Accueil / Société

Séisme d’Al Haouz : quelle action sur les nappes phréatiques ?

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, le Maroc a été secoué par un séisme dévastateur, qui a laissé des traces indélébiles dans la région d’Al Haouz. Outre les dégâts matériels et les conséquences humaines, ce tremblement de terre a également eu un impact sur les ressources en eau de la région, donnant lieu à des phénomènes intrigants tels que l’émergence de nouvelles sources d’eau souterraine et le tarissement de certaines sources existantes. Quelle est donc l’action du séisme sur les nappes phréatiques et le débit de l’eau ?… À cette question et autres, répond le doctorant chercheur en hydrologie et climatologie (Département de Géographie) à l’Université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal, Abdelmoumen Benchattou.

Le séisme d’Al Haouz a eu un impact dévastateur en entraînant un nombre considérable de décès, dépassant les 2.900 victimes, ainsi que de nombreux blessés et personnes déplacées. Cependant, ce désastre naturel a également généré des effets bénéfiques, notamment l’émergence de nouvelles sources d’eau dans diverses régions du Royaume et la revitalisation d’aquifères souterrains.

Dans les zones impactées par le séisme, comme la province d’Al Haouz près de Marrakech, Taroudant, Ouarzazate, ainsi que d’autres régions du Haut Atlas, les habitants ont été témoins d’un phénomène remarquable. De nouvelles sources d’eau ont jailli, formant d’impressionnantes cascades souterraines et rétablissant le débit des eaux souterraines.

Les géologues expliquent que ce phénomène est directement lié aux mouvements sismiques. En effet, les secousses telluriques provoquent des fissures dans le sol, ce qui permet aux eaux souterraines de remonter à la surface, générant ainsi l’apparition subite de nouvelles sources.

Contacté par LeBrief, Abdelmoumen Benchattou, doctorant chercheur en hydrologie et climatologie (Département de Géographie) à l’Université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal, explique que le séisme a agi comme un perturbateur géologique majeur, provoquant la fracturation des roches souterraines. Ces fractures ont créé de nouvelles voies par lesquelles l’eau a pu s’infiltrer et émerger à la surface sous forme de sources d’eau fraîche. En outre, les mouvements sismiques ont déplacé des matériaux souterrains, tels que des sédiments et des graviers, créant de nouveaux chemins pour l’eau. «Cette combinaison de fractures géologiques nouvellement formées et de voies d’eau dégagées a favorisé l’apparition de nouvelles sources d’eau souterraine, apportant un élément positif à la suite de la catastrophe», souligne-t-il.

Lire aussi : Séisme : l’historique tragique du Maroc

Action du séisme sur les nappes phréatiques

D’après notre interlocuteur, «le séisme a également eu, d’une manière générale, des conséquences sur les nappes phréatiques et le débit de l’eau dans la région. Il a temporairement modifié le niveau de la nappe phréatique en raison de la compaction des sédiments, ce qui a provoqué une augmentation temporaire du niveau de la nappe phréatique». Et, d’ajouter que les mouvements tectoniques associés au séisme ont déformé les aquifères souterrains, ce qui a modifié la circulation de l’eau souterraine. Certaines zones d’écoulement d’eau ont été fermées, tandis que de nouvelles connexions ont été créées, modifiant ainsi la dynamique hydrologique de la région, précise-t-il.

Concernant la pérennité de ces nouvelles sources d’eau, le doctorant affirme qu’elle dépendra de plusieurs facteurs, notamment la géologie locale, la recharge en eau souterraine et l’utilisation des ressources en eau. Certaines sources peuvent être pérennes si les conditions restent favorables, tandis que d’autres peuvent être temporaires.

Lire aussi : Séisme d’Al Haouz : gare aux intox !

Des sources d’eau asséchées

En contrepartie, certaines sources d’eau existantes se sont taries à la suite du séisme, fait remarquer notre intervenant. «Cela s’explique par la pression accrue exercée sur les fractures géologiques existantes ou par l’obstruction des canaux souterrains qui alimentaient ces sources. Le changement soudain de la pression de l’eau a temporairement tari ces sources, bien que leur pérennité dépende de l’évolution des conditions hydrogéologiques locales», soutient-il.

Enfin, il est à noter que des recherches internationales ont précédemment mis en évidence la possibilité d’une modification de la qualité de l’eau à la suite de tremblements de terre. Selon les informations fournies par l’US Geological Survey, les séismes peuvent avoir un impact sur la qualité de l’eau, en particulier dans les zones où les secousses sont puissantes et perceptibles. Il a été noté que l’eau provenant de puits peut présenter des signes de trouble en raison de la présence de sédiments provenant des pores et des fissures des roches qui alimentent ces puits. Il convient de souligner que ce phénomène est généralement de nature temporaire, et l’eau tend à retrouver son état normal par la suite.

Dernier articles
Les articles les plus lu

PLF 2025 : le Maroc mise sur l’égalité des genres

Société - Le Maroc poursuit ses efforts pour atteindre l’égalité des sexes à travers un dispositif de budgétisation sensible au genre (BSG).

Ilyasse Rhamir - 25 octobre 2024

Alerte : averses orageuses avec rafales et risque de grêle

Société - De fortes averses orageuses accompagnées de rafales et d’un risque de grêle sont attendues vendredi dans plusieurs provinces.

Rédaction LeBrief - 25 octobre 2024

RPM 2024 : IA et photographie, révolution ou menace ?

Société - L'IA transforme les métiers et la photographie n’y échappe pas. Le photographe doit-il prendre le train en marche ?

Ilyasse Rhamir - 25 octobre 2024

Échec d’une tentative de trafic de 209.000 comprimés psychotropes à Tanger-Med

Société - Une opération conjointe menée par les éléments de la Sûreté nationale et de la Douane au Port Tanger-Med a permis de neutraliser une tentative de trafic de plus de 209.000 comprimés psychotropes.

Farah Nadifi - 25 octobre 2024

Fonction publique : plus de 65.000 départs à la retraite prévus avant 2028

Société - Entre 2024 et 2028, 65.213 fonctionnaires civils de l'État partiront à la retraite, selon le rapport du PLF 2025.

Rédaction LeBrief - 24 octobre 2024

Désignation de Ghizlane Benjelloun comme personnalité 2024 de l’ONU au Maroc

Société - Le Système des Nations Unies pour le développement au Maroc a honoré Ghizlane Benjelloun en la désignant Personnalité 2024 de l’ONU, lors d'une cérémonie à Rabat à l'occasion de la Journée des Nations Unies.

Farah Nadifi - 24 octobre 2024

Urbanisation végétale des villes : quelles solutions environnementales ?

Société - Sous l'impulsion des associations écologistes, les autorités de Casablanca annoncent la fin de la plantation anarchique de palmiers sur les grands axes de la ville.

Farah Nadifi - 23 octobre 2024
Voir plus

RAM : Rabat – Dakhla enfin connectées

Société - RAM étoffe son réseau domestique en inaugurant une nouvelle ligne directe entre Rabat et Dakhla à partir du 15 janvier 2025.

Rédaction LeBrief - 2 janvier 2025

Horaires des prières à Casablanca

Bienvenue sur notre page consacrée aux horaires de prière à Casablanca ! Ici, nous fournirons les heures exactes des prières à Casablanca ainsi que d'autres informations utiles.

Rédaction LeBrief - 9 mars 2023

VTC au Maroc : vide juridique et risques

Société - La sécurité des usagers de VTC constitue une préoccupation majeure. De récents incidents illustrent cette réalité inquiétante.

Farah Nadifi - 22 octobre 2024

Alerte Météo : vents violents au nord du Maroc

Société - La DGM a émis un bulletin d’alerte de niveau orange concernant des rafales de vent localement fortes prévues lundi dans certaines provinces du nord du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Plus de 10.640 zones rurales connectées entre 2018 et 2024

Société - Plus de 10.640 zones rurales ont été couvertes par des services de 2ème, 3ème et 4ème générations.

Rédaction LeBrief - 24 décembre 2024

DGSN : 2024, une année de transformation pour la sécurité nationale

Société - L’année 2024 a été marquée par des avancées majeures dans le domaine de la sécurité au Maroc, grâce aux efforts de la DGSN.

Ilyasse Rhamir - 24 décembre 2024

Viandes et volaille : pourquoi nous saignent-elles à blanc ?

Société - Aux JO de Paris, notre volaille aurait dépassé le coq français. Ça serait au moins ça de gagné dans cette compétition !

Sabrina El Faiz - 10 août 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire