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Le cabinet royal a annoncé hier, mercredi 20 septembre, à l’issue d’une réunion présidée par le Souverain, le lancement, avec effet immédiat, du «programme général de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées par le séisme d’Al Haouz». Réfléchi, intégré et ambitieux, ce programme vise à apporter une réponse forte aux six provinces et préfecture (Marrakech, Al Haouz, Taroudant, Chichaoua, Azilal et Ouarzazate) affectées par le tremblement de terre où réside une population de 4,2 millions d’habitants.
D’un budget prévisionnel global estimé à 120 milliards de DH (MMDH), sur une période de cinq ans, la première version du programme intégré et multi-sectoriel, présenté devant le roi Mohammed VI, est structurée autour de quatre composantes principales : le relogement des personnes sinistrées, la reconstruction des logements et la réhabilitation des infrastructures ; le désenclavement et la mise à niveau des territoires ; l’accélération de la résorption des déficits sociaux, notamment dans les zones montagneuses affectées par le séisme et l’encouragement de l’activité économique et de l’emploi ainsi que la valorisation des initiatives locales.
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Pensé selon une logique de convergence et sur la base d’un diagnostic précis des besoins et d’une analyse des potentialités territoriales et des acteurs locaux, le programme permettra à terme au Maroc de se relever des répercussions du tremblement de terre qui a récemment secoué le pays.
Détails du programme multi-sectoriel
Le programme inclut en premier lieu «la reconstruction des logements, la réhabilitation des infrastructures endommagées», peut-on lire sur le communiqué du cabinet royal. Ce sont quelque 50.000 maisons qui se sont, totalement ou partiellement, effondrées, précisait le 14 septembre la même source.
L’État avait auparavant souligné sa disposition à «fournir une aide financière directe d’un montant de 140.000 dirhams aux propriétaires de maisons complètement effondrées, et de 80.000 dirhams pour couvrir les travaux de réhabilitation des maisons partiellement effondrées». De plus, une aide d’urgence d’un montant de 30.000 dirhams sera également accordée aux ménages sinistrés, à raison de 2.500 dirhams par mois pendant un an, avait de son côté indiqué le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.
Mais en attendant le démarrage des travaux de reconstruction, les rescapés du séisme meurtrier d’Al Haouz seront relogés. Depuis le 8 septembre, ils ont été installés dans des campements où ils vivent avec les aides des autorités et de bénévoles. Le nombre de sans-abris résultant du séisme n’est pas connu.
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Et après la réouverture à la circulation des routes nationales, régionales et provinciales impactées par le séisme, les équipes du ministère de l’Équipement ont réussi à désenclaver les 36 douars sinistrés au niveau de la province d’Al Haouz en rétablissant la circulation au niveau des passages et des routes non classées.
Le programme prévoit par ailleurs «la promotion du développement social et économique dans les zones ciblées», «la réhabilitation des zones et la réduction des déficits sociaux, notamment dans les zones montagneuses sinistrées par le séisme» ainsi que «l’encouragement de l’activité économique et de l’emploi ainsi que la valorisation des initiatives locales».
Dans une logique prévisionnelle, le programme compte mettre en place, dans chaque région, une grande plate-forme de réserves de première nécessité afin de faire face de façon immédiate aux catastrophes naturelles. Un stock stratégique composé de tentes, couvertures, lits, médicaments, denrées alimentaires et autres permettrait, en effet, de venir en aide aux populations dans le cas où les routes soient bloquées, par exemple, comme ce fut le cas dernièrement.
120 milliards de dirhams
La première version du programme intégré et multi-sectoriel nécessitera l’allocation d’un budget global estimé à 120 MMDH, étalé sur les cinq années à venir. Son financement sera assuré, lit-on sur le communiqué, «à partir de crédits alloués du budget général de l’État, de contributions des collectivités territoriales et du Compte spécial de solidarité dédié à la gestion des effets du tremblement de terre, ainsi qu’à travers des dons et la coopération internationale».
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À date, le Fonds spécial a collecté 8.753.700.000 DH de contributions devant d’organismes locaux, des associations et des fédérations. Le montant des dons émanant des individus n’a pour l’heure, pas encore été communiqué. Rappelons que le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus Covid-19 avait atteint 33,7 MMDH à fin juillet 2020, selon la Trésorerie générale du Royaume (TGR).
De plus, le Fonds monétaire international (FMI) a conclu, la semaine passée, un accord préliminaire pour l’octroi d’un prêt de 1,3 milliard de dollars en vue d’accroître la capacité du Royaume à faire face aux catastrophes liées au climat. Bien qu’aucun détail n’indique si ce prêt est destiné à soutenir les efforts du Maroc dans la gestion du séisme, il convient de noter que l’annonce intervient une semaine après le tremblement de terre d’Al Haouz.
Lors de son entrevue avec Reuters, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a indiqué que cette initiative qui s’inscrit dans le cadre du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité permettra au Maroc de mettre en place des stratégies visant à réduire les risques associés aux changements climatiques, tout en renforçant la résilience de son infrastructure, de son économie et de ses communautés locales.
Un Haut-Commissariat comme à Agadir ?
Après le terrible séisme qu’a connu la ville d’Agadir, le 29 février 1960, les travaux de reconstruction ont été lancés dès le mois de juillet de la même année. Une opération rendue possible grâce à la mobilisation citoyenne, à travers notamment l’impôt de solidarité institué qui rapporta près de 350 millions de DH, aux dons internationaux et à la Caisse de Dépôt et de Gestion qui assura une partie du financement des titres et permit des prêts à long terme (15 ans) avec des taux d’intérêt très bas.
Le programme de reconstruction de la ville a été opéré en trois grandes étapes. La première, dont le principal acteur fut le Haut-Commissariat à la Reconstruction d’Agadir (HCRA), s’étend de 1960 à 1972. Feu le roi Mohamed V avait décrété la création de cette institution, dotée d’un arsenal administratif puissant, très organisé, avec des moyens très efficaces d’études et de réalisations, et l’avait placée sous l’autorité directe du Prince Moulay Hassan, chargé de coordonner et de prendre en charge l’ensemble des opérations de reconstruction.
Le Haut-Commissaire avait alors la totale maitrise d’ouvrage de la reconstruction des bâtiments et équipements publics, écoles, hôpital central, en concentrant l’ensemble des compétences et des moyens dévolus aux ministères. L’institution était par ailleurs chargée de rémunérer les entreprises chargées des règlements antisismiques, des contrôles, de l’inspection des chantiers. Il lui incombait également de solliciter et de contrôler les investisseurs étrangers, en particulier dans le domaine touristique et balnéaire, et ce, pendant la durée de la reconstruction.
Avec une cinquantaine d’intervenants, le HCRA était organisé en plusieurs services : un bureau de contrôle, un service de l’urbanisme, un service des affaires foncières, un service de comptabilité, un service voirie et réseaux divers et un service SOCOTEC (Société de Contrôle Technique et d’Expertise de la Construction). Notons que le Conseil municipal d’Agadir n’a été associé que de façon marginale au processus de décision.
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La municipalité de la ville prendra la succession des travers, en étroite coopération avec la délégation du ministère de l’Habitat, à partir de 1972 pendant près de 10 ans. Et dans une troisième étape de reconstruction, l’Établissement régional d’aménagement et de construction de la région du Sud (ERAC-Sud) développera dès 1982 les centres périphériques d’Agadir.
Des normes, qu’on appelle les «normes Agadir 1960», avaient été adoptées par le gouvernement de l’époque. Elles dictent d’une part l’obligation pour les architectes et les bureaux d’étude technique de coordonner avant même la finalisation de différents avant-projets et d’autre part, des bureaux techniques ad hoc ont été chargés de contrôler lesdites normes.
Le développement économique, la démographie et les politiques urbaines inadaptées initiées par la suite ont engendré cependant certaines incohérences et la prolifération d’une urbanisation sauvage par endroit, notamment dans les piémonts.
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