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Le Maroc est entré, désormais, dans une situation de stress hydrique structurel. C’est le constat, pour le moins alarmant, établi par le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Pour dresser ce tableau, Ahmed Reda Chami s’est basé sur les résultats d’une étude parue dans la revue «Nature» dans laquelle des chercheurs australiens ont affirmé que le Maroc figure parmi cinq pays au monde qui seront touchés par le phénomène de raréfaction des précipitations de manière forte et mesurable durant les 50 prochaines années.
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«Les Marocains ne sont, peut-être, pas encore conscients que l’eau va devenir une denrée rare», a averti Ahmed Réda Chami, appelant à changer les habitudes de consommation de cette ressource vitale. Devant le Club des journalistes accrédités au Maroc (CJAM), le président du CESE a alerté, mercredi à Rabat, que le pays connaitra de moins en moins de précipitations, précisant que «ce problème structurel exige une réponse structurelle».
Sixième année de sécheresse
Le royaume enregistre depuis début janvier une pluviométrie en baisse de 44% par rapport à début 2023, avec en parallèle une hausse moyenne des températures de 1,8 degré par rapport à la période de 1981-2010, a récemment indiqué le ministre de l’Eau, Nizar Baraka. La politique des barrages a été une décision visionnaire de feu le roi Hassan II, a rappelé le président du Conseil. Et de préciser que cette politique se poursuit toujours, notamment avec la construction de petits barrages collinaires, et que d’autres solutions sont également mises en place, notamment le dessalement de l’eau de mer.
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Mais les barrages sont remplis à seulement 23%, contre environ 32% l’année dernière, et face aux risques de pénurie, les autorités marocaines ont restreint ces dernières semaines l’ouverture des hammams et des stations de lavage automobile dans plusieurs villes, ou interdit l’arrosage des golfs et jardins à l’eau potable. Les besoins nationaux sont estimés à plus de 16 milliards de m³ d’eau, dont 87% pour le secteur agricole, mais ce dernier n’a disposé que de cinq milliards ces cinq dernières années, selon Nizar Baraka.
Le secteur agricole, première victime
L’agriculture représente une part importante de la consommation d’eau au Maroc. L’irrigation agricole, en particulier dans les régions où les cultures nécessitent des quantités importantes d’eau, contribue à la pression sur les ressources hydriques. De plus, les conditions climatiques changeantes affectent négativement ce secteur qui représente 19% du PIB national. Tout ceci entraine une baisse des rendements agricoles, des récoltes de moindre qualité et une augmentation des coûts de production en raison de la nécessité de pomper les puits plus profondément.
Cette année «la récolte est déjà perdue», déplore un agriculteur. Ce dernier a très peu d’espoir de sauver sa production de blé cette année, en raison de la rareté des pluies qui précipite le Maroc dans sa sixième année consécutive de sécheresse. Les agriculteurs, qui redoutaient ce nouvel épisode, avaient déjà diminué la superficie semée en céréales en novembre (2,3 millions d’hectares emblavés contre quatre à cinq millions d’hectares en moyenne les années précédentes), explique à l’AFP l’agronome Abderrahim Handouf.
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D’après l’agronome, cette situation aura un «impact grave sur l’économie», dans un pays où l’agriculture emploie un tiers de la population et représente 14% des exportations, plus rémunératrices que le marché local. Plus que cela, le Rapport sur le climat et le développement national (CCDR), publié par la Banque mondiale, montre également son inquiétude quant au développement socio-économique futur du pays. Étant donné que l’agriculture pluviale représente encore 80% de la superficie cultivée du pays, employant la majorité de la main-d’œuvre agricole, les changements induits par le climat dans l’agriculture pluviale pourraient conduire à la migration de plus ou moins de 1,9 million de Marocains vers les zones urbaines d’ici 2050.
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