Accueil / Économie

Services publics : le passage aux sociétés régionales multiservices

Temps de lecture

Image d'illustration. © DR

La transformation des services publics franchit une nouvelle étape avec l’introduction des Sociétés régionales multiservices (SRM), accompagnée par l’adoption de lois et la validation de décrets gouvernementaux. Ces mesures visent à consolider la gestion de services essentiels tels que l’eau, l’électricité et l’assainissement sous l’égide des SRM dans les douze régions, promettant une harmonisation et une efficacité. L’initiative représente l’engagement du gouvernement à moderniser l’infrastructure publique et à équilibrer les disparités régionales. Le rôle central de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) dans cette réforme, ainsi que la perspective d’une intégration plus poussée du secteur privé dans certains domaines, illustrent la dynamique de collaboration envisagée pour revitaliser le secteur public et améliorer la prestation des services à la population.

La mise en place progressive d’un cadre juridique pour les Sociétés régionales multiservices (SRM) représente une étape importante dans la réforme des services publics. Après l’adoption de la loi qui pose les bases de ce nouveau modèle, le gouvernement s’attèle à l’activation des mesures nécessaires pour sa mise en œuvre effective. Ce modèle innovant des SRM est envisagé comme un levier potentiel pour une gestion plus efficace et unifiée des services publics à l’échelle territoriale, répondant ainsi au besoin criant d’harmonisation face aux écarts notables observés entre différentes zones, voire au sein d’une même région. Ces écarts résultent en partie de la diversité des acteurs et des modes de gestion en présence, allant des établissements publics aux entités privées en passant par divers gestionnaires. L’intégration de la gestion sous l’égide des SRM devrait favoriser une plus grande uniformité dans l’administration des services. Par ailleurs, l’ouverture législative pourrait encourager l’élargissement à de nouveaux secteurs par le biais de réajustements spécifiques. Le Maroc, ayant déjà bénéficié de l’apport du secteur privé dans des domaines comme les transports publics, la gestion portuaire et la production énergétique, voit dans cette réforme une opportunité d’étendre cette collaboration à d’autres secteurs tels que la gestion aéroportuaire, les autoroutes et le transport ferroviaire. La réussite de cette initiative repose toutefois sur la stratégie d’implémentation des SRM.

Lire aussi : Le Maroc sur la voie de l’innovation avec le déploiement des SRM

Création d’entreprises régionales multiservices

Un nouvel élan est donné à l’implémentation des entreprises régionales multiservices qui vont reprendre les responsabilités précédemment détenues par les régions et diverses entités de gestion déléguée dans les domaines de la distribution de l’eau, de l’électricité et de l’assainissement dans l’ensemble des 12 régions du Royaume.

Dans cette optique, le gouvernement a validé ce jeudi 1ᵉʳ février 2024 deux décrets au cours de sa réunion. Sous la présidence d’Aziz Akhannouch, le conseil hebdomadaire du gouvernement s’est concentré sur la révision et l’approbation de divers projets législatifs et nominations à des postes, en accord avec l’article 92 de la Constitution.

Ce conseil a débuté par l’approbation de deux décrets liés aux entreprises régionales multiservices, introduits par Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Intérieur. Le premier décret, n° 2.23.1033, applique l’article 2 de la loi n° 83.21 concernant les entreprises régionales multiservices. Ce décret participe à l’activation de l’article 2 de la même loi, qui encourage la création d’entreprises multiservices régionales initiées par l’État dans les différentes régions du Royaume, en particulier en référence au dernier paragraphe de l’article, qui prévoit une mise en place progressive de ces sociétés. Un autre décret est prévu pour lister les collectivités territoriales où ces entreprises seront établies par étapes, jusqu’à la formation complète de ces sociétés dans toutes les régions.

Le plan de déploiement des SRM se déroule en trois phases distinctes, basées sur des analyses approfondies des besoins en services de distribution régionaux. La publication du décret dans le Bulletin officiel marque le point de départ de ce calendrier.

Initialement, les régions de l’Oriental, Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Souss-Massa verront la création des SRM dans les 4 mois suivant la publication officielle. La suite du plan inclut l’établissement des SRM dans Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra et Beni Mellal-Khénifra, prévu pour être achevé dans les 12 mois. La phase finale prévoit l’implémentation des SRM dans les régions restantes de Draa-Tafilelt, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed-Dahab, avec un délai fixé à 18 mois après l’annonce officielle.

Transfert d’actifs de l’ONEE aux SRM

Le deuxième décret d’application, en lien avec les dispositions de l’article 14 de la loi concernant les SRM, encadre spécifiquement le processus de transfert des biens matériels et immobiliers de l’Office national de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE) vers les municipalités partenaires. Cette opération est conditionnée à la signature au préalable d’un contrat de gestion avec une SRM, portant sur les infrastructures dédiées à la distribution d’eau, d’électricité et au traitement des eaux usées.

Par conséquent, le décret énonce les démarches à suivre pour inventorier et transférer ces actifs, débutant par la remise d’un inventaire exhaustif par l’ONEE à la municipalité, suite à l’accord de gestion. Ensuite, un procès-verbal, rédigé par l’ONEE et approuvé par toutes les parties concernées, y compris le ministère de l’Intérieur, viendra formaliser officiellement le transfert.

De plus, une commission interministérielle, composée des ministères de l’Intérieur, des Finances, de l’Énergie, des représentants de l’ONEE et des municipalités, sera instituée pour réaliser un inventaire détaillé des biens à céder. Cet inventaire obtiendra sa validation officielle par le biais d’un arrêté interministériel.

