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14 jours se sont écoulés depuis le tremblement de terre d’Al Haouz. Depuis la catastrophe survenue le 8 septembre, la classe politique paraît désemparée et incapable de communiquer avec les citoyens. Le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch était absent. Bien qu’il n’y ait rien qui l’empêche constitutionnellement de prendre ses responsabilités, l’exécutif a préféré rester en retrait, se contentant d’appliquer les décisions prises lors des séances de travail présidées par le Roi, sans prendre aucune autre initiative. Pourtant, en ces moments difficiles, les citoyens ont besoin de leaders politiques capables de promouvoir un discours d’unité et d’assurance. C’est là le rôle de l’équipe gouvernementale et des formations politiques.
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Des communiqués passés inaperçus
Au lendemain de la tragédie, quasiment tous les partis politiques ont publié des communiqués présentant les condoléances aux familles endeuillées et appelant à la solidarité et à l’entraide pour faire face à cette crise sans précédent. Les principales formations politiques, aussi bien de la majorité que de l’opposition, ont exprimé leur profonde tristesse et leur soutien aux victimes. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI) formant la majorité gouvernementale ont mobilisé leurs instances dirigeantes pour montrer leur empathie avec le peuple. Idem pour les principaux partis de l’opposition, tels que l’Union nationale des forces populaires (USFP), le Parti du progrès et du socialisme (PPS), le Mouvement populaire (MP), le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti socialiste unifié (PSU). Ils ont unanimement présenté leurs condoléances aux familles touchées et mobilisé leurs militants pour participer aux opérations de secours. Les citoyens ont aussi été encouragés par les formations politiques à faire don de leur sang et à contribuer de toutes les manières possibles pour surmonter cette épreuve. Pourtant, on n’a vu aucun leader politique suivre l’exemple du chef de l’État en donnant de son sang ou participer à la collecte de dons en faveur des sinistrés d’Al Haouz. Aziz Akhannouch a présidé jeudi une réunion de la majorité gouvernementale. Le long communiqué publié à l’issue de cette réunion est une succession d’expressions et de sentiments d’admiration et de compassion face à cette épreuve.
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Inefficacité et manque de communication
Selon le penseur Driss El Ganbouri, le séisme d’Al Haouz a mis en lumière la rupture entre les citoyens et les partis politiques. El Ganbouri a expliqué dans un post sur sa page Facebook que les infrastructures dans les régions sinistrées ont mis en évidence l’absence de volonté de réforme chez les responsables politiques successifs, ainsi que l’inefficacité des processus électoraux. Selon lui, même le parti au pouvoir a été vivement critiqué par les citoyens pour son manque de communication avec le peuple.
El Ganbouri a ajouté : «Nous n’avons pas entendu la voix de ce qu’on appelle l’élite qui était très critique envers le gouvernement à l’époque des islamistes (en référence au PJD, NDLR). J’imagine que si les islamistes étaient actuellement au pouvoir, quelle serait la réaction de cette élite ? Ils auraient provoqué une autre secousse politique en plus du tremblement de terre». Et de conclure que les événements récents pourraient remettre en question l’ordre établi par la société et l’État, et susciter un regain d’engagement citoyen parmi les Marocains.
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Tour de vis de l’Intérieur
Le ministère de l’Intérieur a émis des directives strictes à l’intention des responsables locaux déployés dans toutes les régions touchées par le récent séisme. Ces instructions visent à empêcher la distribution de toute aide aux sinistrés portant des symboles politiques partisans, dans le but d’éviter une instrumentalisation du drame par les partis.
Les autorités locales ont également pris des mesures pour empêcher une caravane du PJD de distribuer de l’aide humanitaire. Cette caravane transportait un emblème du parti sur le camion contenant diverses marchandises. D’autre part, de nombreuses formations politiques ont activement contribué à la distribution de l’aide aux sinistrés dans les régions dévastées, sans faire référence à leur affiliation politique. Ce fut le cas notamment du PSU.
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Au-delà des clivages politiques
Les partis politiques ont salué les mesures rapides prises par les autorités pour faire face à la catastrophe, notamment l’intervention immédiate des Forces armées royales (FAR). Cependant, ceux de l’opposition estiment que les actions concrètes sur le terrain sont insuffisantes pour assister les populations sinistrées, notamment dans le relogement, et proposent même que l’État réquisitionne des appartements inhabités dans la région de Marrakech. Malgré ces nuances, l’ensemble de la classe politique marocaine a démontré un esprit de solidarité dépassant les dissensions politiques stériles. Ceci étant dit, les clivages politiques ne justifient nullement l’absence d’action, à part une réunion de parti organisée cette semaine à Marrakech, mais qui relève de la symbolique ni plus ni moins. Des leaders habitués à faire leur show lors des réunions des instances dirigeantes de leurs partis respectifs ou sur les réseaux sociaux se sont abstenus de prendre la parole. Le président du Centre national des droits de l’homme au Maroc, Mohamed El Madimi, a exprimé son étonnement face à l’absence des politiciens de divers partis et de leurs responsabilités face à la tragédie. Il a ajouté qu’à chaque fois seul le Souverain prend l’initiative d’agir rapidement. Le militant a conclu que l’absence des politiques n’a fait que renforcer la solidarité de diverses couches de la société marocaine, des classes les plus modestes à la classe moyenne, qui ont répondu à l’appel du devoir national et humanitaire en se mobilisant, en s’engageant et en contribuant à diverses initiatives solidaires pour servir leur pays dans cette tragédie. De facto, les partis se sont écartés de leur rôle constitutionnel, creusant ainsi le fossé entre eux et les citoyens marocains.
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À l’instar des différentes sensibilités au pays, huit partis politiques avaient contribué au fonds spécial pour la gestion de la pandémie de Covid-19, en reversant l’équivalent d’un mois de la subvention publique allouée par l’État. C’était en 2020. Jusqu’à l’écriture de ces lignes, aucune formation politique ne figure dans la liste des donateurs du compte spécial pour la gestion du séisme.
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