Séisme d’Al Haouz : l’impact psychologique est loin d’être négligeable

Temps de lecture : 6 minutes

Les Marocains sont encore profondément choqués par le puissant séisme qui a secoué le pays le vendredi 8 septembre en pleine nuit. Outre Marrakech, la violente secousse d’une intensité de 7 degrés sur l’échelle Mercalli a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira. Selon le dernier bilan provisoire datant d’aujourd’hui, le séisme a fait 2.497 morts et 2.476 blessés, provoquant d’énormes dégâts et semant la panique parmi la population. De nombreuses personnes sont sorties dans les rues, craignant l’effondrement de leurs habitations ou une probable réplique.

Selon les experts en psychologie, les tremblements de terre, ces catastrophes naturelles dévastatrices, laissent souvent derrière eux des cicatrices invisibles, profondément enfouies dans l’esprit des individus touchés. Alors que les dommages matériels sont visibles et bien documentés, les effets psychologiques d’un séisme sont tout aussi réels, mais souvent sous-estimés.

Choc initial et traumatisme

Lorsqu’un tremblement de terre frappe, la première réaction de nombreuses personnes est la stupeur et la terreur. La surprise, le chaos et l’incertitude qui accompagnent généralement ces événements peuvent entraîner un choc initial. Le traumatisme résultant de la peur intense, de la perte de biens, ou, pire encore, de la perte de vies humaines, peut laisser des cicatrices psychologiques profondes.

Une fois le tremblement de terre passé, de nombreuses personnes développent une anxiété persistante. La peur constante de répliques sismiques peut provoquer un stress chronique. Les personnes touchées peuvent devenir hypervigilantes, sursautant à chaque bruit ou secousse. Cela peut entraîner des troubles de stress post-traumatique (TSPT) chez certains individus. Les symptômes du TSPT comprennent des flashbacks, des cauchemars, une anxiété intense, une irritabilité accrue et un sentiment d’isolement.

Dépression et deuil

La dépression est une conséquence fréquente des tremblements de terre. La perte de biens précieux, de souvenirs, de lieux familiers ou de proches peut déclencher un sentiment de désespoir profond. Le deuil des pertes matérielles et humaines est un processus complexe et peut persister longtemps après la catastrophe elle-même.

En outre, les tremblements de terre peuvent également avoir des effets sur les relations sociales. La pression psychologique résultant de la catastrophe peut provoquer des tensions familiales et des conflits interpersonnels. De plus, les personnes touchées peuvent se replier sur elles-mêmes, se retirant de leur réseau social habituel, ce qui peut aggraver leur isolement.

Lire aussi : Séisme au Maroc : quid de l’aide internationale ?

Catégories à risque

Les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets psychologiques des tremblements de terre. Leur compréhension limitée de la situation, leur dépendance à l’égard des adultes et leur sensibilité aux perturbations de routine les rendent plus susceptibles de développer des symptômes tels que des cauchemars, des problèmes de sommeil et une anxiété accrue.

Aussi, les personnes âgées peuvent être plus fragiles tant physiquement qu’émotionnellement. La perte de leur domicile ou de leur réseau de soutien peut être particulièrement traumatisante, contribuant ainsi à l’aggravation des effets psychologiques. De même, les individus ayant déjà des antécédents de troubles mentaux, tels que la dépression ou l’anxiété, sont plus enclins à développer des symptômes exacerbés après un tremblement de terre.

Lire aussi : Séisme : le Roi décrète un deuil national de trois jours et donne ses instructions

Mécanismes de résilience

Pourtant, il est important de noter que la plupart des personnes touchées par un tremblement de terre se rétablissent avec le temps. La résilience humaine est remarquable, et de nombreux survivants peuvent s’adapter et se reconstruire émotionnellement. Les facteurs de résilience comprennent le soutien social, l’accès à des ressources psychologiques, la communication ouverte et la prise de conscience de l’importance de la santé mentale.

Ainsi, reconnaître les effets psychologiques des tremblements de terre est crucial. Il est essentiel de fournir un soutien psychologique immédiat aux survivants. Les professionnels de la santé mentale formés à la gestion des traumatismes peuvent aider les individus à surmonter les effets psychologiques initiaux.

Les groupes de soutien, les programmes éducatifs et les techniques de gestion du stress sont également des ressources précieuses pour aider les survivants à se rétablir émotionnellement. La communication ouverte au sein des familles et des communautés peut contribuer à renforcer les liens sociaux et à promouvoir la guérison.

Par ailleurs, l’apprentissage de techniques de gestion du stress, telles que la méditation, la relaxation et la respiration profonde, peut aider à réduire l’anxiété et à favoriser le bien-être émotionnel.

Une cellule d’écoute lancée

La Ligue des experts en santé mentale et en psychologie a mis en place une cellule d’écoute gratuite pour offrir son soutien à tous ceux qui ont été affectés de près ou de loin par le tremblement de terre du 8 septembre. Dans un communiqué officiel, l’organisation exprime sa pleine solidarité envers les victimes et les personnes touchées par ce séisme qui a affecté plusieurs régions du Royaume.

Soulignant l’importance de la solidarité et du partage des responsabilités conformément aux principes de l’éthique professionnelle nationale, la Ligue des experts en santé mentale et en psychologie a pris la décision de créer une cellule d’écoute accessible via divers canaux de communication. Cette cellule a pour objectif de fournir une assistance psychologique gratuite à toutes les personnes qui souffrent de peur, de panique ou de stress post-traumatique en conséquence de cet événement.

De plus, les membres de l’organisation ont précisé que la liste complète des psychiatres et psychologues offrant leurs services sera diffusée sur les réseaux sociaux. Cette initiative vise à faciliter l’accès des individus en détresse à des professionnels de la santé mentale qualifiés. «Elle reflète l’engagement de la Ligue envers le bien-être émotionnel des personnes touchées par cette tragédie», note la même source.

Lire aussi : Séisme : une solidarité sans précédent

En conclusion, les effets psychologiques d’un tremblement de terre sont réels, durables et méritent une attention égale aux dommages matériels. En comprenant ces séquelles invisibles, en offrant un soutien approprié et en promouvant la résilience, on peut aider les survivants à se reconstruire émotionnellement et à trouver la force nécessaire pour avancer après une catastrophe sismique.