Enfin, et non des moindres, le décret définit les modalités de compensation pour l’ONEE à la suite de ce transfert, englobant la reprise des engagements financiers associés aux services cédés, la couverture des déficits des régimes de retraite et la participation aux budgets des œuvres sociales pour les employés de l’ONEE devenus membres des SRM. Ces dispositions s’inscrivent dans le cadre établi par les contrats de gestion et les conventions collectives.

Lire aussi : SRM : une réforme qui divise

L’ONEE au cœur de la réforme

La transmission des actifs à l’Office national de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) pourrait se traduire par une source de revenus pour l’organisme. Actuellement impliqué dans un vaste programme visant à répondre aux besoins nationaux, l’ONEE fait face à une situation économique précaire en raison de l’augmentation des coûts de production. La clarification des termes de compensation pour l’Office est en attente, mais cela n’empêche pas l’avancement rapide du projet de création d’entreprises multiservices régionales. Cette initiative s’inscrit dans la réforme globale des entreprises publiques entreprise par le gouvernement pour dynamiser le secteur, avec l’ONEE jouant un rôle pivot. En participant en tant qu’associé dans ces nouvelles entreprises, aux côtés du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, l’ONEE pourra se recentrer sur ses activités principales et diriger les importants investissements dans les secteurs de l’énergie et de l’eau, incluant l’assainissement et le traitement des eaux usées.

En outre, la loi vise à faciliter le transfert d’actifs immobiliers et mobiliers, ainsi que la reprise des contrats de gestion de l’ONEE et des agences autonomes vers les entreprises multiservices, tout en permettant l’exclusion de certains contrats par décret si nécessaire. Ce cadre législatif entend également maintenir la diversité des services, ce qui est essentiel pour améliorer l’efficacité des investissements et générer des ressources financières substantielles.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le Maroc, pilier africain de l’industrie minière durable

Économie - Le Maroc affirme son rôle de leader africain dans l’industrie minière grâce à une expertise historique, une infrastructure moderne et des ressources stratégiques.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Hydrogène vert : le Maroc accélère sa transition énergétique

Économie - L'ICGH 2024 s’est ouverte ce mercredi à Rabat, réunissant experts, décideurs et professionnels autour du thème “Vers un écosystème dédié à l’hydrogène vert”.

Ilyasse Rhamir - 4 décembre 2024

OCP SA obtient l’aval de l’AMMC pour une émission obligataire de 5 MMDH

Économie - L'AMMC a donné son visa au prospectus relatif à l’émission par OCP SA d’un emprunt obligataire ordinaire d’une valeur maximale de 5 milliards de dirhams.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Dessalement : le Maroc et les USA unissent leurs forces pour l’avenir de l’eau

Économie - Un atelier organisé par l’ONEE en partenariat avec l’Ambassade des États-Unis met en lumière les dernières avancées technologiques dans le domaine du dessalement.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Forum de la PME africaine: le Maroc, acteur engagé dans la dynamique d’intégration africaine (Akhannouch)

Économie - Aziz Akhannouch a indiqué que le Maroc est pleinement conscient des enjeux auxquels le continent africain est confronté.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Commerce extérieur : gestion en ligne des certificats de conformité

Économie - Le ministère de l'Industrie et du Commerce, en collaboration avec Portnet, a annoncé le lancement d’un nouveau service en ligne dédié à la gestion des certificats de conformité (COCs) via le Guichet unique national des procédures du commerce extérieur.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Le premier congrès international des mines du Maroc ouvre ses portes

Économie - Le congrès international des mines du Maroc (IMC Morocco 2024) a débuté, ce mardi, à Marrakech.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024
Voir plus

Jeunes diplômés : chômage ou quête de sens ?

Dossier - Hausse du taux de chômage ou hausse des exigences des jeunes diplômés ? Les deux parties ne cessent de stagner.

Sabrina El Faiz - 28 septembre 2024

World Power-to-X Summit : hydrogène vert, un positionnement d’avenir pour le Maroc

Économie - Plus de 500 participants venus de 30 pays ont pris part à la 2eme édition du "World Power-to-X Summit", où l’hydrogène vert a été au cœur des débats. Une occasion pour échanger sur les moyens à déployer pour développer ce marché à l’échelle internationale.

Manal Ben El Hantati - 24 juin 2022

Maroc-Qatar 2024 : l’ONMT met en lumière «The Kingdom of Light» à Doha

Économie - L'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) a brillé en tant que sponsor principal lors de la troisième édition du Qatar Travel Mart (QTM), qui s'est tenue du 25 au 27 novembre 2024 à Doha.

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

PLF 2025 : pas de changement pour le barème de l’IR

Économie - Malgré des propositions d’amendements, le gouvernement maintient le barème de l’impôt sur le revenu (IR) prévu dans le PLF.

Mbaye Gueye - 15 novembre 2024

Axa Assistance Maroc tisse sa toile en Afrique, entretien avec Mehdi TAZI

Interview - Axa Assistance Maroc, reprise en novembre 2022 par la holding ASK détenue par Mehdi Tazi, tisse sa toile sur le continent.

Abashi Shamamba - 29 janvier 2023

Cour des comptes : radiographie des finances publiques

Économie - En matière de vérification et de jugement des comptes, 3.951 arrêts et jugements ont été rendus.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire