qui bénéficie d’un accord commercial très favorable avec l’UE, aurait pu être mentionné par le premier ministre français, et a souligné leur opposition au traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.
Les agriculteurs français pointent du doigt les tomates marocaines
Les agriculteurs français continuent de protester contre la concurrence déloyale qu’ils estiment subir, mettant en évidence deux produits spécifiques qui cristallisent leurs préoccupations : les tomates marocaines et le sucre ukrainien.
La France importe désormais une grande partie de ses légumes, soit 50%, et 60% de ses fruits. Malgré l’annonce d’un «plan de souveraineté» il y a un an, les producteurs français de fruits et légumes font face à une forte concurrence en provenance du sud du bassin méditerranéen.
L’association des producteurs de Tomates et Concombres de France a récemment dénoncé l’augmentation des importations de tomates marocaines en France en 2023, favorisée par un accord commercial entre l’Union européenne et le Maroc. Selon l’association, au cours de la saison 2022-2023, la France a importé 424.690 tonnes de tomates marocaines, soit une augmentation de 7,6% par rapport à l’année précédente. En valeur, cette augmentation équivaut à plus de 168 millions d’euros, soit une augmentation de 27,5%.
Les agriculteurs accusent les grandes enseignes de distribution de privilégier les offres à bas prix au détriment des produits français, et pointent du doigt l’absence d’étiquetage clair pour le consommateur. Ils estiment que cette concurrence déloyale est exacerbée par des disparités environnementales et sociales, soulignant que le Maroc est confronté à un «stress hydrique élevé» et que l’irrigation contribue à l’épuisement des ressources en eau souterraine. De plus, les producteurs marocains bénéficient de coûts de main-d’œuvre extrêmement bas, ce qui leur permet de proposer des prix très compétitifs sur les marchés français.
Le secteur agricole français réclame donc des mesures pour réduire cette concurrence inégale et protéger leur production nationale. Cette situation reflète un problème plus large de dépendance accrue de la France vis-à-vis des importations alimentaires, et les agriculteurs continuent de lutter pour préserver leur souveraineté alimentaire et maintenir la viabilité de leur secteur.
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Importation massive de sucre ukrainien
Les planteurs de betterave sucrière français expriment leur préoccupation quant aux importations massives de sucre ukrainien et appellent à des mesures pour protéger leur industrie. La France est le premier producteur européen de sucre et exporte environ la moitié de sa production, soit 1,8 million de tonnes, tout en étant autosuffisante.
Cependant, depuis la fin des quotas sucriers en Europe en 2017, plusieurs facteurs, tels que les crises climatiques, économiques et sanitaires, ont eu un impact négatif sur le secteur de la betterave sucrière en France. Cette situation a entraîné la disparition de deux bassins de production betteravière (Calvados et Limagne) et la fermeture de cinq sucreries dans le pays.
L’Union européenne a ouvert ses frontières au sucre ukrainien en 2022 en signe de solidarité après l’invasion russe de l’Ukraine. Les importations de sucre ukrainien vers l’UE ont considérablement augmenté, passant de 20.000 tonnes à 400.000 tonnes en 2022/23, et ce chiffre pourrait dépasser les 700.000 tonnes au cours de la prochaine campagne.
La Confédération générale des betteraviers (CGB) appelle à la mise en place de contingents limitant les importations de sucre ukrainien, soulignant que ce sucre est produit selon des normes inférieures à celles de l’UE en ce qui concerne les produits phytosanitaires, la culture de la canne à sucre, et le respect du droit du travail. De plus, elle rappelle que l’Europe doit déjà faire face à une concurrence féroce de la part du sucre de canne latino-américain, sans aucune clause relative au mode de production ou au respect du droit du travail.
Les planteurs de betterave sucrière français estiment que leur industrie est menacée et demandent des mesures pour protéger leur production nationale et maintenir sa viabilité à long terme.
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Réaction de Lahoucine Adardour, face aux perturbations des agriculteurs français
La grève des agriculteurs en France a atteint son point culminant. Des vidéos, notamment prises par des camionneurs marocains, montrent des camions transportant des fruits et légumes pris d’assaut par des manifestants en colère, n’hésitant pas à détruire la marchandise transportée.
Contacté par LeBrief, Lahoucine Adardour, président de la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de Production et d’Exportation des Fruits et Légumes (FIFEL), reconnait que ces blocages ont des conséquences sur la circulation des camions affrétés par les exportateurs marocains. Il déplore des pertes importantes, car de nombreuses marchandises sont soit détruites, soit devenues impropres à la consommation en raison de l’immobilisation des véhicules.
Cependant, il tient à éviter toute dramatisation et explique qu’il n’y a aucun risque que les exportateurs marocains perdent des clients. Selon lui, des contrats saisonniers lient préalablement les exportateurs marocains à leurs clients européens. Il ajoute que si des pertes financières surviennent, elles seront compensées par les assurances en fonction des contrats signés entre les parties.
Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés les exportateurs marocains de fruits et légumes en raison des mouvements de grève. Bien que les perturbations puissent avoir un impact temporaire sur les livraisons et la qualité des produits, les contrats saisonniers et les mécanismes d’assurance contribuent à atténuer les conséquences financières à long terme pour ces exportateurs.
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